Dans cet espace maritime existent des centaines d'îles(en) inhabitées (même les plus grandes) et souvent minuscules, regroupées en archipels, dont le plus notable est celui des îles Spratley.
Ce large couloir n'est pas particulièrement riche en ressources (relativement peu de pétrole par exemple[1]) mais il voit passer une part importante du commerce maritime mondial, connectant les pays de la région (et, plus loin, le Japon et la Corée) à l'Inde, l'Afrique, le Moyen Orient et l'Europe via le détroit de Malacca immédiatement au sud de cette mer. Son importance stratégique explique que cette mer et ses îlots font l'objet de revendications de souveraineté concurrentes par les nations limitrophes. Ce conflit entre les riverains se traduit en outre par la diversité des noms utilisés pour les îlots et pour la mer elle-même.
Géographie
L'Organisation hydrographique internationale définit la mer de Chine méridionale comme s'étendant selon une direction sud-ouest - nord-est. Son point le plus méridional est à 2°59' de latitude sud au tanjung Sambar, le cap sud-ouest de Kalimantan. Sa limite nord est le détroit de Taïwan, de la pointe nord de l'île de Taïwan au littoral de la province chinoise du Fujian.
La mer s'étend au-dessus d'un plateau continental. À l'époque des dernières glaciations, le niveau des mers dans le monde était plus bas de plusieurs dizaines de mètres, et l'île de Bornéo était rattachée au continent asiatique.
Au nord : depuis le Fugui Jiao (25° 17′ 53″ N, 121° 34′ 37″ E), l'extrémité septentrionale de Taïwan, jusqu'à Niushan Dao, puis jusqu'à l'extrémité méridionale de Haitan Dao (25° 23′ 50″ N, 119° 46′ 14″ E), de là en direction de l'ouest jusqu'à un point de la côte chinoise situé dans la province du Fujian par 25°24' de latitude nord et 119°39' de longitude est.
une ligne joignant la pointe nord-est de l'île Karimun Kecil et le tanjung Kedabu (1° 05′ 35″ N, 102° 58′ 26″ E), sur pulau Rangsang (côte est de Sumatra).
À l'ouest : la côte de Malaisie depuis le tanjung Penyusop (1° 22′ 12″ N, 104° 16′ 59″ E) jusqu'à l'extrémité septentrionale du côté est de l'estuaire du fleuve Kelantan (Sungai Kelantan), (6° 13′ 08″ N, 102° 14′ 20″ E), de là une ligne jusqu'au mũi Cà Mau (8° 36′ 21″ N, 104° 43′ 08″ E), l'extrémité sud-ouest du Viêt Nam, ensuite le long des côtes orientales du continent asiatique jusqu'à un point de la côte chinoise situé dans la province du Fujian par 25°24' de latitude nord et 119°39' de longitude est (25° 24′ 00″ N, 119° 39′ 00″ E).
La mer de Chine méridionale est semée de plus de 200 îles cayes et motu et de milliers d'autres « objets maritimes » se présentant souvent sous forme d'atolls, pour la plus grande partie recouverts par les eaux à marée haute : bancs et récifs, hauts fonds et écueils.
Ces îles se regroupent en plusieurs archipels (du nord au sud) :
L'archipel des îles Spratley, qui comprend 15 îles et environ 175 îlots et récifs, couvre une surface de 810 sur 900 km. Le plus grand de ces îlots étant celui de Taipin Island (Itu Aba), qui fait un peu plus de 1,3 km de long et s'élève à 3,8 mètres, et ne fait que 45 hectares. Les îles des Paracels et des Spratleys sont rehaussées par d’épaisses couches de guano dû à l’accumulation des fientes d'oiseaux, seuls occupants durant des milliers d'années. Ce guano avait fait l'objet d'une exploitation dans les années 1930, principalement par des entreprises japonaises[4]. Mais il rend les rares sources d'eau de pluie résiduelles impropres à la consommation. Ces archipels étant des territoires disputés, ils ne peuvent faire l'objet d'une demande ZEE[5]. De plus le , la Cour permanente d'arbitrage (CPA) de La Haye a affirmé que même les plus grandes îles de ces archipels n'ayant jamais entretenu de population n'ont que le statut de rochers et ne permettraient que l’attribution d'eaux territoriales de 12 milles marins[6].
