Moritz Gottlieb Saphir

Moritz Gottlieb Saphir
lithographie
Moritz Gottlieb Saphir, lithographie de Josef Kriehuber en 1835
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 63 ans)
BadenVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Pseudonyme
CephirVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Fratrie
Israel Saphir (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Marie Saphir (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Ludlamshöhle (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Maison dans laquelle décède Saphir, à Baden, Kaiser-Franz-Ring 11

Moritz Gottlieb Saphir (né le à Lauschbrünn et décédé le à Baden), souvent nommé Moses Saphir, est un écrivain et journaliste satirique autrichien.

Biographie

Moritz Gottlieb Saphir est le fils de l'épicier Gottlieb Saphir, qui portait auparavant le prénom d'Israel, et de sa femme Charlotte Brüll. Lors de la régence de l'empereur Joseph II, les sujets juifs reçoivent en effet un nouveau nom de famille. Moritz Gottlieb est envoyé à Pressburg à l'école talmudique par sa famille afin de devenir rabbin. Il se fâche avec ses parents, et en 1806, il déménage de son propre chef à Prague pour y fréquenter une autre école talmudique.

Peu après, Saphir découvre la littérature européenne et étudie l'anglistique, la germanistique et la romanistique. En 1814, alors qu'il est encore mineur, sa famille lui enlève l'autorisation d'étudier et lui demande de revenir au foyer familial. Toutefois, Saphir n'étant que peu d'aide dans les affaires de son père, on lui permet rapidement de partir pour Pest étudier le latin et le grec ancien. Il y commence sa carrière littéraire. Il fait ses débuts au journal Pannonia. En 1821, il fait paraître son premier livre Poetische Erstlinge, prémices poétiques, un recueil de poèmes à l'accent gai.

L'éditeur Adolf Bäuerle invite Saphir à se rendre à Vienne en 1822 et l'engage dans la rédaction du Wiener Theaterzeitung, le journal du théâtre viennois. Ses critiques théâtrales sans pitié et ses différents essais, lui attirent l'inimitié générale. En 1825, il est expulsé de la ville et déménage à Berlin.

Il y rédige la rubrique Berliner Schnellpost für Literatur, Theater und Geselligkeit, le courrier berlinois rapide pour la littérature, le théâtre et la sociabilité, dans le Berliner Courier. Il publie en 1828 le Berliner Theateralmanachs auf das Jahr 1828, l'almanach du théatre berlinois de l'année 1828. Heinrich Hubert Houben déclare en 1909 que cela représente les véritables débuts du journalisme à Berlin[1].

Le , Saphir fonde la société littéraire Tunnel über der Spree, tunnel sur la Spree, sur le modèle du Ludlamshöhle, la caverne de Ludlam, dont il était membre à Vienne. Selon Theodor Fontane, Saphir crée cette société afin de lui servir de garde personnelle[2]. Saphir se fait toujours plus d'ennemis à Berlin, si bien que ses collègues du Tunnel ne peuvent plus rien faire pour lui. Le journaliste et dramaturge Karl Schall le provoque ainsi en duel. Saphir ulcère la chanteuse Henriette Sontag par un poème publié dans la Spenersche Zeitung, journal de Spener, et déclenche un nouveau scandale. Des suites, il est emprisonné pour une courte période.

Après sa libération, en 1829, il part à Munich. Il y fonde avec les frères Franckh les magazines Der Bazar, le bazar, et Der deutsche Horizont, l'horizon allemand respectivement en 1830 et 1831. Il reprend à ce moment-là sa plume assassine. Quand il outrage la famille régnante avec ses satires, il est condamné pour lèse-majesté à une nouvelle peine de prison puis à l'exil une fois sa peine purgée.

Il se rend alors à Paris et devient rapidement célèbre pour ses représentations. Ses performances au salon Bossange lui valent une invitation du roi Louis-Philippe. Il retourne en 1831 à Munich et reprend la rédaction du Bayerischen Beobachter, l'observateur bavarois. L'année suivante, il se convertit à la religion protestante. Ce dernier acte accompagné d'une plus grande retenue, lui permet d'être nommé à l'intendance du théâtre royal bavarois.

En 1834, il retourne à Vienne et écrit à nouveau pour le Theaterzeitung. La création de son propre journal lui est en effet interdite par l'administration. Cet interdit est finalement levé le . Le même jour, Saphir fonde le journal satirique Der Humorist, l'humoriste, qu'il publie jusqu'à sa mort. Lors de la révolution de mars, il est élu à la tête d'un groupe d'écrivains révolutionnaires. Il quitte cependant rapidement ce poste et va se réfugier dans le pays de Bade en attendant que la situation se calme.

