Strider nait en 1931 à Guthrie, et étudie l'art au Kansas City Art Institute avant de déménager à New York au début des années 1960. Ses peintures en trois dimensions de filles sur la plage aux courbes "construites" sont les vedettes de la Galerie Pace lors de l'International Girlie Show de 1964, aux côtés d'autres "pin-up" d'inspiration Pop art, réalisées par Rosalyn Drexler, Roy Lichtenstein, Andy Warhol, et Tom Wesselman. Son pornographique et comique Femme avec un radis est devenue l'image de la bannière pour le spectacle, l'une des premières expositions à succès de la nouvelle galerie[2]. Le trait gras de son travail de l'époque visait à subvertir les images sexistes des femmes dans la culture populaire en transformant en objet les corps des femmes pour leur donner des formes menaçantes. Strider expose deux fois en solo à la Galerie Pace en 1965 et 1966, où elle continue d'exposer ses peintures volumineuses de femmes en bikini ainsi que d'autres, en 3D toujours, représentant des légumes, des fruits, des fleurs, des nuages et d'autres phénomènes naturels[3].
Strider est une représentante principale de l'avant-garde des années 1960. Elle participe aux Happenings organisés par Allan Kaprow, Claes Oldenburg entre autres. En 1969, elle organise avec Hannah Weiner et John Perreault le premier "Street Work", un événement informel autour de l'art public. Une vingtaine d'artistes y participent, dont Vito Acconci, Gregory Battcock et Arakawa. Pour cette manifestation artistique[1], Marjorie Strider réalise trente cadres à photo vides qu'elle suspend dans des endroits choisis au hasard dans le quartier de Midtown (Manhattan), pour que les piétons voient différemment leur environnement[4]. Elle se marie avec Michael Kirby, un artiste et écrivain contemporain.
À cette période, Marjorie Strider réalise des moulages en chocolat de la poitrine de Patty Oldenburg pour l'anniversaire de Claes Oldenburg (une version en plâtre est achetée par Sol LeWitt)[5]. L'artiste se dirige vers la soft-sculpture dans les années 1970. Elle fait des installations de mousse polyuréthane qui tombe de fenêtres (Building Work 1976, PS1) ou qui coule en bas d'un escalier en colimaçon (Blue Sky 1976, MoMA PS1)[6]. Par moments son renégat se constitue d'objets dits domestiques (balais, provisions, théières), alors que d'autres restent totalement amorphes[7]. Ces œuvres, dans le style et l'intention, ressemblent aux peintures sur sol et aux soft sculptures de Lynda Benglis de la même époque[8].
De 1982 à 1985, une rétrospective de son travail fait la tournée des musées et des universités américains. On peut noter par exemple le SculptureCenter (New York), le Gibbes Museum of Art (Charleston, Caroline du Sud), le Joslyn Art Museum (Omaha, Nebraska), le Museum of Art, (University of Arizona, Tucson), et le McNay Art Museum (San Antonio, Texas). Dans les années 1990, elle commence à faire de la peinture avec des surfaces tactiles qui étaient plus considérées comme expressionnistes abstrait que pop art. En 2009, elle revisite son thème original girlie, en peignant de nouveaux tableaux qu'elle expose au Pont Gallery, New York.
Marjorie Strider meurt à son domicile, à Saugerties, New York, le [9].
Hess, Thomas B. and Elizabeth C. Baker, eds. Art and Sexual Politics. New York: MacMillan
Hess and Linda Nochlin, eds. Woman as Sex Object. New York: Newsweek, Inc., 1972
Hunter, Sam. American Art of the 20th Century. New York: Harry N. Abrams, 1972
Johnston, Jill. Marmalade Me. New York: Dutton, 1971
Jones, V. W. Contemporary American Women Sculptors. Phoenix: Onyx Press, 1983
Kirby, Michael. The Art of Time. New York: Dutton, 1969
Lippard, Lucy. Pop Art. New York: Frederick A. Praeger, 1966
Lippard. From the Center, feminist essays on women’s art. New York: E.P. Dutton & Co., Inc., 1976
Lippard. Six Years: the dematerialization of the art object. New York: Praeger, 1973
Lippard. The Pink Glass Swan, 1995.
Pincus-Witten, Robert. Postminimalism. New York: Out of London Press, 1977
Rubinstein, Charlotte Streifer. American Women Sculptors, A History of Women Working in Three Dimensions. Boston: G.K. Hall & Co., 1991
Sachs, Sid and Kalliopi Minioudaki, eds. Seductive Subversion: Women Pop Artists, 1958-1968. Philadelphia, PA: University of the Arts, Philadelphia, 2010.
Semmel, Joan. A New Eros. New York: Hacker Art Books, 1977
Sewall-Ruskin, Yvonne. High On Rebellion. New York: Thunders Mouth Press, 1998
Yau, John. Marjorie Strider. New York: Hollis Taggart Galleries, 2011
Références
↑ a et bRandy Kennedy, « Marjorie Strider Dies at 83; Pop Artist Satirized Men’s Magazines », The New York Times, (ISSN0362-4331, lire en ligne, consulté le )
↑The original painting shows the woman with a bulbous radish between her parted, lipsticked lips, while the banner omitted the root in favor of an empty open mouth.
↑K.L., "Marjorie Strider", ARTnews vol. 63 (January 1965), p. 11; E.C.B., "Marjorie Strider", ARTnews, vol. 64 (January 1966), p. 16-17.
↑"Artists, 'Doing Thing' Do Streets", New York Times, March 17, 1969, p. 44.