Maurice Maréchal est né à Dijon le . Il est le fils de Jules Jacques Maréchal employé aux Postes et Télégraphes et de Marthe Justine Morier son épouse.
Trois ans plus tard, la France entre en guerre ; Maurice Maréchal était depuis incorporé au 74e régiment d'infanterie de Rouen dans le cadre de la Loi des Trois ans. Âgé de 22 ans, il est mobilisé (matricule 4684, classe 12, soldat de 2e classe, brancardier et agent de liaison cycliste)[2] au 274e régiment d'infanterie. Il raconte son quotidien d'août 1914 à février 1919 dans ses carnets intimes. Quelques-unes de ses lettres sont édités dans le livre Paroles de Poilus[2].
Deux camarades de régiment, Antoine Neyen (1877-1915) et Albert Plicque (1885-1915), lui confectionnent entre mai et juin 1915 un violoncelle de fortune avec du bois de récupération[3]. Maurice Maréchal le surnommera le « Poilu »[4],[5],[6] et le jouera lors d'offices religieux ou pour des officiers entre juin 1915 et octobre 1916. Au sein de la 5e division d'infanterie de Mangin, mélomane qui encourage la musique, il fait la connaissance d'autres musiciens comme Gustave Cloëz ou le pianiste Henri Magne et forme avec Lucien Durosoir au premier violon, Henri Lemoine au second violon et André Caplet à l'alto, un quatuor qui se produit devant l'état-major[7],[8].
Après la guerre, Maurice Maréchal intègre en 1919 les Concerts Lamoureux pour un an. On le retrouve en 1926 dans l'Orchestre de New York. Il entame alors une carrière de soliste qui le mène sur tous les continents. Son ami Émile Poillot l'accompagne au piano lors de plusieurs tournées en Espagne (1925 et 1926), en France (1928), à Singapour (lundi )[10] et aux Indes néerlandaises (août et ).
En 1942, il est nommé professeur au Conservatoire de Paris, poste qu'il quitte un an avant sa mort qui survient en 1964, alors qu'il est âgé de 72 ans. Parmi ses élèves figurent Christine Walevska, Alain Lambert, Jean Deplace et Alain Meunier.
Ses neuf carnets intimes, rassemblés avec des lettres de Lucien Durosoir, sont parus en 2005 dans un ouvrage intitulé Deux musiciens dans la Grande Guerre[11]. Son élève Alain Lambert lui a consacré un livre, Maurice Maréchal, la voix du violoncelle[12].
« Le 19 avril 1964 disparaissait Maurice Maréchal. Quarante ans après ma mémoire garde l'émotion de la première rencontre en 1960, et de son regard extraordinaire. Mon admiration a été immédiate pour ce maître auprès duquel chaque cours était un moment hors du temps. Je n'en aurais manqué un seul sous aucun prétexte, quitte à faire plusieurs km à pied, le violoncelle au bout du bras, un jour de grève des transports. [...] Avant ou après les cours, il me parlait de ses concerts, de ses tournées, de ses élèves durant la guerre, ou de ceux qui commençaient leur carrière et dont il était fier, Quand il prenait mon violoncelle, comme mon instrument sonnait ! Et dans l'émotion, je me surpassais, mais à la maison, mon violoncelle avait oublié, et je devais chercher. Puis il y a eu la maladie, l'hôpital américain et ensuite les cours dans la chambre monacale, mais toujours cette générosité et cette attention. J'ai toujours parlé de Maréchal à mes élèves[13]. »
Son épouse, Loïs Perkins-Maréchal, évoque longuement leur vie commune et l'activité artistique de son époux dans L'Amérique avant les gratte-ciel, paru aux éditions France-Empire en 1979.