Méthode Billings

La méthode Billings (appelée aussi Méthode de l'Ovulation Billings - MOB, ou Billings ovulation method) est une méthode naturelle de régulation des naissances appelée aussi méthode de planification familiale naturelle, ou encore Méthode d’Observation du Cycle/de la Fertilité. À ce titre, elle peut être utilisée pour favoriser les grossesses, comme méthode de régulation de ces dernières et in fine comme méthode de suivi de sa santé reproductive[1]. Elle est fondée sur l'observation du cycle féminin et l'identification des périodes de fertilité par le suivi de l'état de la glaire cervicale.

Elle a été proposée dans les années 1970 par un couple de médecins australiens, John Billings et Evelyn Billings (hr). La méthode a été validée par James Boyer Brown (en), docteur en pharmacie et étayée par les travaux d'Erik Odeblad (de).

L'efficacité de cette méthode est élevée dans le cadre d'un respect scrupuleux des règles mais son taux d'échec peut être élevé en utilisation courante.

C'est une des méthodes promue par l'Église catholique[2] qui prohibe dans le même temps toute forme de contraception[3].

Tableau d'observation.

Principe

Cette méthode est utilisable pour les couples qui désirent une régulation dite naturelle, fondée sur l'abstinence périodique et le dialogue. Elle peut aussi être utilisée pour les couples qui n'arrivent pas à concevoir (problème d'hypofécondité).

Il s'agit selon la Haute Autorité de santé[4] et l'OMS d'une méthode naturelle de contraception. Cependant, certains ouvrages la considèrent comme une alternative à la contraception[5],[6].

La méthode Billings est fondée sur l'observation et la sensation de la glaire cervicale, et uniquement celle-ci, pour permettre à tout moment à la femme de savoir si elle est en période féconde ou non. La glaire cervicale, substance sécrétée par le col de l'utérus, est un élément essentiel de la fécondité[7]. Pendant la période de fécondité, la glaire cervicale change de composition : l'une de ses fonctions sera de neutraliser l'acidité naturelle du vagin (acidité qui est normalement spermicide et empêche la fécondation).

Les travaux du docteur Erik Odeblad (de)[8],[9],[10] ont permis d'identifier les différents rôles de la glaire durant son évolution tout au long du cycle. En plus de la neutralisation de l'acidité naturelle du vagin en période de fécondité, la glaire aura aussi pour fonction celle de protection, de conservation, de tri, de guide, de capacitation et de « nourriture » pour les spermatozoïdes. En revanche, lors des périodes infertiles la glaire change de structure et condamne l'accès à l'utérus.

La femme, que son cycle soit régulier ou non, peut déterminer directement si elle est en période féconde ou non. En périodes pré- et post-ovulatoires, la sensation de sécheresse ressentie à la vulve lui indique qu'elle est inféconde. Le premier changement dans la sensation lui indique qu'elle entre dans sa période féconde. Chaque soir la femme note ses observations sur un tableau avec soit des timbres colorés soit des symboles, ce qui lui permet de bien suivre le déroulement du cycle.

La probabilité de grossesse[11] selon un de ses promoteurs[12] varie selon le moment de la période fertile en fonction de la phase du cycle et du dernier jour de glaire de type fertile (J désigne le jour sommet) :

La méthode Billings repose sur la sensation de la glaire cervicale.
Type de glaire Jour Probabilité de grossesse
Glaire collante J-4 ou avant 2,4 %
Glaire filante J-4 ou avant 35,3 %
Glaire collante J-3 à J-1 50,0 %
Glaire filante J-3 à J-1 54,6 %
Jour sommet J 66,7 %
Après sommet J+1 44,4 %
Après sommet J+2 20,5 %
Après sommet J+3 8,9 %
Hors période fertile 0,4 %
Toutes phases 1,2 %

Évaluation

La méthode est applicable même quand la femme a un cycle irrégulier. L'OMS indique que 93 %[13] des femmes (quel que soit leur pays) sont en mesure d'identifier les périodes fertile et infertile de leur cycle menstruel. Elle aurait été soutenue en 1981 par l'OMS[14] pour son coût nul et sa facilité d'apprentissage. Des études suggèrent tout de même que la connaissance des méthodes de planification familiale naturelle par les médecins est souvent incomplète[15], elle est même parfois présentée de manière erronée dans des cours de gynécologie-obstétrique[16].

