Son nom provient du fait qu'elle est plus petite que l'île de Majorque. Elle a été appelée Nura (îlot du feu) par les Phéniciens en l'honneur de leur dieu Baal. Elle est située entre 39° 47' N et 40° 00' N, 3° 52' E et 4° 24' E. Son point culminant, El Toro, est à 358 m d'altitude. L'île a de nombreux monuments mégalithiques : navetes, taulas et talaiots. Rocailleuse et battue par les vents, elle est la plus préservée de l'archipel. Elle a été reconnue en tant que réserve de biosphère par l'UNESCO le [2].
Minorque abrite une population de plus de 93 000 habitants, les Minorquins.
Une intense présence préhistorique est attestée, et dont les traces sont encore visibles. La naveta d'Es Tudons serait l'un des plus anciens monuments mégalithiques d'Europe.
Le général carthaginoisMagon Barca aurait fondé la ville de Mahon (Portus Magonis) [3] laquelle conserverait son nom ; cette hypothèse est contestée par Joan Coromines ("Onomasticon Cataloniae" page 183).
La fin des guerres puniques voit une augmentation de la piraterie en Méditerranée occidentale. La présence romaine en Hispanie marque une croissance du commerce maritime entre les péninsules Ibérique et italique. Les pirates tirent profit de l'emplacement stratégique des îles Baléares pour piller les commerçants romains, en utilisant Minorque et Majorque comme bases. En réaction, les Romains envoient l'armée afin de mettre un terme à ces activités. En 121 av. J.-C., les deux îles sont entièrement romaines et sont par la suite incorporées à l'Hispanie citérieure. En 13 av. J.-C., Auguste réorganise la structure provinciale de l'Empire et les îles Baléares sont rattachées à la Tarraconaise.
La communauté juive de l'île est convertie par l'évêque Severus en 418. Après la conquête maure de l'Hispanie, Minorque a été annexée par le califat de Cordoue en 903, qui la baptise de son nom arabisé, Manûrqa.
Une invasion aragonaise, menée par Alphonse III intervient le 17 janvier 1287, date désormais célébrée comme jour national à Minorque. La plupart des habitants musulmans de l'île sont asservis et vendus sur les marchés aux esclaves d'Ibiza, de Valence et de Barcelone. Jusqu'en 1344, l'île appartient au royaume de Majorque, membre de la Couronne d'Aragon, puis est annexée par le royaume d'Aragon, lui-même intégré plus tard au royaume unifié d'Espagne.
Au cours du XVIe siècle, les attaques navales turques sont fréquentes, détruisent Mahón ainsi que Ciutadella et provoquent la quasi-disparition de la population de l'île, massacrée ou déportée en esclavage. Le sauvage assaut turc de Ciutadella, le 9 juillet 1558, marque fortement la mémoire de l'île.
Époque moderne jusqu'à nos jours
Guerre de succession d'Espagne
Prise par la Royal Navy en 1708 pendant la guerre de Succession d'Espagne, Minorque devient une possession britannique. Ciutadella perd son statut de capitale de l'île, au profit de Mahón, qui abrite la base navale. Pendant la guerre de Sept Ans, l'échec britannique à briser le siège de Minorque entrepris par les Français le 20 mai 1756, entraîne une cour martiale et l'exécution de l'amiral britannique John Byng[4] à la suite de la bataille navale de Minorque qui marqua officiellement le début de la guerre de Sept Ans. La garnison britannique devra capituler mais l'île redeviendra britannique par le traité de Paris de 1763 en échange de Belle-Île-en-Mer envahie deux ans plus tôt. Pendant la guerre d'indépendance des États-Unis, les Britanniques sont défaits une deuxième fois par des forces franco-espagnoles, qui s'emparent de l'île le 5 février 1782. Le cimetière de San Luis garde les souvenirs de la présence française. Minorque est récupérée par les Britanniques en 1798 pendant les guerres de la Révolution française mais est finalement définitivement cédée à l'Espagne par le traité d'Amiens en 1802. La présence britannique a laissé des traces dans l'architecture locale.
Émigrations
L'expédition française vers l'Algérie s'appuie sur Minorque, à mi-chemin entre le port militaire de Toulon et Alger. La rade de Mahón est choisie comme port stratégique entre la France et l'Algérie, avec un hôpital militaire et une base de ravitaillement des troupes. Dès 1830 et jusqu'aux années 1845, une grande partie de la population de Minorque émigre vers l'Algérie nouvellement conquise par la France, devenant acteur de la colonisation autour d'Alger, avec une spécialisation dans la culture des primeurs.
