Mortemer est un village-rue rural, avec un développement pavillonnaire à partir de 2001 de part et d'autre de la Grande-rue, situé à l'ouest des Monts du Noyonnais, dans une ligne de buttes boisées peu prononcées séparant les bassins versants du Matz (bassin de l'Oise) et de la rivière des Trois Doms (bassin de la Somme), situé dans l'Oise, mais en limite du département de la Somme.
Le sud du village est constitué par une forêt, le Grand bois.
Le territoire communal est desservi par la RD 935 (Compiègne - Amiens) et par l'ex-route nationale 17 (actuelle RD 1017), et s'inscrit dans un triangle dont les sommets seraient Montdidier, Roye et Cuvilly. Les échangeurs de Ressons au sud et Roye au nord donnent accès au réseau autoroutier (A1, A26, A29)
Pour la période 1971-2000, la température annuelle moyenne est de 10,3 °C, avec une amplitude thermique annuelle de 14,6 °C. Le cumul annuel moyen de précipitations est de 691 mm, avec 11,3 jours de précipitations en janvier et 8,1 jours en juillet[2]. Pour la période 1991-2020, la température moyenne annuelle observée sur la station météorologique la plus proche, située sur la commune de Godenvillers à 9 km à vol d'oiseau[4], est de 11,1 °C et le cumul annuel moyen de précipitations est de 701,9 mm[5],[6]. Pour l'avenir, les paramètres climatiques de la commune estimés pour 2050 selon différents scénarios d'émission de gaz à effet de serre sont consultables sur un site dédié publié par Météo-France en novembre 2022[7].
Urbanisme
Typologie
Au , Mortemer est catégorisée commune rurale à habitat dispersé, selon la nouvelle grille communale de densité à sept niveaux définie par l'Insee en 2022[8].
Elle est située hors unité urbaine[9] et hors attraction des villes[10],[11].
Occupation des sols
L'occupation des sols de la commune, telle qu'elle ressort de la base de donnéeseuropéenne d'occupation biophysique des sols Corine Land Cover (CLC), est marquée par l'importance des territoires agricoles (76,9 % en 2018), en diminution par rapport à 1990 (78,1 %). La répartition détaillée en 2018 est la suivante :
terres arables (76,9 %), forêts (16,4 %), zones urbanisées (6,7 %)[12]. L'évolution de l'occupation des sols de la commune et de ses infrastructures peut être observée sur les différentes représentations cartographiques du territoire : la carte de Cassini (XVIIIe siècle), la carte d'état-major (1820-1866) et les cartes ou photos aériennes de l'IGN pour la période actuelle (1950 à aujourd'hui)[Carte 2].
Le nom de la localité est attesté sous les formes de Mortuo mari (1079-89) ; dominus de mortemer (1236) ; Mortemé (1463) ; Morte mer (1640) ; Mortemer (1667)[14].
De l'adjectif féminin de l'oïlmorte « dormante » et mer « grande étendue d'eau non salée, pour désigner des étangs[15]. Il convient de se souvenir qu'au Moyen Âge, mer pouvait désigner une simple étendue d'eau, relativement plus grande que les autres, un fleuve ou un ruisseau, un lac ou un étang, un étang ou une mare.
« Mortemer était de la prévôté de Montdidier ; on y comptait douze feux en 1469.
La seigneurie appartenait aux seigneurs d'Orvillers qui avaient fait élever un château-fort pour la défense du pays. La présence de cette forteresse fut un sujet de calamités pour les habitants, car sa possession fut souvent disputée par l'es ennemis. Au mois de mai 1421, le seigneur de Gamaches, en garnison à Compiègne, profita de l'eloignement de Jean de Luxembourg, capitaine bourguignon, pour s'emparer d'assaut du château de Mortemer où il mit une forte garnison qui ravageait le pays. Il fut pris de nouveau par les Bourguignons en 1433 et détruit. L'année suivante, le comte d'Étampes, gouverneur de Picardie, mit le siège devant le château, qui fit sa soumission après
une vive résistance. Le comte le fit démolir ; mais il fut remis en état de défense par Guillaume de Flavy, qui y tint une garnison royaliste.
À chaque prise ou reprise du château, les habitants étaient mis à rançon et leurs demeures pillées et incendiées. Les immenses galeries souterraines serpentant sous les carrières, servaient de refugeaux villageois qui s'y retiraient avec leurs bestiaux, et ce qu'ils avaient de plus précieux.
En 1589, la forteresse était au pouvoir de la Ligue; Henri IV étant à Compiègne, donna l'ordre de s'en emparer; ce qui fut exécuté. Mais bientôt les Ligueurs la reprirent, le 29 août. L'année suivante elle était de nouveau au pouvoir du roi. Louis de Beauveau, seigneur de Tremblecourt, voulut reprendre le château pour la Ligue ; il échoua
dans son entreprise ; il fut pris par Louis de Barbançon.
