La soixantaine, cheveux blancs, portant moustache blanche et lunettes, épicurien avec un léger embonpoint toujours parfaitement contenu dans un costume trois pièces. Habitant un petit pavillon dans le Paris du XXe siècle, il y est le correspondant de Galaxity. Homme délicieux, bon vivant, ayant de l’entregent et rempli de bon sens pratique, il sait organiser des rencontres utiles. Il aide Valérian et Laureline dans toutes leurs aventures terrestres et les accompagnera aussi dans quelques négociations planétaires ou cosmiques.
Création
Monsieur Albert fait sa première apparition dans l'album Métro Châtelet direction Cassiopée et est l'un des personnages centraux du diptyque.
Évolution
Monsieur Albert n'a évolué ni dans sa personnalité ni dans son apparence.
Apparition et citation
Monsieur Albert apparait dans les huit albums suivants :
Nous sommes en 1980 à Paris, Monsieur Albert enquête pour donner toutes informations utiles à Valérian, il nous est d’abord présenté comme une personne qui sait prendre le temps de vivre : « Tss, tss, pas d’énervement. C’est l’heure … voyons … d’un petit beaujolais nouveau peut être … »[1], à la différence de Valérian particulièrement impatient : « Eh bien, il n’y a pas de quoi s’affoler. Encore que le blanc sec, ça rende trop nerveux à mon avis … »[1]. C’est aussi un bon vivant réaliste, alors qu’il se délecte de profiteroles au chocolat : « À propos, c’est toujours bien vous qui transmettez les notes de frais à Galaxity ? »[2].
Même s’il utilise des méthodes archaïques, il ne manque pas de résultats : « Et mes chers pigeons-voyageurs, bien commodes eux aussi »[3], car il sait trouver des informations auprès de vieilles connaissances, comme Abraham Chatelard, philosophe des sciences et des mythes, avec lequel il ne manque pas de philosopher : « Contra sensus ab sensibus repugnat »[4], citation de De Natura Rerum (1, 693) de Lucrèce qui signifie "Car il combat les sens par les sens mêmes".
Monsieur Albert ne manque pas d’à-propos pour sortir Valérian d’une situation compromettante : « Ce jeune homme est mon neveu… gentil garçon, mais un peu demeuré… il adore les jouets de science-fiction, les déguisements de cosmonautes et toutes ces bêtises… »[5].
À New York, Monsieur Albert, accompagné de Valérian, est attendu à l’aéroport par un autre de ses vieux amis, Schlomo Meilshem, l’un des meilleurs spécialistes mondiaux de la Kabbale et alors que celui-ci les invite à son domicile : « Mmm… je parie qu’il y aura de la carpe farcie… »[6].
Après que Laureline a mis fin à la manœuvre de déstabilisation et que Valérian est rentré à Galaxity, l’avant-dernier mot de la fin sera pour Monsieur Albert : « Cela dit, j’ai peut être sous-estimé la profondeur de ce charmant garçon. »[7].
Nous sommes en 1985, comme tous les autres personnages de cette histoire, Monsieur Albert essaye de rejoindre l’Écosse dans une Angleterre en déliquescence. Rien ne fonctionne, tout le monde fait grève, pas de breakfast, pas de taxi, pas d’avion, juste un train problématique et dans un compartiment deux vieilles Anglaises so british : « Un bonbon de chez Fortnum and Mason ? Je vois que certains bastions de la vieille Angleterre résistent encore vaillamment ! »[8].
Après un long voyage, enfin arrivé à Inverloch, alors que tout le monde accueille Valérian : « Ah, Monsieur Valérian, venez donc vous joindre à nous… cet excellent bordeaux va vous faire oublier les rigueurs de votre voyage tout comme il l’a fait pour moi ! »[9] et alors que le superintendant du SST apparaît tel un spectre par le relais temporel : « Jolie idée, mélangeant habilement science et folklore… »[10].
Le lendemain enfin un breakfast : « Du haddock poché ? C’est une idée intéressante ça… »[11]. Plus tard, sur le Crosswinds, le bateau météorologique du commandant Patrick Fitzgerald Merrywhistle, ce sont les informations recueillies par Monsieur Albert qui permettent la découverte du navire d’Hypsis : « Allons consulter mes documents à la salle de réunion, voulez-vous ? »[12].
Et alors que le bateau météo coule : « Moi qui suis avant tout un homme de cabinet… je trouve la vie un peu agitée pour mon goût, depuis que je vous connais chère Laureline ! »[13] et enfin à bord de l’astronef de Valérian et Laureline au moment de faire de multiples sauts temporels : « Je ne peux pas dire que j’ai eu ce genre d’expérience mais ma vieille 4CV Renault m’a appris à résister aux amortisseurs affaiblis. »[14].