Cet exode s’explique par la dépression économique que connaît l’île depuis 1810 à cause de mauvaises récoltes. Minorque est petite et la terre est caillouteuse, ingrate, aride et peu cultivable à cause de la tramontane et du manque de pluie. Le bétail connaît un fort taux de mortalité par manque de pâturage. L’activité portuaire est réduite et l'île n'abrite pas d'industrie (les chaussures et les bijoux ne se développeront qu'au début du XXe siècle).
Sous la Seconde République, l’immigration minorquine vers l'Algérie est vivement encouragée. Les visas sont délivrés à condition d’avoir un certificat de bonne moralité et d’être en bonne santé. Les femmes jeunes sont particulièrement recherchées par l’administration française pour aller s’installer dans les « possessions d’Afrique du Nord » pour compenser le déficit en femmes dans la nouvelle colonie. Du travail est proposé aux nouveaux arrivés et une meilleure perspective de mariage s’offre aux femmes qui décident de franchir le pas.
L’assiduité au travail de ces Mahonnais est mise en exergue dans un article de l’Akbar de 1854 :
« Quant au Mahonnais, à moins que vous ne passiez par là un dimanche, ne le cherchez pas dans l’habitation, ni aux alentours, ni encore moins dans un cabaret, il est au champ avec tous ses fils, travaillant sous le soleil ardent avec cette assiduité et cette persévérance sans lesquelles il n’y a pas de vrai cultivateur. »
Guerre civile espagnole
Pendant la guerre civile espagnole, Minorque reste fidèle au gouvernement républicain, alors que Majorque et Ibiza soutiennent les nationalistes. Elle ne voit pas de combat, à l'exception du bombardement aérien par les Italiens du Corpo Truppe Voluntarie. Le 2 et le 3 août 1936, les Républicains massacrent sans jugement une centaine de militaires[5]. Beaucoup de miliciens Minorquins républicains sont tués en participant à l'invasion ratée de Majorque, entre le 16 août et le 4 septembre 1936.
Le 18 et le 19 novembre 1936, les Républicains exécutent sommairement une cinquantaine de militaires et de religieux. Ces massacres cessent avec le départ du colonel républicain José Brandaris de la Cuesta. L'île végète, alors que le reste de l'archipel des Baléares est sous contrôle franquiste et que Majorque leur sert de base pour l'aviation de chasse et de bombardement. Après la victoire nationaliste en 1939, à toute fin de la guerre civile, la marine britannique aide à l'évacuation de Républicains, sous statut de réfugiés politiques.
Minorque veille à équilibrer ce développement avec le respect du milieu naturel. En octobre 1993, Minorque est reconnue par l'UNESCO comme réserve de biosphère, obtenant ainsi une forte protection environnementale. Entre la zone de protection des oiseaux, le parc naturel du S'Albufera des Grau(es), les aires naturelles d'intérêt écologique et la réserve marine, près de 50 % du territoire et du littoral de l'île sont protégés.
Aujourd'hui encore, aucune route nationale ne permet d'approcher des côtes, seulement des chemins à la circulation soigneusement régulée, face aux risques de surtourisme comme dans le village de Binibeca Vell qui veut interdire l’accès aux touristes en raison de l'afflux de 800000 visiteurs par an où les 200 résidents seront appelés à voter le 10 août sur ces restrictions, alors que la visite des rues est désormais restreinte, autorisée seulement entre 11 heures et 20 heures [6],[7].
Langue
La variété locale du catalan, le menorquí, est peu différente du catalan standard, avec quelques différences dans la prononciation. Comme avec la plupart des dialectes des Baléares, une particularité remarquable est la forme de l'article défini, appelé article salat : le menorquí emploie es au masculin et sa au féminin au lieu des formes el et la du catalan standard ; l'article salat a été historiquement employé dans la province actuelle de Gérone, d'où sont issues de nombreuses personnes ayant repeuplé les îles. On entend également quelques mots anglais datant de la présence britannique : grevi, xumaquer, boinder ou xoc dérivés de gravy, shoemaker, bow window et chalk.
Gastronomie
Un produit typique de l'archipel est la soubressade (sobrasada), élaborée à partir de viande de porc hachée, assaisonnée d'une quantité plus ou moins importante de poudre de piment rouge piquant. Le flao, un flan au lait de brebis, est un des desserts typiques de l'archipel.
Une présence prolongée des Britanniques se traduit par un goût des Minorquins pour le gin (qui est fait sur l'île : gin de Minorque(es)), que les insulaires mélangent à de la limonade (Kas (citron) par exemple) pour obtenir de la pomada à l'occasion des fêtes patronales.
Le fromage de Maó connaît une belle popularité à l'extérieur de l'île.
