Issu d’une famille de vieille noblesse normande, fils d’un officier des mousquetaires noirs, Martial de Guernon-Ranville s’engagea en 1806 aux vélites de la garde impériale ; mais il fut réformé pour cause de myopie. Après des études de droit à Paris où il sortit docteur de faculté en 1812[1] , il se fait recevoir en 1813avocat au barreau de Caen[2] jusqu'en mars 1815. Il salue avec enthousiasme le retour des Bourbons, s’engage aux Cent-Jours dans une compagnie de jeunes volontaires qui devaient combattre « l’usurpateur », mais se contente d’aller à Gand avec sa compagnie de volontaires, monter la garde auprès de Louis XVIII.
Son dévouement n'est récompensé qu’en 1820 par une nomination aux fonctions de président du tribunal civil de Bayeux. Il est ensuite avocat général à Colmar (11 décembre 1822), procureur général à Limoges (16 avril 1823), à Grenoble (21 juillet 1826), à Lyon (26 août 1829). Dans son discours d’installation dans cette dernière ville, il se déclare nettement « contre-révolutionnaire ».
Durant son passage au ministère, il s’efforce d’améliorer la condition des instituteurs et fait rendre, le , une ordonnance étendant le bénéfice de l’instruction primaire à toutes les communes du royaume.
Il combat le projet d’adresse des 221 tandis que, au conseil des ministres, il s’élève contre la dissolution et se prononce nettement, dans la discussion sur les ordonnances, contre les mesures extrêmes.
Il est réélu député le [4]. Il signe les ordonnances du 25 juillet, moins par conviction que pour ne pas se séparer de ses collègues. Le 29, il repousse toute idée de transaction avec l’insurrection démocratique. Après le départ de la famille royale, il part pour Tours et est arrêté aux portes de cette ville, puis conduit au fort de Vincennes dans la nuit du 25 au 26 août.