Il a aussi été ministre du développement touristique, de la culture et de l'artisanat du Tchad durant un an.
Biographie
Formation
Mahamat Saleh Haroun fait des études de cinéma à Paris au Conservatoire libre du cinéma français et se forme au journalisme à l'IUT de Bordeaux. Il travaille ensuite pour plusieurs quotidiens régionaux en France.
Cinéma
En 1991, il réalise son premier court métrage Tan Koul, mais c'est son second film Maral Tanié réalisé en 1994 qui le fait connaître[2]. Ce film raconte l'histoire du mariage forcé de la jeune Halimé avec un homme d'une cinquantaine d'années. Contrainte par ses parents au mariage, la jeune femme se refuse à son mari.
Le cinéaste tourne ensuite un documentaire, Kalala. Ce film est le portait intime d'Hissein Djibrine[3], un proche de Haroun mort en 2003 du sida. Hissein Djibrine avait produit les deux premiers longs métrages du cinéaste, et Haroun est profondément touché par cette disparition[4].
En 2007, Mahamat Saleh Haroun réalise Daratt l'histoire du jeune Atim, 16 ans qui quitte son village pour N'Djamena dans le but de venger son père. Il retrouve rapidement l'assassin, un ancien criminel de guerre et se fait embaucher comme apprenti dans sa boulangerie. Mais face à cet homme Atim éprouve des sentiments qu'il n'a jamais connus. Ce film remporte l'étalon de bronze de Yennenga, ainsi que le Prix de la meilleure image au Fespaco[5].
Son quatrième long métrage réalisé en 2010 s'intitule Un homme qui crie. Le film est sélectionné en compétition officielle lors du festival de Cannes et remporte le prix du jury. Ce long métrage raconte l'histoire tragique d'un homme et de son fils que la guerre civile au Tchad va séparer. Adam a une soixantaine d'années, ancien champion de natation et maître nageur dans la piscine d'un grand hôtel, il risque de perdre son poste, que la nouvelle direction de l'hôtel veut donner à son fils. Les rebelles sont aux portes de N'Djamena et Adam perd tous ses repères. Mahamat Saleh Haroun filme un climat de guerre qu'il connaît bien, puisqu'en 1980 il avait du fuir au Cameroun, grièvement blessé lors du conflit tchado-libyen[6]. Pour ce film, il reçoit le prix Robert-Bresson à la Mostra de Venise[7].
Lors du 66e festival de Cannes en 2013, son film Grigris est présenté en sélection officielle[8]. Au Tchad, la guerre qui était en toile de fond de tous les films du cinéaste est maintenant terminée. À travers le portrait croisé d'un jeune danseur handicapé et d'une prostituée qui rêve de devenir mannequin, Mahamat Saleh Haroun s'attache à montrer la jeunesse d'un pays en pleine reconstruction[9].
En 2016, il est à nouveau à Cannes pour présenter son film de témoignages Hissein Habré, une tragédie tchadienne qui donne la parole aux victimes du régime d'Hissène Habré, président de la république du Tchad de 1982 à 1990.
Mahamat Saleh Haroun a été ministre du développement touristique, de la culture et de l'artisanat du Tchad du au [10]. Le mois du livre et de la lecture est à mettre à son actif : tout le mois du novembre est dédié à la lecture[11].
Littérature
En 2017, son premier roman, Djibril ou les ombres portées, est publié chez Gallimard[12].
En janvier 2022, il publie le roman Les Culs-Reptiles chez Gallimard[13]. En janvier 2023, il reçoit le Prix Jean-Cormier qui récompense le meilleur livre francophone sur le sport[14].
↑ a et b« Lors de sa naturalisation française, son prénom "Haroun" est devenu son patronyme alors que "Mahamat-Saleh", prénom de son père, est son nom de famille selon la tradition tchadienne. » Voir la notice de personne du catalogue général de la BnF.
↑ a et b« Kalala », sur telerama.fr (consulté le ).
↑AlloCiné, « Daratt », sur AlloCiné (consulté le ).
↑ a et bFestival de Cannes, « Un homme qui crie », sur festival-cannes.fr (consulté le ).
↑Ce prix récompense les cinéastes ayant une œuvre « significative par sa sincérité et son intensité en faveur de la recherche du sens spirituel de notre vie ».
(en) Roy Armes, « Mahamat Saleh Haroun, Chad », in African filmmaking : north and south of the Sahara, Indiana university press, Bloomington, Indianapolis, 2006, p. 158-166 (ISBN978-0-253-21898-8)
Roy Armes, Dictionnaire des cinéastes africains de long métrage (traduit de l'anglais par Marie-Cécile Wouters), ATM, Karthala, Paris, 2008, 402 p. (ISBN978-2-84586-958-5)
Renaud de Rochebrune, « Mahamat-Saleh, réalisateur tchadien », Jeune Afrique, no 2575, du 16 au , p. 18-19