Le château de Mortemer appartenait alors à Antoine de Neufville, baron de Margival ; d'un commun accord on l'avait considéré comme neutre, et le duc de Longueville avait autorisé la garnison à se retirer, à condition qu'on n'y mettrait pas de troupes de l'Union ; mais cette clause ne fut pas observée et les royalistes resièrent dans la forteresse d'où ils ravageaient les environs. Pour mettre fin à ces excès, le capitaine François de Conty s'empara du château le 9 janvier 1592. Il en confia la garde à Gédéon de Béthisy, capilaine de cinquante chevaux du roi, et le 16 janvier 1592, il prescrivit la démolition complète du château. Les habitants de Mortemer et ceux des villages voisins furent sommés de concourir à sa démolition. Le capitaine Béthisy n'exécutant pas assez vite l'ordre reçu, François de Conty lui ordonna d'évacuer le château, ce qu'il fit le 31 janvier. En même temps, il envoya des maçons et des soldats pour commencer la destruction. Mais il paraît que l'entreprise était difficile ; en effet, le château situé à l'Est du village, solidement construit en pierres dures, entouré d'épaisses murailles flanquées de fortes tours, offrait de la résistance. Il fallut employer la poudre pour faire sauter la maçonnerie ; enfin au mois de mars, le château fut rasé après quinze jours de travail incessant »
L'évolution du nombre d'habitants est connue à travers les recensements de la population effectués dans la commune depuis 1793. Pour les communes de moins de 10 000 habitants, une enquête de recensement portant sur toute la population est réalisée tous les cinq ans, les populations légales des années intermédiaires étant quant à elles estimées par interpolation ou extrapolation[22]. Pour la commune, le premier recensement exhaustif entrant dans le cadre du nouveau dispositif a été réalisé en 2004[23].
En 2021, la commune comptait 220 habitants[Note 2], en évolution de −0,45 % par rapport à 2015 (Oise : +0,89 %, France hors Mayotte : +1,84 %).
La population de la commune est relativement jeune.
En 2018, le taux de personnes d'un âge inférieur à 30 ans s'élève à 30,5 %, soit en dessous de la moyenne départementale (37,3 %). À l'inverse, le taux de personnes d'âge supérieur à 60 ans est de 21,9 % la même année, alors qu'il est de 22,8 % au niveau départemental.
En 2018, la commune comptait 117 hommes pour 106 femmes, soit un taux de 52,47 % d'hommes, largement supérieur au taux départemental (48,89 %).
Les pyramides des âges de la commune et du département s'établissent comme suit.
Pyramide des âges de la commune en 2018 en pourcentage[25]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,9
90 ou +
0,0
6,0
75-89 ans
6,6
12,0
60-74 ans
18,9
29,9
45-59 ans
24,5
19,7
30-44 ans
20,8
12,0
15-29 ans
16,0
19,7
0-14 ans
13,2
Pyramide des âges du département de l'Oise en 2021 en pourcentage[26]
Hommes
Classe d’âge
Femmes
0,5
90 ou +
1,4
5,5
75-89 ans
7,6
15,6
60-74 ans
16,3
20,8
45-59 ans
20
19,4
30-44 ans
19,4
17,6
15-29 ans
16,2
20,6
0-14 ans
19,1
Enseignement
Les enfants de la commune sont scolarisés dans l'école d'Orvillers-Sorel depuis la rentrée 2018-2019, dans le cadre d'un regroupement pédagogique intercommunal organisé par les communes de Belloy, Biermont, Cuvilly, Hainvillers, Lataule, Orvillers-Sorel et Mortemer[27].
Culture
À la suite de la fermeture de l'école, ses locaux ont été transformés en 2019 pour servir de bibliothèque au village[27].
Economie
Le dossier du plan local d'urbanisme adopté en 2012 indique que le village comptait huit exploitations agricoles implantées au village dont quatre pratiquant l'élevage et deux activités hippiques[28]
Mortemer est à l'origine de la famille de Mortimer dont Roger (V) (1287-1330), 3e baron Mortimer de Wigmore et 1er comte de March (1327), est célèbre pour sa liaison avec la reine d'Angleterre Isabelle de France, fille de Philippe IV le Bel. Il envahit l'Angleterre avec une armée de mercenaires et le soutien d'Henry de Lancastre, 3e comte de Leicester. Il force Édouard II à abdiquer en faveur de son fils, puis le fait assassiner. Il exerce la régence avec Isabelle de France durant la minorité du roi, mais est exécuté pour trahison en 1330, ses terres étant confisquées.
Héraldique
Les armes de Mortemer se blasonnent ainsi : Parti : au 1er d'azur à trois fleurs de lis d'or, au 2e de gueules à trois chevaux d'or rangés en pal.
Carte spéciale des régions dévastées : 21 SE, Montdidier [Sud-Est], Service géographique de l'armée, (lire en ligne) sur Gallica.
Notes et références
Notes
↑Les ruisseaux intermittents sont représentés en traits pointillés.
↑Population municipale légale en vigueur au 1er janvier 2024, millésimée 2021, définie dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2023, date de référence statistique : 1er janvier 2021.
↑ a et bDaniel Joly, Thierry Brossard, Hervé Cardot, Jean Cavailhes, Mohamed Hilal et Pierre Wavresky, « Les types de climats en France, une construction spatiale », Cybergéo, revue européenne de géographie - European Journal of Geography, no 501, (DOI10.4000/cybergeo.23155, lire en ligne, consulté le )
↑Émile LAMBERT, Dictionnaire topographique de l'Oise, Amiens, (lire en ligne), p. 374.
↑Ernest Nègre, Toponymie générale de la France, vol. 2, Genève, Droz, , p. 1094.
↑Émile Coët, Notice historique et statistique sur les communes de l'arrondissement de Compiègne, Compiègne, Imprimerie A. Mennecier, , 432 p. (lire en ligne), p. 358-359, lire en ligne sur Gallica.
↑« Mortemer (60) Guillaume Tribout élu maire », Le Courrier picard, (lire en ligne, consulté le )« Avec 8 voix, contre 2 blancs et une voix pour l'adjoint Jacques Détrain, Guillaume Tribout, né à Beauvais et arrivé à Mortemer en 1995, a été élu ».
↑ a et bLucien Djani, « Une bibliothèque dans l'ancienne classe de Mortemer : Depuis la fermeture de l'école dans la commune, à la rentrée dernière, le local était libre. Des bénévoles font fonctionner cet espace qui attire ses premiers adhérents », Le Courrier picard, (lire en ligne, consulté le ).