Selon une explication probable de son origine, la mayonnaise devrait son nom à Mahon, Louis-François-Armand de Vignerot du Plessis de Richelieu l'aurait fait connaître en France à la suite de la prise du port en 1756. Ainsi la sauce mahonnaise serait devenue sauce mayonnaise.
Géographie
L'île voisine de Majorque est située à environ 40 kilomètres au sud-ouest tandis que l'île italienne de la Sardaigne est située à environ 350 kilomètres à l'est.
Le paysage est typiquement méditerranéen, très rocailleux, avec de nombreuses calanques, accessibles parfois uniquement par bateau ou de longues heures de marche.
Avec environ 200 kilomètres de côtes, parsemées de plus de 70 plages, la plupart de sable fin et éloignées des voies carrossables, c'est surtout pour son bord de mer très préservé que Minorque a été classée réserve de biosphère par l'UNESCO.
Son espace géographique présente de nombreux îlôts, tels que l'îlot de Colom (Isla de Colom ou Illa d'en Colom, ou du Lazaret), l'îlot du Roi (Isla del Rey) ou encore, l'îlot del Aire.
Côte sud de l’île.
Côte sud de l’île.
Espace naturel.
Climat
Relevé météorologique de Minorque (période : 1981-2010)
Moyennes : • Temp. maxi et mini °C • Précipitation mm
Lieux touristiques
Le Castell de Sant Nicolau veille sur le port de Ciutadella de Menorca depuis le XVIIe siècle. En gravissant l'escalier en colimaçon de ce monument, on accède à une tour de guet depuis laquelle le regard embrasse toute la cité.
Torre Llafuda est l'un des villages préhistoriques minorquins les plus complets : habitations circulaires, muraille, grottes, monolithes.
Le château de Santa Agueda, perché à 264 mètres d'altitude, offre une vue incomparable sur la côte nord. Les ruines visibles aujourd'hui datent du Xe siècle mais on décèle aussi sur le site des traces préhistoriques, romaines et amazigh (berbères).
Les navettas funéraires d'Es Rafal Rubi ou d'Es Tudons, des tombes collectives remontant au deuxième millénaire avant notre ère, très bien conservées et qui n'existent qu'à Minorque.
Le musée d'histoire de Mahon raconte Minorque de la Préhistoire à nos jours. Tour à tour couvent franciscain, école de marine ou lycée, le bâtiment abrite des pièces de différents styles : romain, byzantin, amazigh (berbère).
La forteresse d’Isabel II sur la Mola(es)[11], située à l'embouchure du port de Mahon, est un exemple de l'architecture militaire de la fin du XIXe siècle. Construite entre les années 1850 et 1875, elle était un point stratégique dans la défense du port.
Minorque est aussi répertoriée dans les sites de la randonnée dans les îles de Méditerranée. Le "Camí de Cavalls" (GR 223), dont on ignore l'origine exacte[12], relie la zone humide la plus importante de l’île, le parc Naturel de S’Albufera des Grau, au paysage aride du Cap de Favàritx. Le parcours a été tracé pour bénéficier d'une flore débordante, de criques vierges, et du paysage traditionnel minorquin[13]. Ce "chemin des chevaux" fait le tour de l'île et permettait de connecter entre elles les tours de défense et de protéger la population[12].
Faune et flore
Minorque compte deux cents espèces d'oiseaux et 1 300 variétés de fleurs et d'arbustes, dont soixante-dix sont endémiques.
Économie
Minorque, île de 700 kilomètres carrés, privée de destin touristique, a poursuivi sa vocation agricole fondée surtout sur l'élevage. On compte officiellement 468 petites fermes aux murs épais et blanchis à la chaux, dont les domaines agricoles dépassent rarement une centaine d'hectares. Le nombre de paysans ne cesse de croître. Quelques-uns viennent même des îles alentour pour travailler l'exceptionnel terroir minorquain : une exposition plein sud, un sol riche en oligo-éléments drainés par la mer, mais surtout un micro-climat qui assure, sur les côtes sud et ouest, des précipitations abondantes en hiver. La tramontane apporte l'humidité bénéfique à la croissance des raisins. L'huile d'olivier est appréciée par nombre de grands chefs pour la finesse de ses arômes.
Aujourd'hui, les produits de Minorque, hautement qualitatifs, commencent tout juste à s'exporter. C'est le cas des fromages, de la mode, des bijoux fantaisie de luxe, des accessoires de mode en cuir, des chaussures de luxe et des célèbres avarques.
statuts des communes : (a) capitale de la communauté autonome et de la province ; (b) chef-lieu de conseil insulaire ; (c) chef-lieu de comarque Liste des communes des îles Baléares