Un mégafeu est un incendie hors-normes déclenchant de très grands incendies, notamment des feux de forêt ravageant une très grande surface boisée, sans que cette appellation ne corresponde à une définition scientifique très précise. Leurs effets sont différents de ceux des feux classiques et leurs causes peuvent être différentes.
On parle habituellement de mégafeu lorsque la surface touchée est de l'ordre minimal de 1 000 à 10 000 hectares, mais le concept peut varier selon la taille des régions ou des pays. Alors qu'en Europe on les caractérise à partir de 1 000 hectares, aux États-Unis c'est à partir de 10 000 hectares[1].
Une étude récente de la NASA élargit la définition des mégafeux à toute une série de facteurs : « Entre les changements climatiques et près d'un siècle d'exclusion des incendies, les feux de forêts sont devenus plus extrêmes en termes de taille, de gravité, de complexité du comportement et de la résistance à l'extinction. Ces incendies sont communément qualifiés de mégafeux et se situent aux extrêmes des variations historiques »[2].
Origine du terme
Le terme de mégafeu est apparu dans la littérature américaine en 2013[3]. Le mot est composé de l'élément formant méga qui provient du grec ancien μέγας, mégas « grand » et du substantiffeu issu du latinfŏcus « foyer, feu, âtre ».
Caractéristiques générales
Ce qui caractérise les mégafeux est leur intensité, leur conséquence, leur durée et leur dimension incontrôlable. Ils ont également la particularité de sévir sur tous les continents y compris près du cercle polaire[4]. Les mégafeux ont une violence, une intensité, une étendue et une rapidité de passage extrêmement supérieures à la normale et sont proprement inextinguibles[3]. Comme pour les tempêtes de feu, leur intensité est si forte qu’ils génèrent leur propre climat[4].
Fonctionnement d'un mégafeu
La fumée des feux monte très haut dans le ciel et forme des pyrocumulus et des pyrocumulonimbus, des nuages aussi surnommés les « dragons cracheurs de feu », qui se chargent en électricité puis provoquent des orages géants, peu chargés en pluie mais avec un fort potentiel de créations d’éclairs et qui en touchant le sol, créent de nouveaux incendies[4],[5].
La fusion de feux entre eux peut créer un mégafeu, comme lors des feux de brousse de 2019-2020 en Australie, où des cas de très nombreux feux se rejoignant en un gigantesque brasier ont été relevés[6].
À partir du , la Grèce est touchée par l'un des incendies les plus meurtriers du continent européen[10] et de l'histoire récente du pays[11], les feux de forêt de l'été 2018 en Attique faisant 102 morts. L'été 2018, la Lettonie et la Suède prennent feu jusqu'au cercle polaire[12].
En Californie, en , un mégafeu a tué 85 personnes et ravagé 60 000 hectares[13],[14]. En août 2020, deux autres mégafeux y ont aussi été enregistrés : ils ont calciné respectivement 127 000 et 116 000 hectares[15].
Fin 2019, le Brésil, le Congo, la Russie et les États-Unis ont été victimes de mégafeux à une échelle qualifiée de "sans précédent"[16].
En 2023, des mégafeux se propagent au Canada sur une période de cinq mois, détruisant plus de 17 millions d'hectares de forêt. Les émissions de dioxyde de carbone représentent celle de l'Inde sur une année complète, soit 647 millions de tonnes[18].
Chiffres
Les mégafeux ne représenteraient que 3 % des incendies mais seraient responsables de plus de 50 % des surfaces brûlées de la planète[14]. Le nombre de mégafeux incontrôlables serait en augmentation[14].
La quasi-totalité (96 %) des 500 mégafeux les plus désastreux de la dernière décennie se sont produits pendant des périodes de chaleur et/ou de sécheresse inhabituelles[16].
Les exploitations forestières, avec notamment des plantations de pins, ou encore d'eucalyptus, particulièrement inflammables en raison de leur caractère pyrophyte, contribuent aussi fortement à la propagation de ce type d'incendies du fait de leur grande vulnérabilité. Ce phénomène a notamment été observé en Espagne et au Portugal, ou encore en Suède, où des incendies ont révélé le fait que la Suède possédait une forêt à 70 % industrielle[12].
En Australie, ils ont détruit près de 100.000 km2 de végétation[21].
qualité de l’air et la santé des populations
En émettant de grandes quantités de particules fines (PM2.5), ils ont un impact sur la santé des populations. Cette détérioration de la qualité d'air est associée à des maladies multiples, notamment respiratoires, telles l'obstruction pulmonaire chronique et l'asthme, et des maladies cardiovasculaires[21].
émissions de CO2
Pour les feux australiens de 2019/2020 ce sont environ 900 mégatonnes de CO2. Les feux sibériens de l’été 2020 ont émis 244 mégatonnes de CO2[22]. De plus, les fumées sont montées jusqu’à la stratosphère, la deuxième couche principale de l’atmosphère (entre ~12 et 50 km), et ont eu un impact plus important que les éruptions volcaniques modérées des trois dernières décennies[21].
Projections pour le futur
En raison de la survenance de plus en plus fréquente d’événements extrêmes, comme la sécheresse ou la canicule, le rapport du GIEC[23] (2019) prévoit une augmentation de la survenance des incendies de forêt, plus particulièrement pour l’Amérique du Nord et l’Europe du Sud.
En Europe du Sud, à la fin de ce siècle et pour le scénario RCP8.5, la surface brûlée chaque année pourrait ainsi être multipliée par un facteur compris entre 3 et 5 par rapport à la surface actuelle.
↑(en) Alexandra Witze, « The Arctic is burning like never before — and that’s bad news for climate change », Nature, vol. 585, no 7825, , p. 336–337 (DOI10.1038/d41586-020-02568-y, lire en ligne, consulté le )