Les monts Bagzane sont un plateau d'origine volcanique du massif de l'Aïr, d'une superficie d'environ 600 km2, qui comprend le mont Indoukat-n-Taglès (2 022 m), point culminant du Niger.
Géographie
Monts → Bagzane
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Photographie du massif de l'Aïr pris depuis l'espace par la mission Gemini 6 en 1965 avec
localisation des Monts Bagzane.
Les monts Bagzane, également orthographiés Baguezans[2], Bagzans[3] ou encore Baguezam[4], sont situés dans le sud du massif de l'Aïr à environ 100 km au nord-est d'Agadez au Niger[5].
D'une superficie de 600 km2, ces monts forment un plateau de forme ovale d'extension maximale d'orientation nord-sud d'environ 40 km et d'extension longitudinale d'environ 20 km[2],[5].
D'une altitude moyenne de 1 500 à 1 700 m[3],[6], bordé par un escarpement abrupte de 200 à 300 m[3], le plateau comprend des collines[5], de hauts bassins alluviaux à fond plat[5], des vallées encaissées parcourues par des coulées basaltiques[3], des pitons et des cônes volcaniques comme le Mont Tchoulélé[5] ou Tchihoulelene (1 573 m)[6] au sud, le Taress Ziggerit[5] ou Thages Zaghret (1 750 m)[6] au centre et le Taress Indoukal[5] ou mont Indoukat-n-Taglès (2 022 m) au nord, point culminant de l'Aïr et du Niger. Le plateau se relève légèrement du sud vers le nord où plusieurs sommets dépassent les 1 800 m[6]. Les vallées sont particulièrement encaissées à l'est et au nord du plateau où les abords du massif sont plus abruptes[5]. À l'ouest, le plateau est séparé du Mont Todra (1 780 m) ou massif volcanique du Todgha[7] par une vallée d'altitude moyenne[5].
Géologie
Les monts Bagzane constituent l'un des massifs plutoniques que compte l'Aïr[8] parmi la vingtaine de complexes à structure annulaire, formés par intrusion de roches alcalines et hyperalcalines entre l'Ordovicien inférieur (-480 Ma) et le Silurien supérieur (-400 Ma)[8], qui recoupent le socle précambrien[9]. La partie centrale des monts Bagzane présente des dépôts de rhyolite[2]. Ils comportent les vestiges de trois dykes en forme d'anneaux concentriques[2] datés du Dévonien[9] constitués de syénite quartztique, partiellement détruits par l'invasion plus tardive de granitesperalcalins et porphyriques dans lesquels le principal minéral mafique est l'aegirine[2]. Le plateau comporte une dizaine de volcans basaltiques[9] d'activité récente (Quaternaire)[8] dont les coulées sont présentes dans certaines vallées[3] principalement dans la partie sud[9],[8]. L'activité volcanique finale des monts est caractérisée par la présence de microgranites alcalins et de granites à biotite localisés en bordure sud du plateau[2].
Climat
Les monts Bagzane présentent un climat montagnard tropical désertique original[3].
Les températures sont plus basses que dans la plaine environnante en raison de l'altitude[3]. En septembre par exemple, elles varient de 16 à 33 °C alors qu'à Agadez elles atteignent de 23 à 40 °C. La température moyenne annuelle varie entre 15 et 30 °C avec une valeur moyenne de 9 °C en hivers et des valeurs minimales pouvant descendre en dessous de 0 °C[6].
Le climat est aride avec des pluviométries annuelles dans la plaine très irrégulières variant de 10 à 150 mm/an avec une moyenne de l'ordre de 70 mm/an[6]. Les précipitations sur les monts Bagzane sont plus importantes[3],[6] avec une pluviométrie moyenne de l'ordre de 190 mm/an[6] qui peut atteindre 400 mm/an[10]. Une courte saison des pluies a lieu en juillet et en août[6]. L'infiltration des eaux de pluie est réduite et leur ruissellement alimente des koris[6] (oueds), quelques sources[3] et des bassins temporaires et permanents (les aguelmans)[3] qui permet l’existence d'une végétation permanente dans les vallées[6].
Les traces d'occupation humaine datées de 9 300 ans BP du site de Tagalagal attestent du peuplement du lieu dès le néolithique[17].
Les monts Bagzane sont actuellement peuplés par deux tribus Touareg d'origine Kel Oui[3] ou Kel Owey ou Kel Ewey[6], les Itaguen (Itagan kel bagzane) au nord et les Iguermaden (Iguermaden kel bagzane) au sud[3],[6]. La population, de l'ordre de quelques milliers (4 463 habitants en 2006)[6], est répartie sur quelques campements[18] et sur une dizaine de villages difficiles d'accès d'altitude comprise entre 1 450 et 1 700 m[3]. Ces villages sont principalement localisés dans le sud du plateau où les sources et les oasis sont plus nombreux[3]. Les habitations sont réalisées en pierre et en banco[19].
Les Itaguen se consacrent principalement à l'élevage caprin ainsi qu'à celui de chameaux (dromadaires) destinés au commerce caravanier[3],[6].
Les Iguermaden sont principalement des agriculteurs qui cultivent de petits jardins (de l'ordre de 25 ares)[3],[6]. La culture de ces jardins présente la particularité de s'appuyer principalement sur une irrigation gravitaire à partir de sources[3]. L'évaporation naturelle plus réduite que dans la plaine en raison de l'altitude permet une agriculture toute l'année y compris en été[3]. Les productions principales de ces jardins sont le blé et les tomates mais l'on trouve également parmi les produits agricoles du maïs, du mil, des dattes, des pommes de terre, des oignons, de l'ail, des piments, des courges, des melons, des gombos, des figues, des grenades, des citrons, des abricots, des pêches, des haricots[3] et des poivrons[6].
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