Au centre de la mer, le banc Macclesfield est un atoll complètement immergé à une profondeur moyenne de 11 mètres. Il occupe une superficie de 6 448 m2 avec une longueur maximale de 130 km selon un axe sud-ouest / nord-est. La Chine est le seul pays à le revendiquer malgré la contradiction avec le droit de la mer.
La plus grande structure de la région des îles Spratley est un mont sous-marin de 100 kilomètres de large appelé Reed Tablemount, également connu sous le nom de Reed Bank, dans le nord-est de l'archipel, séparé de l'île de Palawan aux Philippines par la tranchée de Palawan. Maintenant complètement submergée sous une profondeur de 20 mètres d'eau, c'était une île jusqu'à ce qu'elle soit submergée il y a environ 7 000 ans en raison de l'augmentation du niveau de la mer après la dernière déglaciation. Avec une superficie de 8 866 kilomètres carrés, c'est l'un des plus grands atolls submergés au monde.
La BBC accuse la Chine d'organiser la surpêche, le braconnage d’espèces protégées et la destruction des récifs coralliens par les pêcheurs chinois venu de l’île de Hainan[7].
La grande muraille de sable
La grande muraille de sable est une expression sarcastique désignant la politique agressive de la république populaire de Chine en mer de Chine méridionale, à partir de 2014, de créations de terre-pleins sur plusieurs îles de l'archipel des Paracels et la construction de 7 îles artificielles sur plusieurs récifs de l'archipel des îles Spratleys au prix d'une catastrophe environnementale[8],[9],[10].
Pour remblayer le total de 13,5 km2 de ses sept îles artificielles, la Chine a dû détruire le volume équivalent de récifs environnants, occasionnant des dégâts considérables à l’environnement[11]. Ces nouvelles îles, d’une hauteur d’environ trois mètres, sont construites sur des récifs qui étaient auparavant un mètre sous le niveau de la mer. On peut donc évaluer que la quantité de sable et de coraux pompée, notamment par la drague foreuse géante Tian Jing Hao, est de l’ordre de 13,5 millions de mètres carrés par 4 mètres ; soit environ 50 millions de mètres cubes.
Histoire
Des fouilles entreprises au début des années 2000 sur le site d'Oc-Eo dans le sud du Viêt Nam permettent de mieux connaître une culture qui, au moins au IIIe siècle apr. J.-C., s'étendait sur le Viêt Nam, le Cambodge et la Thaïlande actuels. Cette culture entretenait des relations avec la Chine. L'influence indienne sur cette culture est manifeste, avec des statues de Bouddha et de Vishnu. Des bateaux étrangers venaient à Oc-Eo échanger des marchandises.
Denys Lombard, spécialiste de l'Asie de l'Est et de l'Asie du Sud-Est, voyait dans la mer de Chine méridionale une « Méditerranée d'Extrême-Orient », lieu d'échanges commerciaux et culturels entre ses différentes rives, chinoise, indochinoise et insulindienne.
La Chine revendique depuis 1933 des îles fictives[12]. Ce sont le Macclesfield Bank, un atoll submergé à une profondeur de 11 mètres, et le haut-fond James(en) à une profondeur de 21 mètres[13],[14],[15]. Par ailleurs, en 2016, la Chine a construit en violation des traités internationaux sept îles artificielles encerclant les îles Spratley occupées par les Philippines et le Vietnam[11].
↑Bill Hayton, « Pompeo Draws a Line Against Beijing in the South China Sea », sur Foreign Policy, (consulté le ) : « The United States, quite sensibly, has never taken a position on which country is the rightful owner of these territories. However, Pompeo’s statement breaks new ground by asserting that China has “no lawful territorial or maritime claim to (or derived from) James Shoal.” »
↑« U.S. Repudiates China's Maritime Claims in South China Sea », sur Voice of America, (consulté le ) : « On July 13, Secretary of State Mike Pompeo said in a written statement that the U.S. position on China’s maritime claims in the South China Sea is aligned with key aspects of the Tribunal’s decision.“Beijing’s claims to offshore resources across most of the South China Sea are completely unlawful, as is its campaign of bullying to control them.” This means that the United States does not recognize Beijing’s maritime claims to waters within the 370 kilometer [200 nautical mile] Exclusive Economic Zone of another country beyond a lawful territorial sea generated from islands it claims in the Spratlys, nor do we recognize its claims to underwater features like James Shoal or low-tide elevations like Mischief Reef and Second Thomas Shoal, which, under international law, may not be claimed by any state and are incapable of generating maritime zones of their own ».