Parmi ses livres les plus célèbres, figurent Ciranda de Pedra (1954), Verão no Aquário (1963), Antes do Baile Verde(1970, en françaisUn thé bien fort et trois tasses), Seminário dos Ratos (1977) et As Horas Nuas(pt) (1989, en français, L'heure nue). La nouvelle qui donne son titre au recueil Antes do Baile Verde obtint le Grand Prix International Féminin pour les étrangers, dans la langue française, à Cannes (France) en 1969[5]. Son roman le plus connu, As Meninas(en français, Les Pensionnaires) de 1973[6], a remporté le prix Jabuti. Il raconte l'histoire de trois jeunes femmes au début des années 1970, lorsque le Brésil était sous la dictature militaire. Le livre a fait l'objet d'une adaptation cinématographique (pt).
Parallèlement à sa carrière littéraire, elle a travaillé comme avocate à l'Institut de retraite de l'État de São Paulo, poste qu'elle a occupé jusqu'à sa retraite en 1991, et a été présidente de la Cinemateca Brasileira, fondée par son mari Paulo Emílio, à la mort de ce dernier (1977).
Le travail de Lygia Fagundes Telles établit un dialogue intéressant avec celui de son amie Clarice Lispector. Toutes deux explorent, d'une manière inédite jusqu'alors, l'univers féminin dans une perspective moderne, rompant avec le moralisme social qui laissait les femmes en marge de la figure masculine. Son écriture retrace ses personnages à travers les techniques du flux de conscience et du monologue intérieur, les élevant au rôle de protagoniste de ses histoires[7]. En plus d'aborder intensément des thèmes féminins, Fagundes Telles a fait de la place dans son travail à des thèmes tels que la vie dans les grandes villes, ainsi qu'aux problèmes sociaux et à d'autres thèmes controversés, comme la drogue, l'adultère et l'amour[8]. En général, ses personnages sont des êtres agités et vulnérables, instruments de réflexion psychologique, qui évoluent avec une apparente spontanéité, comme une représentation ironique de la société[9]. Lygia Fagundes Telles a fusionné le fantastique avec la réalité de l'espace urbain, incorporant de nombreux éléments modernes dans ses histoires[7],[10],[11].
Féminisme et politique
Ses débuts en tant que femme écrivain représentent un défi, car bien qu'à l'époque les poètes féminines étaient à la mode, il était difficile pour une femme d'écrire un livre avec la liberté d'aborder tous les thèmes. "Oui, c'était un défi difficile à relever car les préjugés étaient anciens et profonds. Quoi qu'il en soit, je savais que, selon Trotski, ceux qui sont au premier rang sont ceux qui reçoivent les premières volées sur la poitrine. La solution était d'engager le combat, de sortir de la condition de femme goiabada, [qui est] la femme de la maison, l'antique « reine du foyer » qui sait faire la meilleure goiabada (pt) dans la bassine en cuivre"[12].
Lygia Fagundes Telles a abordé dans ses livres des sujets considérés à l'époque comme tabous, comme par exemple l'homosexualité et la sexualité féminine dans Ciranda de Pedra[13]. Beaucoup de ces récits de femmes en souffrance ont également été lus comme des allégories de la situation politique de son pays, sous dictature militaire entre 1964 et 1985[14].
« J'ai travaillé, j'ai étudié et j'ai choisi deux vocations clairement masculines : j'étais une féministe inconsciente, donc j'étais une féministe », a-t-elle écrit dans La discipline de l'amour (Trad. Maryvonne Lapouge-Pettorelli), paru en 1980[14].
Elle a fait partie des intellectuels qui se sont rendus à Brasilia en 1977 pour présenter le « Manifeste des intellectuels »: plus de mille signatures réclamant l’abolition de la censure[15],[16]. Il s'agissait de la plus grande manifestation d'intellectuels depuis 1968 contre le régime militaire et la censure de la presse.
La Structure de la bulle de savon(pt), Alinea, 1986 ; Pocket ; Serpent à plumes, 2000 ((pt) Filhos pródigos puis ré-édité sous le titre (pt) A Estrutura da Bolha de Sabão) - recueil de nouvelles.
L'Heure nue(pt), Alinea, 1991 ; Serpent à plumes, 2000 ((pt) As Horas Nuas) - roman.