Enfin sur Hypsis, c’est encore Monsieur Albert, aidé par Lord Basil Seal, qui négocie face à la Trinité d'Hypsis et c’est avec une grande logique qu’il démontre l'inanité d’un cataclysme terrestre : « Si vous organisez ce cataclysme préventif dont est sorti jadis Galaxity, il vous faudra tout recommencer puisque les mêmes causes reproduiront les mêmes effets ! cela fera très mauvaise impression sur vos collègues… »[15].
De retour à Inverloch alors que tous attendent Valérian pour une partie de croquet, l’avant-dernier mot est encore pour monsieur Albert : « En forme, Monsieur Valérian ? Cela va vous ouvrir l’appétit pour le coq de bruyère ! »[16].
En 1988, alors que Valérian vient de réussir à contrer un accident nucléaire en URSS à la frontière finlandaise et qu’il se décontamine dans l’eau glaciale d’un lac, Monsieur Albert lui propose : « Un petit smørebrod au saumon avec une goutte d’aquavit pour vous requinquer, cher ami ? »[17].
Après un long trajet en voiture, avant un voyage en hydravion, Monsieur Albert par une nuit splendide : « Vous rendez-vous compte que nous sommes presque au Cap Nord ? La vie est vraiment intéressante pour un retraité comme moi lorsqu’il voyage avec vous ! »[18].
Par 40 °C à l’ombre, à la terrasse du café Pigalle d’une petite oasis du sud tunisien Monsieur Albert toujours aussi pratique : « C’est le moment pour une boisson fraîche légèrement alcoolisée, mais sans plus. »[19].
De nouveau, un trajet en hélicoptère, en avion, en voiture aux États-Unis à la frontière mexicaine et de nouveau l’avion pour Hong Kong : « Eh bien, voilà un voyage organisé où on ne chôme pas ! »[20].
De retour à Inverloch avant la séparation de Valérian et de Monsieur Albert : « L’hospitalité de Lord et Lady Seal est toujours aussi merveilleuse mais la cuisine est un peu fatigante, steak and kidney pie tous les jours en ce moment ! »[21].
Après une expédition mouvementée sur la planète Blopik pour ne pas livrer une arme vivante, le Schniarfeur de Blomn, Valérian et Laureline n’ont pas d’autre choix que de revenir sur la Terre du XXe siècle. Après un atterrissage mouvementé en Russie, Monsieur Albert assiste à la première représentation des artistes revenus avec Valérian et Laureline de Blopik : « Merveilleux spectacle ma petite Laureline. Vous ne pouviez pas mieux tomber qu’en Russie ! … Les gens du cirque de Moscou sont ravis. Une tournée mondiale est prévue… c’est un triomphe. … Un peu de vodka ? … Une cuillère de caviar en amuse-gueule pendant qu’il en reste ? »[22].
En 2001, Valérian et Laureline de retour à Paris à l’appel de Monsieur Albert qui en 21 ans a modernisé ses méthodes de travail à l’exception de ses pigeons voyageurs : « Eh oui, car si les moyens de communication ont fait des progrès, l’espionnage électronique aussi. Alors, inutile de moderniser mon colombier. »[23]
Une nouvelle négociation s’engage avec la Trinité d'Hypsis et c’est Monsieur Albert qui règle les détails du contrat : « Monsieur Valérian, nous allons pouvoir relire ce qui a été écrit pour aboutir à un accord satisfaisant toutes les parties. »[24]
Dans l'aventure finale, Monsieur Albert retrouve Laureline sur les astéroïdes de Shimballil qui est venu l'accueillir à sa descente de l'astronef : « En prenant le métro à Châtelet en 2010, ça fait pas mal de changements pour arriver ici. Mais votre itinéraire était parfait, Laureline ». Ils doivent aller récupérer le califon dans son collège et Monsieur Albert, se faisant passer pour son oncle, doit se présenter : « Je me présente. Professeur au Collège de France, docteur honoris causa des universités de Cambridge en Grande-Bretagne, Heidelberg en Allemagne, La Sapienza à Rome, membre du centre des recherches avancées de la pseudo-lune de Lalamur ainsi que de… ».
En fait, il s'agit de regrouper tous les esprits purs qui ont traversé les aventures de Valérian et Laureline. Tous embarqués dans le vaisseau de Valérian, comme toujours dans ces cas-là, Monsieur Albert se propose : « Puisque nous sommes partis pour un long voyage… je vais m'occuper de la cuisine. ».
