La Marche sur Lyon (chinois : 里大运动 ; pinyin : Lida yundong), est une manifestation qui a eu lieu en septembre 1921 à Lyon.
Des Chinois, membres du mouvement travail-études, pour sortir de la précarité, souhaitaient être admis dans l'Institut franco-chinois de Lyon (IFCL). L'IFCL destine ses formations à des étudiants sélectionnés et préparés en Chine, et non aux étudiants travailleurs déjà présents en France. À la suite du refus de l'admission des étudiants travailleurs dans l'établissement, ils protestent contre l'arrivée des étudiants boursiers venant de Chine en occupant l'établissement pour être collectivement admis à l'école.
En octobre 1921, une centaine de Chinois sont expulsés vers la Chine. Cet événement signe la fin du mouvement travail-études.
Immédiatement après la première guerre mondiale, le nombre d'étudiants-ouvriers du mouvement travail-études se développe, atteignant son apogée entre mars 1919 et décembre 1920[1]. Ce mouvement, qui représente alors 2000 personnes éparpillées sur tout le territoire français[1], avait pour objectif de permettre à des étudiants chinois de financer leurs études tout en travaillant dans les usines en France[1].
En 1921, une crise économique apparaît. Elle frappe les étudiants-ouvriers chinois de plein fouet, entraînant chômage et manque d'argent[1],[2]. Les organisations pourvoyant à leur aide, notamment la Société franco-chinoise d'éducation, sont mises en difficultés et ne parviennent plus à remplir leurs missions[1],[2], les 2000 Chinois du mouvement travail-études se précarisent[2].
Historique
Premières manifestations
En 1921, les individus politisés du mouvement travail-études organisent trois manifestions devant la légation de Chine à Paris. Une manifestation a lieu en janvier 1921, une autre quatre mois plus tard en juin 1921, et une autre encore en août 1921[2]. Ces manifestations ont pour objectif de demander une aide à l'État français pour faire face à la précarité, et critiquer le manque d'aide de la part du gouvernement chinois[2]. Les manifestations n'amènent pas de résultat positif et apportent même une conséquence négative, l'aide financière de l'État français aux étudiants-ouvriers chinois est supprimée[2].
Espoir dans la création de l'Institut franco-chinois de Lyon (IFCL)
Les manifestants, et plus globalement le mouvement travail-études, entendent parler du projet de création d'un Institut franco-chinois de Lyon (IFCL) et y nourrissent de grand espoir pour les tirer de leur précarité[2]. Ils souhaitent être admis à l'IFCL sans concours[2].
Le processus de création de l'IFCL commence et ses statuts précisent que l'admission se fera par concours en Chine. Les autorités françaises s'opposent à l'admission de Chinois se trouvant en France[2] et les autorités de Chine en France ont des opinions indécises sur le sujet[2].
La politique de l'IFCL était de former une nouvelle élite chinoise accommodée aux idées occidentales, en interdisant toute activité politique dans son institut[1],[3]. De fait, les membres du mouvement travail-études ont des profils à l'opposé de ces critères, et promouvant un positionnement politique fort (anarchisme, communisme)[1].
Les étudiants-travailleurs prennent l'initiative de plaider leurs causes auprès de Cai Yuanpei, fondateur de la Société franco-chinoise d’éducation, et du ministre Chen Lu[2].
Un premier groupe d'étudiants ayant passé les admissions de l'IFCL en Chine se retrouve en France. Informé de l'arrivée de Wu Zhihui – directeur de l'IFCL et ancien fondateur du mouvement travail-études – ce groupe décide d'organiser une protestation[2]. De nombreux membres du mouvement travail-études venant de divers villes de France se donnent rendez-vous pour participer à cette protestation[2]. Le déplacement des étudiants-ouvriers du mouvement travail-études est financé par la légation de Chine à Paris[2].
Événement du 21 septembre 1921
Une fois sur place, ils demandent à être hébergés dans l'enceinte de l'établissement – le Fort Saint-Irénée – pour patienter jusqu’à l'arrivée du directeur de l'IFCL[2]. Maurice Courant – Administrateur de l'IFCL – et Chu Minyi – directeur adjoint de l'IFCL – refusent cette requête[2]. Les étudiants-ouvriers pénètrent illégalement au Fort Saint-Irénée, ce qui tend la situation[2]. Les étudiants-ouvriers laissent deux solutions : soit tous les étudiants-ouvriers sont admis, soit ils sont expulsés du territoire. Les autorités française et chinoise ont une réponse ambiguë, ce qui laisse nourrir l'espoir d'une issue favorable aux étudiants-ouvriers[2].
