Mari, aussi appelée Anbotoko Mari, Anbotoko Dama (« dame d'Anboto ») ou Murumendiko Dama (« dame de Murumendi ») est une déesse mère de la mythologie basque, divinité polymorphe représentant la nature[1] et se présentant généralement sous l'apparence d'une femme vêtue avec élégance.
Il s'agit de la seule des déesse-mères européennes qui soit arrivée jusqu'à nous.
Elle est connue sous plusieurs autres appellations comme Maya, Lezekoandrea et Loana-gorri[2].
Selon les récits mythologiques basques, elle est l'épouse du dieu Sugaar. Elle vit sous terre, normalement dans une caverne en haute montagne, où elle et Sugaar se rencontrent chaque vendredi (nuit de l'Akelarre ou rendez-vous des sorcières) pour concevoir les orages qui apporteront la fertilité (et parfois le déshonneur)[pas clair] à la terre et au peuple. Mari est servie par une cour de sorcières (sorginak) et s'alimente de « la négation et de l'affirmation » (c’est-à-dire de la fausseté[pas clair]).
Étymologie
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L'origine du nom Mari est sujette à controverses. Pour certains[Qui ?], il s'agit simplement d'une transposition du nom la Vierge Marie. D'autres[Qui ?] pensent que ce nom vient soit de emari (« cadeau ») soit de amari (ama (mère) au cas datif = « à la mère »), après la chute de la voyelle initiale.
Il est difficile de croire[réf. nécessaire][3] qu'une déité si importante, seule divinité basque réellement connue avant la chrétienté (avec son époux), ait un nom dérivé d'une figure chrétienne.
Mais il est évident que la proximité entre Mari (basque) et Maria (latin) a facilité une fusion entre le culte païen de la déesse Mari et le culte chrétien (seul autorisé au Moyen Âge) de la Vierge Marie. De nos jours, à chaque fin de messe au Pays basque, le dernier chantliturgique est donné en l'honneur de la Vierge Marie.
Mari dans la mythologie basque
Singularités
Mari n'est pas une déesse au sens indo-européen du terme, comme la plupart des êtres mythiques basques, elle vit sur la terre, sous terre et entretient des relations avec les êtres humains qui sont différents des rapports entre les humains et les autres mythologies. Les humains peuvent imposer leurs volontés à Mari, sa présence par exemple[4].
Mari est la seule avec Herensuge à vivre à la fois dans le monde souterrain et le firmament. C'est la seule entité dans la mythologie basque à porter un nom propre « Mari », les autres personnages étant nommés par un nom générique : Jentilak, Laminak, Mamuak. Il se peut que sont véritable nom ait été « Anderea » ou « Dama[5] ».
Une déesse mère
Mari est la déesse mère de la mythologie basque et une divinité féminine, qui représente la « nature ». Le mythe apparait pour la première fois au XVe siècle dans un ouvrage de Lope de Salazar[5]. Parmi les primitives Déesse-Mères européennes, Mari est la seule qui soit arrivée jusqu'à nous. Christianisés très tardivement, vers le XVIe siècle[6], les Basques adoraient les forces naturelles comme le soleil, la lune, l'air, l'eau, les montagnes, les forêts, ceux-ci prenant des formes humaines. Certaines croyances actuelles pourraient remonter au Paléolithique[7].
Elle serait le personnage mythique le plus significatif des traditions basques, étant la Dame de tous les génies telluriques[8]. Cette déesse est par conséquent neutre, symbolisant l'équilibre des adversaires propre de la mère terre ou Amalur[9].
La plupart des êtres mythiques au Pays basque sont de types « chthoniens » ou « telluriques » parce qu'elles se réfèrent à la terre, au monde souterrain ou aux enfers, par opposition aux divinités célestes. Pour Jacques Blot : « L’imaginaire et les structures psychiques sont les mêmes chez tous les humains quels qu’ils soient. La terre est identifiée à la féminité dans toutes les cultures du monde. Et le ventre de la terre, dans les Pyrénées, les populations pré-indo-européennes vasconnes n’avaient même pas à l’inventer : nous sommes ici dans le royaume du calcaire et les cavités, grottes et gouffres, sont là par milliers. Il n’y avait qu’à les peupler[10]. »
Histoire et historiographie du culte de Mari
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Mari dans la culture commune
Elle est citée dans la série Filles du feu (dont l'action se déroute en 1609 dans le Labourd), par une paysanne accusée de sorcellerie, qui affirme qu'elle a créé le monde.
↑L'historien Camille Jullian désigne les XVe et XVIe siècles comme le début de la période à laquelle le catholicisme s'est imposé au Pays basque. La nouvelle religion aurait alors amplifié l'utilisation d'un symbole plus ancien. La christianisation tardive, dans ces parties éloignées des voies d’accès romaines, a pu être la raison de la survivance de la religion basque primitive, jusqu’à des périodes très récentes en comparaison du reste de l'Europe
↑Julien d'Huy et Jean-Loïc Le Quellec, « Les Ihizi : et si un mythe basque remontait à la préhistoire? », Mythologie française, no 246, , p. 64-67 (lire en ligne)
↑Mari est la mère d'Atarrabi et de Mikelats, deux divinités ou génies, le premier signe du bien moral et le deuxième du signe contraire, le mal
Claude Labat, Libre parcours dans la mythologie basque : avant qu'elle ne soit enfermée dans un parc d'attractions, Bayonne, Elkar, 2012, 345 p. (ISBN9788415337485 et 8415337485), (OCLC795445010)
José Miguel de Barandiarán Ayerbe, Diccionario Ilustrado de Mitología Vasca y algunas de sus fuentes dans Œuvres complètes volume 1, La Gran Enciclopedia Vasca, 1972 (réédition : Saint-Sébastien, Elkar, 1993)