Tout le monde est regroupé pour la cérémonie de l'Ouvre-Temps et chacun de se demander où il sera ensuite, et Monsieur Albert : « Voyez-vous Schoeder, si ce cataclysme n'est pas le dernier, je me demande un peu comment retourner dans mon pavillon de banlieue parisienne. ».
Scènes et anecdotes
Quatre séquences mettant en scène Monsieur Albert peuvent être distinguées dans les quatre albums suivants :
Métro Châtelet direction Cassiopée
Monsieur Albert invite Valérian dans son pavillon de la banlieue parisienne[25] et Jean-Claude Mézières dessine un intérieur bien caractérisé[26]. Valérian : « C’est… euh… coquet chez vous… », Monsieur Albert : « N’est-ce pas ? Pratique aussi pour le travail, suivez-moi… » et Valérian découvre, une entrée encombrée de piles de dossiers, une bibliothèque envahie de toutes sortes de classeurs et livres avec des fils tendus entre les murs pour y suspendre la documentation, un bureau avec une table de travail sur laquelle trône un verre de vin à moitié vide, une assiette et des couverts et une boîte d'aliments pour chats au milieu d’un amoncellement de dossiers, un cagibi rempli de matériel de radioamateur refuge pour les chats, une chambre au lit défait où la presse quotidienne règne en maître et un jardin refuge de pigeons voyageurs. Toute cette scène étonnante est en opposition avec la personnalité de Monsieur Albert, homme apparemment bien informé et bien organisé, amateur de repas gastronomiques.
Les Spectres d'Inverloch
Monsieur Albert réussit, malgré la grève générale, à prendre un train interCity pour le nord de la Grande-Bretagne pour se rendre à Inverloch. Il trouve une place dans un compartiment de première classe où sont déjà installée deux Anglaises, Gladys et Priscillia, qui sont à elles seules la caricature de toute la vielle Angleterre : « For God’s sake, Priscillia, pas de jérémiades ! que penserait votre époux, feu Major Hewlett-Byrnes ? nous avons bien surmonté la guerre ! … et notre pays en a vu d’autre, n’est-il pas vrai cher Monsieur… ». Tout y passe, les bonbons de chez Fortnum & Mason, le porto hors d’âge de chez Harrods et le traditionnel tea time dans une scène charmante[27].
Les Foudres d'Hypsis
Dans le vaisseau spatial de Valérian et Laureline à la poursuite du faux trois-mâtsHvexdet mais vrai astronef d’Hypsis, malgré les sauts temporels, Monsieur Albert prépare un « frichti » du XXe siècle, pour ceux qui ont encore le courage de manger et cela dans une cuisine du XXVIIIe siècle. Ce merveilleux anachronisme est bien rendu dans la première case de chacune des planches[28]. Même un Écossais comme Lord Basil Seal apprécie : « Mmm… J’avais entendu parler de vos talents de cordon bleu Monsieur Albert » ou un glapum’tien comme Ralp : « Délicieux… ».
L’OuvreTemps
Valérian et Laureline empruntent un vieux vaisseau stellaire pour retrouver un peu de leur passé, mais deux jeunes enfants amnésiques, habillés de combinaisons et casqués sont trouvés à moitié morts sous un pont de Paris. Monsieur Albert souhaite les adopter. Il reçoit dans son petit pavillon de banlieue l'assistante sociale qui vient lui apporter l'accord.
Monsieur Albert : « Et les prénom que j'avais suggérés ? »
L'assistante sociale : « Acceptés aussi, Valérian pour le petit garçon et Laureline pour la petite fille. Comme dans cette bande dessinée dont vous paraissez faire grand cas » en feuilletant une bande dessinée portant le titre de Les Mauvais Rêves.
L'assistante sociale : « Nous avons affaire à des surdoués de type inconnu, pensons-nous… »
Monsieur Albert : « Des surdoués, voyez-vous ça »
L'assistante sociale aux enfants : « Je vous présente celui qui va être un peu votre oncle pour vous »
La petite fille : « On pourra vous appeler Tonton ? »
Monsieur Albert : « Bien sûr que vous pouvez ! »
Alors que l'assistante sociale s'en retourne, Monsieur Albert s'adressant au garçon : « Qu'est-ce que tu aimerais faire quand tu seras grand, Valérian ? »
Valérian : « Être cosmonaute, Tonton Albert, piloter des fusées ! »
Monsieur Albert : « Et toi, ma petite Laureline ? »
Laureline : « Étudier des animaux inconnus, comprendre leur psychisme… »
et Monsieur Albert a le mot de la fin de la série d'aventures : « Eh bien, mes enfants, votre nouvelle vie peut commencer ! »