La police française intervient pour déloger les étudiants-ouvriers du Fort Saint-Irénée[2]. À la suite de cette intervention, les étudiants-ouvriers doivent être emprisonnés uniquement de nuit au Fort Montluc, cela leur laisse le temps pour tracter de jour à Lyon et faire connaître leur colère face à la situation[2].
Face au blocage de la situation, Wu Zhihui – directeur de l'IFCL – tente de jouer le médiateur en proposant d'accepter 20 étudiants-ouvriers, mais de leurs côtés, les autorités de l'université de Lyon en appellent au gouvernement français pour trancher le problème.
Expulsion
Après trois semaines de tergiversations sur la suite à donner aux arrestations[4], le 12 octobre 1921, la police émet un ordre d’expulsion pour « 116 individus de nationalité chinoise »[1],[5].
Face à l'ordre d’expulsion, 3 étudiants tentèrent de s'échapper du Fort Montluc, quand 34 autres essayèrent de convaincre les autorités françaises de leurs capacités à subvenir à leur besoins pour continuer à étudier en France[1].
Le 14 octobre 1921 au matin, 104 étudiants-ouvriers sont renvoyés en Chine depuis Marseille[2].
Ils embarquent sur le navire Paul Lecat qui les ramène à Shanghai[4].
Conséquences
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Le directeur de l'IFCL, Wu Zhihui, quitta son poste quelque temps après l'expulsion des Chinois[5].
À la suite de ces événements, l'IFCL ouvre ses portes, mais les admissions pour les Chinois en France n'ouvrent qu'à partir de 1927[2].
Historiographie officielle du PCC
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C'est un événement mis en avant par le Parti Communiste Chinois. En 2014, le président chinois Xi Jinping a visité l'IFCL en mars 2014 pour se remémorer les événements[3].
Couverture dans la presse française
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L'événement est couvert par de nombreux journaux de l'époque.
Acteurs
Deng Xiaoping, il a été actif dans le mouvement des étudiants-ouvriers en France mais n'a pas participé à la marche sur Lyon[1]. Il a « critiqué la décision de privilégier l'ouverture d'une grande école pour l'élite chinoise à Lyon plutôt que de soutenir les étudiants plus modestes appartenant au mouvement études-travail »[1].
Manifestants
Liste non-exhaustive des personnalités ayant participé aux manifestations[1],[2],[6] :
Chou En-Lai lors de la manifestation du 21 septembre 1921.
Chen Yi, futur dirigeant du parti communiste chinois
↑ a et bFlorent Villard, « Géopolitique de la connaissance et transferts culturels », Transtext(e)s Transcultures 跨文本跨文化. Journal of Global Cultural Studies, no 9, (ISSN1771-2084, DOI10.4000/transtexts.506, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bJacques Dumasy, « Les étudiants chinois et la France au début du XXe siècle : les années parisiennes », sud-ouest.fr, (ISSN1760-6454, lire en ligne, consulté le )
↑ a et bDaniel Bouchez, « Un défricheur méconnu des études Extrême-Orientales : Maurice Courant (1865-1935) », Journal Asiatique, vol. 271, , p. 43 (lire en ligne, consulté le )
Gregory Lee, « La « Marche sur Lyon » ou le conte des deux forts », Transtext(e)s Transcultures 跨文本跨文化. Journal of Global Cultural Studies, no 9, (ISSN1771-2084, DOI10.4000/transtexts.514, lire en ligne)
Florent Villard, « Géopolitique de la connaissance et transferts culturels », Transtext(e)s Transcultures 跨文本跨文化. Journal of Global Cultural Studies, no 9, (ISSN1771-2084, DOI10.4000/transtexts.506, lire en ligne)
Daniel Bouchez, « Un défricheur méconnu des études Extrême-Orientales : Maurice Courant (1865-1935) », Journal Asiatique, vol. 271, , p. 43 (lire en ligne)