La Messe de saint Grégoire est un sujet iconographique religieux, inspiré du miracle eucharistique de Rome, apparu à l'époque de la chrétienté médiévale et que l'on retrouve encore après la Contre-Réforme.
La référence écrite la plus ancienne actuellement connue est le récit, écrit vers 710, du miracle eucharistique de Rome par l'Anonyme de Whitby (moine, ou moniale, du monastère de Streanaeshalch) dans sa vita Gregorii[2]. C'est ce texte qui serait repris au siècle suivant par Jean Diacre dans la Vie de Grégoire le Grand (texte hagiographique qui serait la seule source de diffusion par la suite de cette histoire), et par l'interpolateur de Paul Diacre (dans sa vitae Gregorii) au IXe siècle[2]. Différents textes reprennent cette histoire au cours des siècles suivants, comme La Légende dorée au XIIIe siècle[2].
Dans les 3 versions de l'Anonyme de Whitby, de Jean Diacre et de La Légende dorée, le papeGrégoire le Grand célèbre la messe lorsqu'une femme se met à rire au moment de recevoir la communion[2]. Le pape ne lui donne pas la communion et dépose l'hostie sur l'autel[2]. Après la messe, il questionne la femme qui déclare qu'elle ne croit pas en la présence réelle, puis il prie[2]. Aussitôt après la prière de Grégoire le Grand, l'hostie se transforme en un doigt (Jean Diacre parle seulement d'un morceau de chair) sanguinolent, qu'il montre à la femme qui est frappée de stupeur[2]. Il se remet en prière, l'hostie reprend sa forme originelle et est donnée en communion à la femme[2].
Développement du thème iconographique
Le thème iconographique de la Messe de saint Grégoire représente la vision en apparition du Christ de douleur[2].
C'est surtout après l'Année sainte 1350 à Rome que ce thème connaît rapidement un engouement croissant dans le domaine de l'art auprès des fidèles. En effet, une icône byzantine de mosaïque sur ce sujet, peinte plusieurs siècles auparavant, connaît une nouvelle ferveur. Une copie du XIIIe siècle en est conservée aujourd'hui à Rome, à la basilique Sainte-Croix-de-Jérusalem. Les copies se multiplient et le sommet de la vénération de cette image est atteint pour l'Année sainte 1500, lorsqu'elle est toujours associée à des indulgences. On retrouve ce sujet dans les livres d'heures[3], puis il se développe grâce à l'imprimerie. La Messe de saint Grégoire est particulièrement populaire au nord des Alpes, où l'on rencontre également des œuvres sculptées. Une gravure sur bois de Dürer datant de 1511 est particulièrement réputée.
Galerie
Messe de saint Grégoire, vers 1500, peintre anonyme actif vers Bruxelles, huile sur panneau, musée Groeninge de Bruges
↑Pendant qu'il célèbre la messe, une des personnes de l'assistance doute de la présence réelle du Christ dans l'Eucharistie. Quand Grégoire se met à prier, l'assistance aurait eu la vision du Christ sur l'autel, entouré des instruments de la Passion et versant dans le calice eucharistique le sang de sa plaie au côté.
La Messe de saint Grégoire du musée des Jacobins d'Auch : une mosaïque de plumes mexicaine du XVIe siècle , La Revue du Louvre et des musées de France 1994, no 5-6, pp. 38-47 Réunion des musées nationaux, Noisiel, France (1961).
Rayonnement d'un modèle. Emprunts méconnus à la 'Messe de saint Grégoire' flémallienne dans la peinture et la tapisserie bruxelloises, Didier Martens, Annales d'histoire de l'art et d'archéologie 2001, vol. 23, pp. 25-59 INIST
La Messe de saint Grégoire d'Auch et l'évêque Julián Garcés de Calatayud, Claude Arrieu, bulletin de la Société archéologique, historique... du Gers, n° 390, 4e trimestre 2008, p. 513 à 531. (cinq photos)
Bruno Judic, « À propos de la "messe de saint Grégoire" », dans L'usage du passé entre Antiquité tardive et Haut Moyen Âge : Hommage à Brigitte Beaujard, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », (ISBN978-2-7535-3140-6, lire en ligne), p. 77–88
« La Messe de saint Grégoire, une œuvre métisse, musée des Jacobins d'Auch », Claude Arrieu, bulletin de la Société Archéologique, Historique...du Gers, n° 406, 4e trimestre 2012, p. 493 à 521. (Une reproduction pleine page de la Messe).