Né en Algérie en 1953, Mouloud Aounit arrive en France métropolitaine très jeune, à Aubervilliers[2], alors département de la Seine, devenu Seine-Saint-Denis. Il obtient en 1974 son baccalauréat au lycée Henri-Wallon d'Aubervilliers.
En 1976, il obtient un DEUG de sciences économiques à l'Université Paris-XIII. L'année suivante, il adhère pour la première fois au Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP). En 1979, à l'occasion de sa maîtrise de sciences économiques, il rédige un mémoire sur Le coût économique de l'immigration et développe en parallèle le comité local d'Aubervilliers du MRAP. En 1980, il prépare un DEA en économie des ressources humaines à l'Université Paris 1 et prend pour sujet de mémoire « L'économie de la musique ».
En 1981, il entre au bureau national, l'organe décisionnel du MRAP, puis l'année suivante au secrétariat national, son organe exécutif.
En 1983, Mouloud Aounit participe activement à la marche pour l'égalité et contre le racisme, dite « Marche des beurs »[n 1], qu'il cite comme le début de son véritable engagement politique[n 2]. La même année, il devient président de la fédération de Seine-Saint-Denis du MRAP.
En 1989, il succède à Albert Lévy au poste de secrétaire général du MRAP et en devient le porte-parole.
En 1996, il devient directeur général de l'Association pour l'insertion sociale et professionnelle des jeunes et adultes d'Aubervilliers (AISPJA), qui s'occupe des 16-25 ans.
En 2003, il est victime d'une agression à Saint-Mandé, selon lui de la part de militants de la Ligue de défense juive[4].
Il est nommé au comité consultatif de la Halde en 2005[7], et son mandat de trois ans est renouvelé en 2008[8].
En 2006, il envisage des poursuites[9] contre un professeur de philosophie, Robert Redeker, alors menacé de mort à la suite de la publication d'un article[10] qualifié de « tribune très violente consacrée à l'islam » par Le Monde[11]. En réaction à cet article, Robert Redeker avait reçu des menaces de mort : plusieurs intellectuels français lui avaient alors apporté leur soutien au nom de la liberté d'expression. Le MRAP et Mouloud Aounit, tout en condamnant les intimidations dont il était victime[12], ont critiqué les propos de Robert Redeker expliquant qu'ils renforçaient les amalgames du type « musulman-fanatique-violent-terroriste »[12].
Battu lors du vote d'investiture du candidat communiste dans la 3e circonscription législative de la Seine-Saint-Denis[14], Mouloud Aounit annonce sa volonté de se porter quand même candidat « au nom de la diversité »[15] et pour représenter selon lui le « candidat des populations issues de l'immigration »[16]. Il ne recueille finalement qu'un peu plus de 3 % des voix.
Estimant que Mouloud Aounit utilise une « rhétorique communautariste et ethniciste »[16], des membres du conseil d'administration du MRAP[17] lui demandent dans une pétition de se retirer de la présidence du MRAP. Ces membres estiment que le message du MRAP est altéré « régulièrement et de plus en plus gravement par les déclarations d'un président devenu électron libre » ; l'un d'entre eux, Gérard Kerforn, ajoute : « Nous craignons que le MRAP ne s'égare sur une voie qui n'est pas la nôtre, celle de la défense d'une religion »[16].
De 2008 à 2011, il est l'un des quatre membres du collège de la présidence du MRAP et, au congrès de , est nommé Président d'Honneur sans mandat de représentation du mouvement[18] pendant que la responsabilité du MRAP et la fonction de porte-parole sont assurées par un collège de quatre coprésidents dont il ne fait plus partie[19].
↑La « Marche des beurs» fut une marche qui est partie de Marseille jusqu'à Paris réunissant près de 60 000 personnes. Les leaders de la marche rencontreront François Mitterrand qui leur accordera à tous une carte de séjour et de travail valable pour 10 ans.
↑Mouloud Aounit se référera très souvent à la « Marche des beurs » comme l'espoir de toute une génération d'immigrés qui croyait en des idéaux de justice et d'équité. Vingt ans après, il cite encore, dans des colloques et des rencontres, la « Marche des beurs » comme un espoir déçu, relevant le fait que des militants actifs de la « Marche des beurs », pourtant laïcs à l'époque, ont fait une démarche, vingt années après, vers la religion. Pour Mouloud Aounit, la « Marche des beurs » reste le fruit de revendications qui n'ont pas encore trouvé de réalisations concrètes sur le plan de l'égalité et de la lutte contre les discriminations. Voir notamment « La Marche des beurs : 20 ans après », sur le site du MRAP, 2 décembre 2003.
↑« Les signataires, parmi lesquels les membres du conseil d'administration (comptant 33 membres) Gérard Kerforn, Emmanuelle Le Chevallier, Horiya Mekrelouf, René Meyer, Didier Poupardin, Yves Loriette, Anne Savigneux, Maya Vigier ou encore Nadia Kurys, de la Présidence nationale », ib.