Selon une étude rétrospective publiée par l'OMS en 2012, étude conduite en 1979 dans 5 pays, le taux de grossesse varie de 5 % à 22,5 % sur une année. Le second chiffre, jugé élevé, est attribué en partie au non-respect des règles d'utilisation. « L'étude a établi l'efficacité de la méthode lorsque les couples respectent scrupuleusement les règles, mais a également souligné le fait que les écarts par rapport aux règles et, par conséquent, les échecs étaient fréquents[17]. » Une autre étude menée en Inde abouti à une défaillance de la méthode de 1,5 % (plus ou moins 0,3 %) en utilisation parfaite, mais de 15,9 % (plus ou moins 0,8 %) en pratique[18].

L'efficacité théorique de la méthode est élevée[19], mais en utilisation typique, le taux de grossesse va de 1 % à 22 %[20]. Une étude de l'OMS de 1981 a trouvé que pour 100 femmes utilisant cette méthode, 22,3 % tombaient enceinte après 13 cycles, dont 15,4 % à la suite d'un abandon de la méthode[20],[21]. En usage parfait, le taux de grossesse est évalué de 0,5 à 3 %[20],[22]. Certaines études sur l'usage parfait ont exclu celles qui ne pouvaient pas détecter les sécrétions signe de fécondité[20].