Il est par la suite poursuivi jusqu'à la fin de sa vie par la censure. Il fait alors preuve de toujours plus de prudence dans ses écrits en matière politique. Sa fuite dans le pays de Bade et cette prudence font qu'il est qualifié de réactionnaire par la nouvelle génération d'écrivains. Sa rivalité avec Johann Nestroy devient particulièrement célèbre, tout comme son amitié avec Ignaz Franz Castelli. Après la révolution, il voyage en Allemagne, en France et en Autriche pour donner des conférences. Au retour d'un voyage de ce type, sa femme décide de le quitter.

Durant l'été 1858, Saphir va en cure à Baden près de Vienne. Il y décède le à l'âge de 63 ans. Ses derniers mots sont « maintenant c'est fini, je dois continuer[3] Â». Le curateur de la succession est l'écrivain Friedrich Hebbel.

Saphir était ami avec l'écrivain Marie Gordon avec laquelle il a une fille.

Sa tombe se trouve au cimetière protestant de Matzleinsdorf à Vienne. Elle est dans le groupe 1 et porte le numéro 168.

Å’uvre

  • (de) Deklamatorische Soirée,
  • (de) Dumme Briefe,
  • (de) Konditorei des Jokus,
  • (de) Poetische Erstlinge,
  • (de) Ausgewählte Schriften, t. 10, Brünn, Karafiat,

Traductions françaises

Journaux fondés

  • Mitternachtsblatt für den Sternenhimmel der Laune und des Humors, la feuille de minuit pour un ciel étoilé d'humeur et d'humour, en 1830
  • Der deutsche Horizont. Ein humoristisches Blatt für Zeit, Geist und Sitte, l'horizon allemand. Un journal humoristique pour le temps, l'esprit et les mÅ“urs. Créé avec Jaquet à Munich. Il existe entre 1831 et 1834.
  • Der Humorist. Eine Zeitschrift für Scherz und Ernst, Kunst, Theater, Geselligkeit und Sitte, l'humoriste. Un journal pour blagueurs, sérieux, l'art, le théâtre, l'esprit et les mÅ“urs. Créé avec Bolte à Vienne. Il existe entre 1837 et 1862. Le Humoristisch-satyrischer Volkskalender, calendrier populaire humoristico-satirique, lui est rattaché de 1851 à 1858[4].

Bibliographie

  • (de) Andreas Brandtner, « Saphir, Moritz Gottlieb Â», dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 22, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 433–434 (original numérisé).
  • (de) Siegfried Kösterich, Saphirs Prosastil, Francfort-sur-le-Main, Université de Francfort, coll. Â« Inaugural-Dissertation Â»,
  • (de) Anton Schlossar, « Saphir, Moritz Â», dans Allgemeine Deutsche Biographie (ADB), vol. 30, Leipzig, Duncker & Humblot, , p. 364-369
  • (de) Peter Sprengel, Günter Blamberger, Manfred Engel et Monika Ritzer (dir.), Studien zur Literatur des Frührealismus, Francfort-sur-le-Main, Lang, (ISBN 3-631-43270-4), « Moritz Gottlieb Saphir in Berlin. Journalismus und Biedermeierkultur Â», p. 243-275
  • (de) Jacob Toury et Walter Grab (dir.), Juden im Vormärz und in der Revolution 1848, Stuttgart, Burgverlag, (ISBN 3-922801-61-7), « M. G. Saphir und K. Beck Â»
  • (de) Viktor Wallner, Häuser, Menschen und Geschichten – ein Badener Anekdotenspaziergang, Baden, Gesellschaft der Freunde Badens,
  • (de) Wulf Wülfing et Joachim Dyck (dir.), Rhetorik im 19. Jahrhundert, t. 12 : Rhetorik. Ein internationales Jahrbuch, Tübingen, Niemeyer, (ISBN 3-484-60389-5), « Folgenreiche Witze. Moritz Gottlieb Saphir Â», p. 73–83

Références

  1. ↑ (de) H. H. Houben et Ludwig Rellstab (dir.), 1812 - Ein historischer Roman, F.A. Brockhaus, (lire en ligne), « Einleitung Â»
  2. ↑ (de) Theodor Fontane, Von Zwanzig bis Dreißig, (lire en ligne)
  3. ↑ « Jetzt ist’s aus, ich muß fort Â»
  4. ↑ (de) « Base de données des journaux autrichiens Â», sur anno (consulté le )

Liens externes