Toucouleur, Mamadou Racine Sy est né dans le Fouta à Souïma, près de Podor, le [n 1]. Son père Elimane Racine était le chef du village et était très influent parmi les Toucouleurs. Sa mère Seynabou Rabi Bâ est issue de l’aristocratie peule et torodo de Thilogne et Guede Ouro.
Enfant, il suit une formation à la religion mulsumane et devient instructeur scolaire en études coraniques[1].
Carrière militaire
Mamadou Racine Sy entre dans le corps des tirailleurs sénégalais[1], le , et se fait remarquer par sa bravoure au combat. Il est nommé sergent le puis sous-lieutenant à titre indigène le [1]. C’est le plus jeune africain qui accède à l’épaulette. Il devient Chevalier de la Légion d'honneur en novembre 1869.
En 1878, il est désigné pour représenter les tirailleurs à Paris et est promu lieutenant le [1]. Blessé lors de la prise de Daba le [1], il est alors apprécié par ses supérieurs. Bien que la loi française limite la promotion des militaires indigènes au grade de lieutenant, ceux-ci, le colonel Gustave Borgnis-Desbordes en particulier, le proposent au grade de capitaine des tirailleurs[1]. À titre exceptionnel, Jules Grévy, président de la République française, signe le un décret faisant de Mamadou Racine le premier capitaine africain de l’infanterie de marine coloniale française[1].
En , il est chargé de rapporter au colonel Frey le traité de Kéniébakoro (ou Kéniéba-Koura) dans lequel Samory Touré, fondateur de l'empire wassoulou, reconnaissait la souveraineté de la France sur la rive gauche du Niger[2]. Le capitaine Racine devient alors, pour le compte des autorités coloniales, un guide, interprète et diplomate, auprès du nouvel allié des Français[1].
Mamadou Racine Sy est commandant du poste de Nyamina, en 1889, puis de Goumbo, en 1896, date de sa retraite. Auparavant, Louis Archinard le nomme chef du village de Kayes-rive droite (Kayes Ndi) et des territoires qui en dépendent le . Le général Edgar de Trentignan, lieutenant gouverneur du Soudan, le nomme, par décision no 236 du , fama (« roi ») du Bambouck[n 2], un poste honorifique qui place Mamadou Racine Sy en position d'intermédiaire entre les administrateurs coloniaux et les populations colonisées[1].
Fin de vie
Mamadou Racine Sy meurt le à Kita[1], au cours d’une mission de recrutement pour le chemin de fer que lui avait confié le gouverneur général en raison de son prestige et de son influence, comme l’indiqua le gouverneur Ponty dans sa lettre de désignation. Au cours de l'année 2011, sa tombe est transférée dans le cimetière réservé aux soldats français[1].
Son frère, Mademba Sy (1852-1918), assure au cours de sa vie le rôle d'interprète entre les officiers de la métropole et les soldats coloniaux[4].
Postérité
En France, des personnalités de l'époque coloniale sont enregistrées dans la mémoire nationale, tandis qu'un supplétif indigène tel que Mamadou Racine Sy reste un anonyme[1]. Au Sénégal, le nom de celui-ci est associé au portrait d'un collaborateur au service des colonisateurs, en opposition aux figures héroïques de la résistance africaine[1],[5].
Distinctions
Chevalier de la Légion d'honneur (). Mamadou Racine est le premier Noir à recevoir cette distinction[1].
↑La date exacte de naissance de Mamadou Racine Sy n'est pas connue. Il est né soit en 1838 soit en 1842. De même, son lieu de naissance n'est pas certain[1].
Anthony Guyon, Histoire des tirailleurs sénégalais : De l'indigène au soldat, de 1857 à nos jours, Place des éditeurs, (ISBN978-2-262-08598-8, lire en ligne)
Jean Gilbert Nicomède Jaime, De Koulikoro à Tombouctou, à bord du Mage, 1889-1890, Dentu, 1891, p. 299-301 (un portrait de Mamadou Racine Sy figure à la page 300 de l'ouvrage).
Guy Thilmans et Pierre Rosière, Les Tirailleurs sénégalais, 2008, p. 179.
Abdoul Sow, Mamadou Racine Sy, L'Harmattan, 2010.
Seydou Madani Sy, Le Capitaine Mamadou Racine Sy, Karthala, 2014.