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L’école d'apprentissage laïque de garçons est créée en 1867 pour les métiers du bois et du fer. Cette école est gratuite et ouverte à tout garçon âgé d'au moins 12 ans. En 1871, Jules Siegfried, alors adjoint au maire, propose un projet d’école pratique au conseil municipal du Havre[1].
En 1878, la municipalité engage 150 000 francs dans la construction de nouveaux locaux à l'angle de la rue de Tourville et de la rue Dumé-D'Aplemont.
L’École pratique est transférée dans ses nouveaux locaux le 5 octobre 1879. Trois ateliers sont implantés : la menuiserie, la serrurerie et la forge, de même que quatre salles de classe et deux classes de dessin. La nouvelle école peut alors accueillir 200 élèves.
Par la suite, l'école ne cesse de se développer. Huit forges et onze enclumes sont affectées à la chaudronnerie ainsi que deux autres forges dans l'atelier de fonderie, qui se dote d'un four destiné à l'élaboration du métal en fusion[1].
Atelier de fonderie de l'école pratique d'industrie[2].
Groupe d'étudiants autour de balles de coton américaines et indiennes[2].
Évolution du recrutement et multiplication des formations
Transférée dans les locaux dotés des nouveaux ateliers rue de Tourville[3] le , l'école pratique d'industrie prépare alors ses élèves aux métiers de menuisiers, découpeurs et tourneurs sur bois, forgerons serruriers, tourneurs sur fer, ajusteurs mécaniciens, fondeurs-chaudronniers.
Jusqu'en 1896, la seule condition pour y entrer est d'avoir 12 ans. Il n'existe aucune autre forme de sélection pour être admis dans l'école.
Lors de ces premières années, il y a un important nombre de renvois ou d'abandons[4] du fait que les élèves issus des classes populaires n'ont pas de bases scolaires suffisantes, et ne viennent pour certains que pour passer l'hiver dans l'école avant de la quitter à l'arrivée du printemps.
À compter de la rentrée 1896, les élèves âgés de 12 ans doivent avoir leur certificat d'études primaires pour être admis dans l'école, ou à défaut, passer un examen d'entrée. À compter de 1901, tous les élèves devront passer cet examen d'entrée pour être admis dans l'école d'apprentissage[3].
Variations des effectifs sur une période de 3 ans
Période de 3 ans
Début de 1re année
Fin de 1re année
Fin de 2e année
Fin de la 3e année
1874-1877
65
47 (72,30% de l'effectif restant)
34 (52,30%)
26 (40,00%)
1876-1878
70
51 (72,85%)
32 (47,71%)
23 (32,85%)
1876-1879
72
51 (70,83%)
34 (47,22%)
17 (23,61%)
La durée des études est de 3 ans et à partir de 1881. Le conseil municipal accorde la création d'une 4e année afin de préparer les meilleurs élèves au concours d'entrée à l’École des arts et métiers de Châlons.
Œuvre havraise de rééducation professionnelle des mutilés de guerre 1915-1920
Dès le mois de , le maire du Havre adresse un appel à ses concitoyens pour permettre aux mutilés de guerre de reprendre leur place dans la vie par la rééducation professionnelle. Immédiatement, quelques havrais élaborent un projet d’École de rééducation. L'objectif est de venir en aide aux mutilés originaires de l'arrondissement du Havre par l'apprentissage d'un métier en fonction de leur handicap, et de leur permettre une fois rentrés dans leur foyer, de gagner leur vie[5]. Le projet abouti en . 405 mutilés de guerre sont passés par cette structure pendant toute sa durée d'existence. L’œuvre havraise de rééducation professionnelle des mutilés de guerre a été dissoute à la fin de l'été 1920.
Section coloniale
La section coloniale de l'école pratique d'industrie a été inaugurée officiellement le . Celle-ci avait pour but de spécialiser les étudiants ayant une instruction moyenne afin de former du personnel secondaire de grandes entreprises coloniales agricoles, industrielles ou commerciales.
Cette matière devait être indépendante. Cependant pour limiter les dépenses au minimum, l'école de la section coloniale a été installée dans les locaux de l'école pratique d'industrie ce qui était un avantage car les élèves possédaient les connaissances pratiques nécessaires sur l'engrenage du coton (en montage, entretien et réglage) et du fait que l'école était l'un des plus grands centres d'importation de matières premières d'origine tropicale.
