L'ampleur de son œuvre la place parmi les plus emblématiques créateurs d'Art brut et médiumnique.
Biographie
Née enfant illégitime à East Ham (Londres) en 1882, elle est cachée par sa tante et sa mère jusqu'à ses 9 ans, où elle est alors placée en orphelinat.
Après un séjour au Canada où elle travaille dans une ferme, elle revient à Londres à 19 ans, où elle travaille comme infirmière. Habitant avec sa tante, cette dernière l'initie à l'Astrologie et surtout au Spiritisme.
En 1907, elle épouse son cousin avec qui elle aura trois fils et surtout une petite fille mort-née, ce qui manque de l'emporter elle aussi : elle reste alitée plusieurs mois et perd l'usage de son œil gauche. En retrouvant la santé, elle se plonge dans une œuvre médiumnique remarquable, qu'elle va poursuivre les 40 années suivantes.
En 1958, à la suite de la mort de son premier fils, elle se met à boire et arrête totalement le dessin. Ce n'est qu'après sa mort, en 1961, que l'on découvre l'ampleur de son travail : des centaines de dessins (dont certains atteignant plusieurs mètres de long) sont retrouvés dans sa maison.
Son œuvre
L’artiste Madge Gill s’inscrit dans le courant artistique de l'Art médiumnique. Les artistes de ce courant se laissent inspirer par des contacts du monde spirituel et des hallucinations[1]. Madge Gill est incitée à créer des œuvres d’art par une force extraterrestre qu’elle appelle Myrninerest, ce qui est supposé d’être dérivé de My inner Rest (ma paix intérieure)[2]. L’artiste anglaise n’était pas intéressée à la notoriété, la fabrication de ses œuvres d’art avait un but thérapeutique afin de digérer quelques expériences traumatiques[3].
Elle commence sa carrière artistique par la broderie, le tricot et le piano mais produira plus tard ses dessins célèbres à l’encre noir ou coloré[4]. Elle travaillait la nuit, très faiblement éclairée, rapidement, de manière quasiment hallucinée. L’artiste dessinait des compositions complexes caractérisées par la répétition d’une figure féminine portant un chapeau (que l'on a pu interpréter comme des autoportraits ou des représentations de sa fille disparue) entourée par un enchevêtrement vertigineux d'ornementations instinctives. Ses créations varient en taille et en support, de la taille d’une carte postale jusqu’à un canvas d’onze mètres de longueur[3].
Madge Gill - « Myrninnerest », dessins à l'encre.
Madge Gill aura plus tard une grande influence sur le mouvement surréaliste par sa création de façon automatique, libéré de toute convention sociétale[1].