Détective privé new-yorkais qui ne réfrène pas ses pulsions primitives, il est adepte de la vengeance et de la loi du talion et n'hésite jamais à employer la violence extrême pour parvenir à ses fins : interrogatoires musclées, bagarres, tortures, tueries. Il préfère toujours user d'abord de son arme à feu et réfléchir ensuite. Populiste et réactionnaire, il observe les valeurs de l'idéologie dominante des WASP américains de l'après-guerre. Il s'avère donc résolument raciste, homophobe et, bien sûr, anti-communiste, la parution des romans coïncidant avec l'ère du maccarthysme. En outre, sa misogynie légendaire se double d'une assurance toute machiste de se croire en mesure de séduire toute femme avec qui il entend satisfaire ses désirs sexuels, ce qu'il ne se prive jamais d'accomplir sans le moindre égard pour sa partenaire du moment.
Dans J'aurai ta peau (I, the Jury, 1947), premier titre de la série de ses enquêtes, il recherche le meurtrier de son meilleur ami afin de le venger. Dans le roman suivant, Pas de temps à perdre (My Gun is Quick, 1950), il est à l'inverse la cible de tueurs qui cherchent à l'éliminer. Sa secrétaire Velda, la seule femme qu'il respecte un tant soit peu, lui vient en aide dans Fallait pas commencer (Vengeance Is Mine!, 1950), quand il est suspecté par les autorités d'être l'assassin d'un de ses vieux amis. La même dévouée Velda est enlevée par des espions communistes dans Charmante soirée (One Lonely Night, 1951), où surgissent à chaque page tous les clichés sur la Russie en vogue en Amérique pendant la guerre froide.
La plus célèbre des aventures de Mike Hammer demeure toutefois En quatrième vitesse (Kiss Me Deadly, 1953). Au volant de sa voiture, le héros évite de peu une femme recherchée par la police depuis son évasion d'un établissement pénitentiaire. Hammer la prend sous son aile, mais ils tombent peu après dans une embuscade. La fille est torturée, assassinée et jetée avec le détective dans sa voiture que les ravisseurs poussent dans un précipice. Hammer s'en sort et découvre bientôt que la belle victime était en fait la maîtresse d'un puissant caïd et un témoin clé dans un procès contre lui instruit par le FBI. Dès lors, le héros ne pense qu'à châtier les coupables et ne reculera devant rien pour assouvir sa vengeance.
Après ce roman tout particulièrement percutant, Mickey Spillane attend près de dix ans pour publier une nouvelle enquête de son héros. Baroud solo (The Girl Hunters, 1962) révèle un Mike Hammer plus sensible et gravement miné par l'alcool depuis que Velda, chargée d'une mission il y a une dizaine d'années, a disparu sans laisser de traces. Or, grâce à son ami, le capitaine de police Pat Chambers, il parvient à infiltrer le réseau communiste du Dragon et à retrouver sa secrétaire bien-aimée. Dans Le Serpent (The Snake, 1964), le détective privé est engagé pour protéger la fille adoptive du candidat au poste de gouverneur de l'État. Or, la jeune fille est convaincue que son père est l'assassin de sa mère. Le récit prend ici une valeur psychologique inédite dans toute la série et n'est pas sans rappeler un peu les enquêtes du Lew Archer de Ross Macdonald. La parenté avec l'œuvre de ce dernier revient avec les démêlés familiaux au cœur du roman Interdit aux moins de seize ans (The Twisted Thing, 1966), où Hammer recherche les ravisseurs du petit génie et fils de 14 ans d'un scientifique de grande renommée.
Avec Délices suspectes (The Body Lovers, 1967), la série reprend le rythme effréné et le recours à la violence sadique des premiers titres. Hammer y démasque des personnalités huppées qui organisent des soirées spéciales pendant lesquelles sont abusées des jeunes filles racolées par la directrice d'un magazine de mode. Zéro de survie (Survival… Zero!, 1970) voit Hammer déjouer un complot des Soviétiques qui cherchent à lancer une attaque bactériologique contre l'Amérique.
↑Vendu à six millions et demi d'exemplaires, aux États-Unis. Édité en France sous le titre J'aurai ta peau, aux Presses de la Cité (1947). Réédition LCC-Hachette Livre, 1998.
↑(en) David Saunders, « Ruth Roche », sur www.pulpartists.com/, (consulté le )