Max Cosyns né à Schaerbeek le – décédé à 91 ans à Bruxelles le est un physicien, inventeur, explorateur et spéléologuebelge.
Biographie
Fils d’un professeur de pétrochimie de l’Université libre de Bruxelles où il fit également des études et obtint en 1927 un diplôme d’ingénieur électricien et poursuivit encore des études de physique, biophysique et de médecine. Pendant plus de dix ans, jusqu’à l’aube de la seconde guerre mondiale, il se voua tout entier à sa passion : la biophysique et l'étude du rayonnement cosmique et fit des recherches dans le cadre de la fondation médicale Reine Elisabeth, de l’Université libre de Bruxelles et du Congrès Solvay. A l'occasion de ses travaux et de ses publications sur les rayons cosmiques, il côtoyait d'illustres scientifiques et notamment le Professeur Auguste Piccard dont il devint l’assistant. À Dübendorf (Suisse), le , il participa avec lui à l'ascension record en ballon, 16 200 m. Il fut ensuite pilote et responsable du second vol stratosphérique du avec Nérée Van Der Elst (étudiant). Ils décollèrent de Hour en Belgique et se posèrent à Ženavlje(en), près de Murska Sobota en Yougoslavie (aujourd'hui en Slovénie), après un vol record de 1 800 kilomètres, atteignant une altitude de 15 500 mètres[1].
Il fut également un féru de spéléologie et donc du système karstique. Il s'intéressa aux travaux d'Édouard-Alfred Martel qui démontrait bien que les canyons faisaient partie intégrante des karsts. En 1930, il en reprit même les travaux sur le système de Kakuetta. Ce dernier le mettra en contact en 1934 avec Norbert Casteret et une équipe se constitue avec Van Der Elst, Pecher et Limbosch. Ils feront de nombreuses expéditions de à notamment Kakuetta et les gouffres d'Heyle (la première, le ) et de Utcipia[2].
Seconde Guerre mondiale
Il habitait 26 avenue de la Tenderie à Watermael-Boitsfort, fréquentait l’ULB et avait son laboratoire 1 avenue Jean-Joseph Crocq à Jette (Hôpital Brugmann).
Résistant, il fit partie du Groupe G et côtoya Jean Burgers, Richard Altenhoff, Robert Leclercq, Henri Neuman... Il participa à l’élaboration de nombreux plans de sabotages et y prit même part activement. Notamment celui du aux Charbonnages d'Eisden en collaboration avec le groupe de Jacques Storck du réseau 3M. Belle action qui par la destruction de la salle des compresseurs immobilisa la production de l'usine pendant longtemps.
Il est arrêté à son laboratoire par la Geheime Feldpolizei le , incarcéré à la prison de Saint-Gilles, tenu au secret jusqu’au y subit les durs interrogatoires ainsi que ceux de la Gestapo de l’avenue Louise. Étiqueté Nacht und Nebel il est transféré vers Essen le puis connut les camps de travaux forcés de Vechta, Kaisheim et enfin le camp de concentration de Dachau. Il continua son activité de résistance dans les camps, notamment en élevant et cultivant des mites dans la paillasse de son châlit, mites qu’il répandait sur les tissus de laine qui étaient utilisés par les prisonniers pour fabriquer les tenues d’hiver de l’armée allemande dans les ateliers de travail forcé du camp. Il fut libéré de Dachau par l’armée américaine le et rapatrié le .
En , il fut cité comme témoin lors du procès de l'affaire Wemmel.
Spéléologue, il fut le concepteur du treuil électrique utilisé lors des explorations du gouffre de La Pierre Saint-Martin en 1951 et 1952. Lors de cette dernière expédition plus importante, à laquelle participait également Haroun Tazieff, le , ce fut l'accident : un serre-câble se dévissa et Marcel Loubens fit une chute de 15 mètres à laquelle il ne survécut pas. Max Cosyns fut considéré comme responsable de l'accident et, après le procès de 1954, démissionna de ses fonctions à l'Université, travailla un certain temps comme ingénieur conseil dans plusieurs sociétés (Zeiss, Philips…) tout en poursuivant des recherches dans des laboratoires privés, mais le moral à plat, il finit par se retirer à Licq au Pays basque, avec son épouse, Andrée Grandjean, avocate et résistante belge[3].
En juillet 1991, Il est soupçonné d'avoir mené des expériences non-éthiques à but « thérapeutique » sur des humains dans son « centre de recherche des réflexes corticaux ». Il est mis en garde à vue et ressort libre sous contrôle judiciaire[4].
Max G. E. Cosyns, C. C. Dilworth, G. P. S. Occhialini, M. Schoenberg et N. Page, « The decay and capture of μ-mesons in photographic emulsions », Proceedings of the Physical Society. Section A, vol. 62, no 12, , p. 801 (ISSN0370-1298, DOI10.1088/0370-1298/62/12/306, lire en ligne, consulté le )
Max G. E. Cosyns, « Geomagnetic effect on cosmic radiation in the stratosphere », Nature, vol. 137, no 3467, , p. 616–616 (ISSN1476-4687, DOI10.1038/137616a0, lire en ligne, consulté le )
Max G. E. Cosyns, « Barometric co-efficient of extensive cosmic ray showers », Nature, vol. 145, no 3678, , p. 668–668 (ISSN1476-4687, DOI10.1038/145668a0, lire en ligne, consulté le )
Max G. E. Cosyns, C. C. Dilworth, G. P. S. Occhialini et M. Schönberg, « Double stars with relativistic particles from cosmic rays », Nature, vol. 164, no 4160, , p. 129–131 (ISSN1476-4687, DOI10.1038/164129a0, lire en ligne, consulté le )
↑Eliane Gubin, Dictionnaire des femmes belges : XIXè et XXè siècles, Bruxelles, Racine Lannoo, , 629 p. (ISBN978-2873864347, lire en ligne), p. 285-286
Grégoire L. Hennebert, L'incroyable épopée de Max Cosyns: Collègue d'Auguste Picard, espion de Churchill, héros de la déportation, Éditions Racine, , 352 p. (ISBN978-2390252726) (les notes autobiographiques de Max Cosyns publiées par Grégoire L. Hennebert)