Elle a 16 ans lorsqu'elle est violée en août 1971 par un garçon de 18 ans, Daniel P., élève dans le même lycée qu'elle [4],[6] (l'âge de la majorité légale étant alors fixé à 21 ans, les deux protagonistes de ce drame sont mineurs). Se retrouvant enceinte, elle demande à sa mère, Michèle Chevalier, de trouver un moyen de la faire avorter[1]. Cette dernière a finalement recours à une faiseuse d'anges, mais Marie-Claire souffre ensuite d'une grave hémorragie et doit être hospitalisée[4],[5],[6].
Arrêté pour une affaire de vol de voiture indépendante du viol, le violeur décide de dénoncer Marie-Claire Chevalier afin d'obtenir sa libération[4],[6]. L'interruption volontaire de grossesse étant alors illégale en France, et punie de six mois à deux ans de prison, elle est mise en examen peu après[4],[7]. Elle est alors jugée dans le cadre du procès de Bobigny avec quatre autres femmes, dont sa mère. Toutes sont défendues par l'avocateGisèle Halimi[1],[7].
Elle est finalement relaxée après le premier volet du procès, le 11 octobre 1972, où elle est jugée à huis clos au tribunal pour enfants de Bobigny du fait de ses 17 ans[4],[8]. Sa mère est condamnée à une amende de 500 francs avec sursis et la faiseuse d'anges à un an de prison avec sursis après le second volet du procès, le 8 novembre 1972[4]. Très médiatisée, l'affaire judiciaire se mue en « affaire politique » par Gisèle Halimi et Simone de Beauvoir, notamment[1],[8]. En 1973, dans l'ouvrage Le procès de Bobigny, Gisèle Halimi qualifie le choix de l'avortement de Marie-Claire puis sa défense comme un « acte citoyen de désobéissance civique »[4].
Après le procès et l'avortement, Marie-Claire Chevalier souffre encore de la situation et effectue une tentative de suicide. Elle retourne néanmoins à un certain anonymat, décidant notamment de changer de prénom et de s'appeler Catherine[3],[5].
En 1988, elle devient mère d'une fille nommée Jennifer, après avoir un temps craint être devenue stérile à la suite de l'avortement[3],[4],[5]. Elle devient plus tard grand-mère[8].
Au début des années 90, elle entame des études pour devenir aide-soignante et exerce ce métier dans le Loir-et-Cher, près d'Orléans, jusqu'à sa retraite[9],[10]. Elle travaille également un temps comme soudeuse pour l'Armée française[5].
En 2006, elle écrit la postface de la réédition du livre Le procès de Bobigny de Gisèle Halimi, évoquant notamment au sujet de la loi Veil que « cette loi, c'était un peu grâce à moi qu'elle était votée, c'était un peu la mienne »[4]. Elle garde par ailleurs le contact avec l'avocate longtemps après le procès[9].
Elle meurt le 23 janvier 2022 dans un hôpital d'Orléans après une « longue maladie » liée à une tumeur du cerveau[5],[9],[11]. Elle est inhumée dans le cimetière municipal de Meung-sur-Loire (Carré A, Allée A5, Emplacement 1701)[10]. Sa sœur Martine, d'un an sa cadette, meurt la même année et est inhumée avec elle[réf. souhaitée]. Leur mère leur survit et habite toujours dans cette ville[5][source insuffisante].
En 2019, une pièce de théâtre intitulée Hors la loi, écrite et mise en scène par Pauline Bureau, met en scène le procès et est jouée à la Comédie-Française[1],[5].
En 2024, une bande dessinée intitulée Bobigny 1972, réalisée par Marie Bardiaux-Vaïente (scénario) et Carole Maurel (dessin et couleur), publiée aux éditions Glénat, retrace son histoire, le procès de Bobigny et la défense de la loi pour la dépénalisation de l'avortement.
↑ ab et cLe Monde avec AFP, « Marie-Claire Chevalier, la femme qu’avait défendue Gisèle Halimi lors du procès de Bobigny sur l’avortement, est morte », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cAriane Riou, « Jugée pour avoir avortée, Marie-Claire, l’héroïne oubliée », Le Parisien, no 24086 Bils, , p. 14 (lire en ligne)