Michael von Graffenried se fait d'abord connaître dans son pays en travaillant sur sa ville natale, notamment sur le Palais fédéral, où ses photos de parlementaires assoupis ou pris dans des poses peu flatteuses lui assurent une réputation d'insolence. La spécialiste américaine Vicki Goldberg note son humour et son sens du décalage en 1991 dans le New York Times[1].
C'est son travail sur l'Algérie qui le fait connaître sur le plan international[2]. Pendant dix ans, il voyage régulièrement dans ce pays en proie à la guerre civile, où il prend des photos avec un vieil appareil panoramique posé sur le ventre, qu'il actionne sans utiliser le viseur[2]. Ce travail en format panoramique, qui devient sa signature, fait l'objet de plusieurs ouvrages et d'une exposition à la Villette en 1998, avant d'être présenté à Alger en 2000[3]. Il a également coréalisé, avec le réalisateur Mohammed Soudani, le film Guerre sans images Algérie, je sais que tu sais[4] qui le voit partir à la recherche d'Algériens photographiés pendant la guerre civile. En 2002, le film est présenté au Festival du film de Locarno.
Michael von Graffenried, qui a toujours refusé d'intégrer une agence ou une rédaction[5], a d'abord travaillé pour la presse[6]. Ses photos ont été publiées dans de nombreux journaux et magazines, en Suisse comme à l'étranger, parmi lesquels Géo, Libération, Le Monde, Paris Match, Le Temps, Newsweek, The New York Times, etc[7].
Il a ensuite bifurqué vers une approche plus conceptuelle de la photographie. Il a ainsi fait accrocher sur des panneaux publicitaires de Suisse des photos panoramiques en grand format de ses travaux sur la drogue (CocaineLove) et le Cameroun (Eye on Africa).
Il n'hésite pas à utiliser sa notoriété pour s'exprimer sur le plan politique. Il s'est ainsi prononcé contre l'initiative populaire « Contre la construction de minarets » approuvée par une majorité des votants suisses le [8] en s'engageant « de ne plus exposer ses œuvres dans son pays tant que la Constitution suisse ne sera pas changée »[9],[10].
En 2010, il a reçu le prix Erich-Salomon, décerné par la Deutsche Gesellschaft für Photographie[11]. La même année, il fait l'objet d'une double exposition à Paris, à la Maison européenne de la photographie où ses travaux thématiques sur les États-Unis (Our Town), l'Algérie, Londres, les nudistes et les toxicomanes sont rassemblés sous le titre Outing[12], et à la Galerie Esther Woerdehoff[13] qui présente son travail sur le Cameroun.
En 2014, il a intégré l'équipe du magazine en ligne suisse Sept.info[14], dont il a été le directeur artistique jusqu'en [15]. En , il publie Bierfest, aux éditions Steidl, résultat d'un travail photographique de deux ans sur la Fête de la Bière à Munich[16],[17].
Récompenses
1989 : prix du World Press Photo pour Les artistes de Moscou ramenés du purgatoire soviétique par la Perestroïka[7].