Les élèves qui composaient la section coloniale étaient libres de participation tant qu'ils avaient 16 ans et avaient des résultats moyens. Si ses résultats étaient insuffisants, l'élève devait passer un examen d'entrée afin d'intégrer les 20 ou 25 élèves de la section. La durée de l'enseignement était d'une année scolaire (début octobre à fin juillet).
Les matières étudiées en section coloniale étaient au nombre de 17 :
Étude théorique et pratique des productions coloniales d'origine végétale et d'origine animale
Étude spéciale, théorique et pratique du coton (étirage, classement, etc.)
Étude pratique et théorique de l'engrenage et de l'emballage du coton
Agriculture générale et génie rural
Médecine vétérinaire et élevage
Éléments de botanique appliquée, d'horticulture et de jardinage
Histoire, géographie et administration coloniales
Éléments de droit administratif, de droit commercial et d'économie politique
Comptabilité et arithmétique commerciales
Correspondance commerciale
Hygiène et assistance médicale
Topographie et arpentage
Sténographie et dactylographie
Électricité pratique
Croquis à main levée et dessin industriel
Langue anglaise
Ajustage, menuiserie, forge et chaudronnerie.
Exemple de page du registre de l'Œuvre havraise de rééducation professionnelle des mutilés de la guerre[2]
Photo des étudiants d'école pratique d'industrie avec professeur section coloniale
Salle coloniale de l'école pratique d'industrie du Havre. Présentation des produits coloniaux.
En 1885, l'école d'apprentis-mécaniciens est placée sous la même direction et dans le même établissement, elle prépare à la carrière d'officier mécanicien de la marine marchande.
L'école d'hydrographie et les cours de mécanicien de la marine marchande sont installés dans le même bâtiment que l'école d'apprentis-mécaniciens et elle donne la possibilité d'avoir les connaissances scientifiques nécessaires pour le brevet de capitaine et d'officier mécanicien.
L'école industrielle de Maistrance datant de 1918 est annexée à l'école pratique d'industrie. Elle servait à repérer et former des contremaîtres et des dessinateurs pour les établissements métallurgiques et les chantiers de construction navale.
Classement et résultats aux examens
Classement du lycée
En 2017, le lycée se classe 6e sur 45 au niveau départemental quant à la qualité d'enseignement, et 559e sur 2 277 établissements au niveau national[Passage à actualiser][8]. Le classement s'établit sur trois critères : le taux de réussite, la proportion d'élèves de première qui obtient le baccalauréat en ayant fait les deux dernières années de leur scolarité dans l'établissement, et la valeur ajoutée (calculée à partir de l'origine sociale des élèves, de leur âge et de leurs résultats au diplôme national du brevet)[9].
Théodore Nègre : Nommé enseignant en 1925 à l'école pratique d’industrie du Havre, il a donné ses premiers cours d'histoire et de géographie à l'école pratique coloniale associée. Il est devenu directeur de l'école en 1941 et le restera jusqu'en 1964. En 1942, il était au poste de directeur et a organisé la transformation de l'école pratique en collège technique. Théodore Nègre a développé une nouvelle pédagogie : il a instauré un centre de documentation, des stages sur le terrain, des mémoires d'élèves, des conférences de professionnels. Il a écrit le livre Le Havre - Étude de géographie urbaine qui a été publié en 1947. Théodore Nègre décédera le .
Marcel Gascoin : Il suit une formation technique de menuisier-ébéniste au lycée Jules-Siegfried. De 1952 à 1955, il fait appel à Loison frères, une maison havraise spécialisée dans la fabrication industrielle de mobilier de marine, pour éditer ses meubles et les diffuser dans sa ville natale, alors en pleine reconstruction sous la direction d'Auguste Perret.
Notes et références
↑ a et bYann Favennec ; Fabrice Richer ; Pascal Valinducq, Le Havre en photographie 1860-1910, Le Havre, Éditions François 1er, , 357 p. (ISBN2-9523120-0-1), p. 84
↑ abcde et fArchives du lycée Jules-Siegfried du Havre
↑ a et bPascale Rougier-Pintiaux, « L'Ecole d'Apprentissage du Havre: une tentative d'éducation populaire », Revue française de sociologie, vol. 24, no 4, , p. 664 note 48 (DOI10.2307/3321341, lire en ligne, consulté le )
↑Pascale Rougier-Pintiaux, « L'École d'apprentissage du Havre : une tentative d'éducation populaire », Revue française de sociologie, vol. 24, no 4, , p. 662-663 (DOI10.2307/3321341, lire en ligne, consulté le )