Au collège de Matsuyama, Mansaku Itami fait la connaissance de Daisuke Itō qui le fera entrer plus tard dans le monde du cinéma et du futur poèteKusatao Nakamura. Tous trois fondent une revue littéraire amateure, Rakuten[1].
En 1920, Mansaku Itami et Daisuke Itō montent à Tokyo et partagent le même appartement. Itami commence à gagner sa vie comme illustrateur de revues. Deux ans plus tard, il retourne à Matsuyama pour y étudier la peinture. Mais n'ayant pas les moyens d'en vivre, Mansaku Itami exerce diverses activités, monte sans succès une affaire de restaurant, et suit une troupe d'acteurs ambulants[1].
En 1927, de retour d'un voyage à Taïwan, Itami est hébergé par Daisuke Itō à Kyoto. Itō, lui-même réalisateur, le recommande à une maison de production qui lui fera écrire ses premiers scénarios. Dès lors, Mansaku Itami a trouvé sa voie et travaille notamment avec Hiroshi Inagaki[1].
Les premiers films de Mansaku Itami ont pour vedette Chiezō Kataoka, pour qui il crée des personnages de films historiques d'un nouveau genre, plus humains et plus ordinaires, ainsi le héros de L'Espion Akanichi Kakita préfère son chat à son sabre et souffre de l'estomac[2]. Dans les années trente, Mansaku Itami, grand amateur de cinéma occidental, contribue donc à renouveler le genre du film historique japonais (jidai-geki). Chez Itami, le film historique devient une comédie satirique qui pose un regard critique sur le système féodal[3]. Ce regard critique lui vaut parfois des déboires, ainsi en 1932 son film Attaquants de nuit(闇討渡世, Yamiuchi tosei?) sera tellement découpé par la censure que l'accueil du public et de la critique sera mauvais, car l'intrigue en était devenue incompréhensible, au grand désespoir d'Itami qui s'est énormément investi dans ce film. Attaquants de nuit conte l'histoire d'un samouraï qui, à la fin de l'ère féodale, se bat pour participer à la modernisation du pays mais doit faire face à des rōnin engagés par un seigneur pour écraser le mouvement[4].
En 1937, Mansaku Itami participe à la première des deux coproductions entre le Japon et l'Allemagne nazie avec le réalisateur Arnold Fanck. Fanck et Itami se sont souvent affrontés pendant le tournage. Il en a résulté deux versions distinctes du film, La Fille du samouraï (Die Tochter des Samurai) côté allemand et La Nouvelle Terre(新しき土, Atarashiki tsuchi?) côté japonais.
En 1938, atteint de tuberculose, Itami doit se résoudre à quitter les plateaux de tournage, sa dernière réalisation est La Légende du géant(巨人伝, Kyojin-den?), une adaptation des Misérables, mais il continue à écrire des scénarios et des essais théoriques et critiques sur le cinéma. À la clinique, il prend sous son aile Shinobu Hashimoto, apprenti scénariste lui aussi malade, qui signera plus tard le scénario de Rashōmon pour Akira Kurosawa[6]. De santé fragile, Mansaku Itami meurt en 1946 à Kyoto à l'âge de 46 ans[1].
↑L'Espion Akanichi Kakita : titre français du film lors de la rétrospective « Grands scénaristes japonais, 1er volet : Itami Mansaku et Itō Daisuke, le clair et l'obscur » du 13 septembre au 24 septembre 2005 à la MCJP