Notes et références

  1. Billings Life - , « La méthode de l'ovulation Billings », sur www.billingslife.fr (consulté le ).
  2. « L'Église catholique s'apprêterait à autoriser une nouvelle méthode " naturelle " de contraception », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Humanae Vitae () | Paul VI », sur www.vatican.va (consulté le ).
  4. Haute autorité de santé, Fiches mémo : Contraception chez l'homme et chez la femme, Document de travail, 2013 (document sur le site de la HAS[PDF]).
  5. Isabelle et Didier Nicolas, Vivre autrement sa sexualité, Éditions de l'Emmanuel, 2000.
  6. René et Marie Sentis, Guide Totus de l'amour et de la fécondité, Sarment Éditions du Jubilé, 2004, p. 102 : « la continence périodique, […] à la différence de la contraception qui est par nature anticonceptionnelle [est] une neutralité bienveillante à l'égard de la procréation ».
  7. (en) Odeblad Erik, « Cervical mucus and their functions », Journal of the Irish Colleges of Physicians and Surgeons, vol. 26, no 1,‎ .
  8. (en) Erik Odeblad, « The Functional Structure of Human Cervical Mucus », Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica, vol. 47, no S1,‎ , p. 57–79 (ISSN 1600-0412, DOI 10.3109/00016346809156845, lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) Erik Odeblad et Gunnar Lindstrom, « Some Preliminary Observations on the Proton Magnetic Resonance in Biologic Samples », Acta Radiologica, vol. 43, no 6,‎ , p. 469–476 (ISSN 0001-6926, DOI 10.3109/00016925509172514, lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) Erik Odeblad, Baidya Nath Bhar et Gunnar Lindström, « Proton magnetic resonance of human red blood cells in heavy-water exchange experiments », Archives of Biochemistry and Biophysics, vol. 63, no 1,‎ , p. 221–225 (DOI 10.1016/0003-9861(56)90025-x, lire en ligne, consulté le ).
  11. (en) Dara Behroozi et Garey Mazowita, « New family practice residency program », Canadian Family Physician, vol. 51, no 1,‎ , p. 29 (ISSN 0008-350X, PMID 15732215, PMCID PMC1479570, lire en ligne, consulté le ).
  12. Données de l’OMS publiées dans le British Medical Journal du , d'après Centre Billings France.
  13. (en) R. E. Ryder, « "Natural family planning": effective birth control supported by the Catholic Church. », BMJ, vol. 307, no 6906,‎ , p. 723–726 (ISSN 0959-8138 et 1468-5833, PMID 8401097, DOI 10.1136/bmj.307.6906.723, lire en ligne, consulté le ).
  14. (en) « A prospective multicentre trial of the ovulation method of natural family planning. I. the teaching phase**Supported by the Special Programme of Research, Development and Research Training in Human Reproduction, World Health Organization, Geneva, Switzerland. », Fertility and Sterility, vol. 36, no 2,‎ , p. 152–158 (DOI 10.1016/s0015-0282(16)45671-2, lire en ligne, consulté le ).
  15. (en) Stephen R. Pallone et George R. Bergus, « Fertility Awareness-Based Methods: Another Option for Family Planning », The Journal of the American Board of Family Medicine, vol. 22, no 2,‎ , p. 147–157 (ISSN 1557-2625 et 1558-7118, PMID 19264938, DOI 10.3122/jabfm.2009.02.080038, lire en ligne, consulté le ).
  16. Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français (CNGOF), « Cours - Item 27 : Contraception », sur campus.cerimes.fr (consulté le ).
  17. (en) The Special Programme of Research in Human Reproduction: Forty Years of Activities to Achieve Reproductive Health for All, Giuseppe Benagiano, Catherine d’Arcangues, Jennifer Harris Requejo, Alessandra Schafer, Lale Say, Mario Merialdi DOI 10.1159/000343067[www.researchgate.net/.../79e4150ddf794193e5.pdf sur Research Gate[PDF]].
  18. (en) H. Bhargava, J. C. Bhatia, L. Ramachandran et P. Rohatgi, « Field trial of billings ovulation method of natural family planning », Contraception, vol. 53, no 2,‎ , p. 69–74 (ISSN 0010-7824, PMID 8838482, lire en ligne, consulté le ).
  19. (en) Dudley L. Poston Jr. et Leon F. Bouvier, Population and Society: An Introduction to Demography, Cambridge University Press, (ISBN 978-1-316-88317-4, lire en ligne), p. 91.
  20. a b c et d (en) SR Pallone et GR Bergus, « Fertility awareness-based methods: another option for family planning », Journal of the American Board of Family Medicine : JABFM, vol. 22, no 2,‎ , p. 147–57 (PMID 19264938, DOI 10.3122/jabfm.2009.02.080038).
  21. (en) World Health Organization, « A prospective multicentre trial of the ovulation method of natural family planning. II. The effectiveness phase* », Fertility and Sterility, vol. 36, no 5,‎ , p. 591–598 (ISSN 0015-0282, DOI 10.1016/S0015-0282(16)45856-5, lire en ligne, consulté le )
  22. (en) Robert Anthony Hatcher et Anita L. Nelson M.D, Contraceptive Technology, Ardent Media, , 874 p. (ISBN 978-1-59708-001-9, lire en ligne), p. 345.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Evelyn Billings et Ann Westmore (trad. de l'anglais par Angela de Malherbe), La méthode Billings : une méthode naturelle pour favoriser ou différer une grossesse, Paris, François-Xavier de Guibert, , 223 p. (ISBN 978-2-7554-0565-1), Nouvelle traduction.
  • Evelyn Billings et Ann Westmore (trad. de l'anglais par Angela de Malherbe), La méthode Billings utilisation d'un signe naturel de la fertilité donné par le corps pour favoriser ou différer une grossesse, Paris, P. Tequi, , 316 p. (ISBN 978-2-7403-1184-4, lire en ligne).
  • René Sentis et Marie Sentis, Connaître sa fécondité, Paris, P. Téqui, , 35 p. (ISBN 978-2-7403-0954-4).
  • René Sentis et Marie Sentis, Guide totus de l'amour et de la fécondité, Paris, Sarment Éd. du Jubile, coll. « Guides Totus », , 287 p. (ISBN 978-2-86679-362-3).

Liens externes

  • Méthode Billings WOOMB France : Site officiel de la branche française de l'Organisation Mondiale de la Méthode de l'Ovulation Billings (WOOMB International). Accréditée par cette organisation pour enseigner la méthode en France et dans les pays francophones.
  • Billings LIFE : Site officiel de l'Organisation Mondiale de la Méthode de l'Ovulation Billings (WOOMB International). Tout sur la méthode, en plusieurs langues.
  • Centre Billings France : Site de référence d'une organisation française.
  • Centre Billings Belgique Luxembourg : Site de référence de l'organisation belge et luxembourgeoise.