Matar Ndoumbé Diop naît en 1701 à Warack Ndiatar[3], dans le Ndiambour, au sein d'une famille qui y est installée depuis cinq générations[4].
Probablement dans les années 1725[5], il étudie la jurisprudence islamique (fikh) – en particulier deux recueils de préceptes, la Risāla d'Ibn Abî Zayd Al-Qayrawânî et le Mukhtasar de Khalîl –, à l'université de Pire Saniakhor, qui contribua aussi à former les premiers lettrés arabisants de la sous-région, tels que Malick Sy, Abdoul Kader Kane, Oumar Tall ou Maba Diakhou Bâ[6]. Il part ensuite dans le Fouta où il devient le disciple de Massamba Thiam. Il se rend ensuite au Gannar, c'est-à-dire en Mauritanie, où il séjourne dix ans[6]. Il y étudie la grammaire arabe (nahw) qu'il sera le premier à introduire au Ndiambour.
Fondation du daara de Koki
En recoupant différentes sources, l'historien Jean Boulègue estime que c'est entre 1725 et 1733 que Matar Ndoumbe Diop fonde le village de Koki au Cayor, après un premier essai infructueux dans le Baol[4].
Il y installe une école coranique (daara), dont le rayonnement ne cesse de croître, au point qu'on parle quelquefois de l'« université de Koki ». Elle forme des générations de religieux et de théologiens, dont certains sont devenus des sommités scientifiques[7].
Postérité
Matar Ndoumbé appartient à une famille versée en sciences islamiques depuis plusieurs générations. Il eut dix enfants (cinq filles et cinq garçons) : Madou Fa Khoudia, Massamba Fa Khoudia, Ngoura Fa Khoudia, Balla Fa Khoudia, Faty Fa Khoudia, Medoune Penda Bouya, Anta Dické, Asta Sassoum, Aminta Sassoum et Binta Sassoum Diop[8] et une nombreuse descendance. Parmi eux, on trouve plusieurs grandes figures des études arabo-islamiques[9] tel que l'actuel Khalife général des mourides, serigne Mountakha Mbacké dont la grand-mère paternelle Faty Medou Mame Diop , petite fille de Ndiaga Isse Dièye Diop, a quitté Koki pour Touba après son mariage avec le chef spirituel Ahmadou Bamba Mbacké. L'aîné des descendants de Matar Ndoumbé exerce la fonction de serigne Koki (chef traditionnel) de la commune de Koki.
À partir de 1999, une ziarra est organisée chaque année à Koki en mémoire de Matar Ndoumbé Diop[10].
↑ a et bJean Boulègue, « Matar Ndumbe Joop et la fondation de Kokki », in Les royaumes wolof dans l'espace sénégambien: XIIIe – XVIIIe siècle, Karthala, 2013, p. 432-435 (ISBN9782811108809)
↑Jean Boulègue, La traite, l'État, l'islam : les royaumes wolof du 15e au 18e siècle, 1986, p. 554
↑ a et bThierno Kâ, L'enseignement arabe au Sénégal : l'école de Pir-Saniokhor, son histoire et son rôle dans la culture arabo-islamique au Sénégal du XVIIe au XXe siècle, Université Paris-Sorbonne, 1982, p. 57-62
↑Moustapha Tamba, Histoire et sociologie des religions au Sénégal, L'Harmattan, 2016, p. 39 (ISBN9782343104249)
↑S. Makhtar Ndoumbé Diop. Ses enfants, Askanou Koki/La Famille de Koki[2]
↑ « La descendance de Mataar Ndumbé Joop », in L'école de Pire Saniokhor, op. cit., p. 57
↑Calendrier historique de la région de Louga, juin 2013 p. 6 [3]
Jean Boulègue, La Sénégambie du milieu du XVe siècle au début du XVIIe siècle, Université de Paris, 1968, 319 p. (thèse de 3e cycle d'Histoire)
Jean Boulègue, « Matar Ndumbe Joop et la fondation de Kokki », in Les royaumes wolof dans l'espace sénégambien : XIIIe – XVIIIe siècle, Karthala, Paris, 2013, p. 432-435 (ISBN9782811108809)
Bamba MʼBakhane Diop, Lat Dior et l'Islam, les Arts graphiques, 1973, 111 p.
Ravane M'Baye, Contribution à l'étude de l'Islam au Sénégal, Université de Dakar, 1973, 16 p.
Abdoulaye Bara Diop, La famille wolof, tradition et changement, Karthala, Paris, 1965, 262 p. (ISBN2-86537-138-7)
Thierno Kâ, L'enseignement arabe au Sénégal : l'école de Pir-Saniokhor, son histoire et son rôle dans la culture arabo-islamique au Sénégal du XVIIe au XXe siècle, Université Paris-Sorbonne, 1982, 409 p. (thèse de 3e cycle d'Études arabo-islamiques)
Assane Marokhaya Samb, Cadior demb : essai sur l'histoire du Cayor, Édition Diop, Dakar, 1964, 64 p.