La technique ou méthode Mensendieck est une technique physiothérapeutique[1] du mouvement à la fois corrective et préventive. Elle est parfois aussi décrite comme une gymnastique fonctionnelle ou hygiénique, présentant « un corpus d'exercices essentiellement statiques basés sur les mouvements de la vie quotidienne et sur les lois anatomico-physiologiques, où la force et la beauté du corps sont intimement liées »[2].
Histoire
Elle fut fondée par le médecin allemand Bess M. Mensendieck (1866-1959), qui, avec d'autres comme Hade Kallmeyer, répandit les idées de François Delsarte[3]. Elle développa une série d'exercices à destination des femmes[4] pour remodeler, reconstruire et revitaliser le corps, ainsi que pour soulager de la souffrance[5],[6]. Son premier livre sur le sujet s'intitule Körperkultur der Frau [Physical Culture of the Woman] et date de 1906.
Description
La technique Mensendieck apprend à relaxer les muscles et à se libérer de la tension. Elle se compose d’exercices visant à apprendre des mouvements plus efficaces pour la vie quotidienne[7]. Le travail doit se faire déshabillé et devant un miroir, pour observer son corps et d'où naît le mouvement[8].
Popularité
L’empereur Guillaume II met en place un entraînement basé sur la méthode Mensendieck pour les femmes de la cour impériale[8].
Bess Mensendieck apparaît dans Les Chemins de la force et de la beauté, film documentaire muet en noir et blanc de la République de Weimar dirigé par Nicholas Kaufmann et Wilhelm Prager sorti en 1925, qui a pour ambition de montrer la place du corps dans la société moderne où tant l'homme que la femme ne se préoccupent pas assez de leur beauté et de leur santé. En Allemagne, la Körper Kultur ou culture du corps est en plein essor avant d'être récupérée par le nazisme.
Pour Robin Veder[11], la technique Mensendieck a opéré une synthèse entre le naturisme allemand (la Nacktkultur), la productivité américaine et l'éducation physique qui était alors naissante. Pour Le Dictionnaire de la danse[12], elle fut mise au service des idées nazies inspirant l'éducation féminine pendant le IIIe Reich.
I. Klemmetsen, The Mensendieck system of functional movements (Eleven International Publishing is part of Boom uitgevers Den Haag 2005). (ISBN905931395X).
Bess M. Mensendieck, Korperkulture des Weibes: Praktisch hygienische und praltische asthetische winke (Munich: F. Brukmann, 1906).
Its up to you (New York: Mensendieeck System main School, 1931).
The Mensendieck system of Functional exercises (Portland, ME: The Southworth-Anthoesen Press, 1937).
Nancy Lee Chalfa Ruyter, The Cultivation of Body and mind in Nineteenth-century American Delsartism (Contributions to the Study of Music & Dance) (Greenwood press, 1999), pages 67–71. [1]
Marion E.P. de Ras, Body, Femininity and Nationalism: Girls in the German Youth Movement 1900-1934 (Routledge, 2007), pages 68–72. (ISBN0415182557).
↑Daniela Spaniol, « L’éducation artistique du corps sous la république de Weimar : Grands courants et principales écoles de danse », dans Pour une histoire du sport et de la jeunesse, Presses Sorbonne Nouvelle, (ISBN978-2-87854-944-7, DOI10.4000/books.psn.6567, lire en ligne)
↑ ab et c(en) Deborah Haber, New York Magazine : The home stretch, and others, New York Media, LLC, (lire en ligne), p. 60