Âgé de 50 ans en 1874, devenu totalement sourd du fait de la syphilis, Bedřich Smetana se consacre alors exclusivement à la composition, et compose entre autres durant 5 ans jusqu'en 1879 ce célèbre cycle de six poèmes symphoniques Ma patrie où, fidèle à ses convictions patriotiques, il évoque les mythes fondateursépiquesslaves (de l'historien Cosmas de Prague du XIIe siècle), les paysages et légendes merveilleuses de son pays, la Bohême, et l'histoire de Prague, sa capitale.
Vyšehrad
Durée : environ 14 minutes. Composé entre la fin septembre et le , et créé le .
Durée : environ 12 minutes. Composé entre le et le
Vltava (prononcer veltava, ou die Moldau, La Moldau, en allemand) est le poème symphonique le plus célèbre du cycle. Vltava est le nom de la rivière qui traverse Prague et une grande partie de la Bohême, avant de rejoindre l'Elbe dont elle est un affluent. Après une évocation des deux sources qui forment la Vltava, le thème principal apparaît :
Suivent ensuite des tableaux évoquant les bois, les danses paysannes sur des rythmes de polkasslaves, danses folkloriques traditionnelles de Bohême, et les nuits magiques de Bohême. L'agitation de l'orchestre reflète les chaos géologiques que traverse la rivière, avant son arrivée majestueuse à Prague, et son passage devant Vyšehrad, dont le thème est cité.
Le thème principal de cette œuvre se rapproche de beaucoup d'autres musiques européennes, comme le morceau tchèque Kočka leze dírou(cs), le chant juif Hatikvah ("L'Espoir" en hébreu) qui deviendra en 1948 l'hymne national de l'État d'Israël, et bien d'autres œuvres musicales. L'origine commune de ces musiques est en fait la chanson italienne de la Renaissance La Mantovana, dont l'air s'est répandu dans toute l'Europe[2].
Durée : environ 10 minutes. Achevé le , et créé le .
Šárka la guerrière (figure centrale de l'ancienne légende tchèque de « la guerre des Demoiselles » de Cosmas de Prague (The Maidens' War(en)) est une héroïne tchèque qui jure de venger l'assassinat de la reine Libuše par le prince Ctirad, avec son armée de guerrières. Elle se fait attacher à un arbre et se fait passer par ruse pour une prisonnière des femmes rebelles. Elle est délivrée par le prince Ctirad qui tombe amoureux d'elle, la relâche et l'épouse. Elle enivre alors tous les hommes du prince à l'hydromel au cours d'une fête orgiaque, puis sonne un signal avec son cor à ses guerrières pour faire massacrer tous les assassins endormis.
Šárka la guerrière, et le prince Ctirad, sculpture de Josef Václav Myslbek (1881) à Vyšehrad
Šárka la guerrière, et le prince Ctirad par Věnceslav Černý
Z českých luhů a hájů
Durée : environ 12 minutes. Achevé le , et créé le .
Z českých luhů a hájů (des forêts et prairies de Bohême) évoque de manière descriptive les paysages de Bohême.
Tábor
Durée : environ 13 minutes. Achevé le , et créé le .
Tábor est une ville de la région de Bohême-du-Sud (capitale des croisades contre les hussites). Construit sur un majestueux choral, « Vous qui êtes les combattants de Dieu », Tábor évoque divers traits du caractère du peuple hussite et en particulier de ses soldats.
Blaník
Durée : environ 14 min. Achevé le , et créé le en même temps que le poème précédent.
Blaník est une montagne légendaire, où la légende raconte qu'une importante armée de chevaliers hussites tchèques dort à l'intérieur. Ces chevaliers se réveilleront pour venir en aide à la patrie lorsqu'elle sera en grand danger, menés par saint Venceslas Ier de Bohême (souverain et saint patron de la République tchèque). Le thème de départ est le même choral que celui utilisé dans Tábor. Il est fondé sur l'espoir du développement de la Bohême. Le final fait entendre à nouveau le thème du premier Vyšehrad,, confirmant la cohésion du cycle entier.