Mhaibib ( arabe : محيبيب ), est un petit village du District de Marjayoun dans le sud du Liban. Il a été détruit par l'armée israélienne le 16 octobre 2024 lors de l'invasion du Liban ; l'armée a provoqué l'explosion simultanée de tonnes d'explosifs qu'elle avait placés dans le village[1].
Étymologie
Le nom Nabi Mhaibib signifie « le prophète Muhaibib », « bien-aimé »[2]. Le prophète, ou «nabi» en arabe, est Benjamin, mentionné dans la Bible hébraïque et dans le Coran[1].
Sanctuaire antique
Il abrite un sanctuaire vieux de 2100 ans[3] appelé « Maqam »[1], dédié à Benjamin, que l'islam considère comme un prophète, qui attirait pèlerins et visiteurs. En octobre 2024, on ne sait pas ce qu'est devenu ce sanctuaire après la destruction du village par Israël[4].
Histoire
En 1881 Nabi Muhaibib est décrit comme « un petit village situé au sommet d'une crête, avec des oliviers et des terres arables ; il y a deux citernes dans le village » dans l'enquête menée par le Palestine Exploration Fund (PEF Survey of Palestine(en))[5].
Le village a été la cible de plus de 50 frappes aériennes israéliennes pendant les affrontements frontaliers entre Israël et le Hezbollah (entre le 8 octobre 2023 et le 23 septembre 2024)[1]. Il figurait régulièrement parmi les villages dont les habitants étaient appelés par l'armée israélienne à évacuer les lieux[1].
Destruction par l'armée israélienne le 16 octobre 2024
Lors de l'invasion israélienne du Liban en 2024, l'armée israélienne diffuse des vidéos des explosions simultanées qu'elle a déclenchées et qui ont détruit la quasi-totalité de Mhaibib[4]. Des vidéos de ces mêmes explosions sont diffusées sur les réseaux sociaux avec des images de soldats israéliens qui se sont filmés eux-mêmes[1] riant et célébrant la destruction avec des V de victoire[6].
79 bâtiments ont été dynamités de manière simultanée selon une analyse du New York Times[4].
Selon les allégations d'Israël, des tunnels utilisés par la force Redwan du Hezbollah passaient sous les maisons[6]. La destruction du village embarrasse la communauté internationale, selon Le Monde[6].
Au moins 4 autres villages du sud du Liban ont été presque entièrement détruits par Israël durant la guerre Israël-Hezbollah entre octobre 2023 et octobre 2024 : le village de Aïta ach-Chab, Yaroun, Kfar Kila, et Meiss El Jabal[6].
Israël allègue l'existence de tunnels du Hezbollah sous des bâtiments civils dans plusieurs villages[7]. Des juristes spécialistes considèrent que la destruction générale d'un quartier ou d'un village n'est pas conforme au droit international[7]. Tom Dannenbaum, professeur associé de droit international à l’université Tufts, souligne le fait que si des structures civiles, comme des maisons, converties en structures militaires, peuvent être attaquées, en revanche, « il n’est pas permis de cibler une zone entière dans laquelle se trouvent à la fois des objectifs militaires et des biens civils »[7]. De même, selon l'analyse de Alonso Gurmendi Dunkelberg, expert en droit international à la London School of Economics, l'existence d'infrastructures militaires du Hezbollah dans une zone civile ne suffit pas à justifier la destruction de pans entier d'un village ; une telle opération ne respecte pas le principe de proportionnalité[8]. Prenant des exemples dans l'histoire récente, ce juriste rappelle que « de nombreux autres pays, y compris les alliés d’Israël, ont été confrontés à des opérations de contre-insurrection, comme les États-Unis en Irak et en Afghanistan, et ils n’ont pas fait exploser des villes entières »[8].