Travaux du chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre
Pour le compte de l'Association française du tunnel sous-marin entre la France et l’Angleterre, il est directeur des travaux du chemin de fer sous-marin entre la France et l'Angleterre d' à où il est chargé du forage du puits de Sangatte[6]. Pour le forage, des perforatrices sont mises au point. Le rythme de forage est d’environ 400 mètres par mois permettant d’espérer la fin du forage au bout de cinq ans. Mandatés par une commission militaire anglaise en 1881, « trois officiers visitent le chantier de Sangatte, près de Calais, constatent les difficultés que rencontre la Société française à cause des failles nombreuses, s’inquiètent des moyens prévus pour noyer le tunnel en cas de danger. Pour toute réponse, l’ingénieur en chef Ludovic Breton ouvre une vanne, qui détrempe immédiatement les trois délégués. « C’est parfait, déclarent-ils, encore faut-il un homme sûr ». »[7]. La Grande dépression et l’influence des opposants au tunnel côté britannique font que le projet est abandonné en 1883. Plus de trois kilomètres de galeries ont été creusées, dont 1 839 mètres de galerie horizontale sous la mer[8]. « 18 mars 1883 : Ludovic Breton écrit alors : « Cette date restera gravée dans ma mémoire jusqu'à ma mort. Elle indique l'arrêt de la perforation de la galerie d'étude du tunnel sous-marin entre la France et l'Angleterre ». »[9].
Avec Albert Sartiaux, il organise une nouvelle tentative de projet de tunnel sous la Manche en 1906[10],[11].
Les galeries horizontales creusées sous la mer seront réutilisées fin du XXe siècle pour le tunnel sous la Manche[6].
Exploitation des mines d'Hardinghen
Propriétaire-directeur des mines d'Hardinghen[4] le pour le prix de 17 100 francs, y compris le chemin de fer aboutissant en gare de Caffiers, mais à l'exclusion des maisons ouvrières, il y ouvre une fosse d'extraction (Glaneuse no 1), et y exécute quelques autres travaux (fosses Glaneuse no 2 et de la rue des Maréchaux).
« Le 22 août 1888, les concessions, les fosses, le chemin de fer, etc., furent revendus à M. Ludovic Breton, frère du peintre Jules Breton, pour la somme dérisoire de 16 500 francs. Le 29 mars 1889, le nouveau propriétaire rétrocéda les maisons d’ouvriers, bâtiments et terrains à Mme Magnier et autres pour 7 800 francs et entreprit l’exploitation seul.
Les anciens exploitants avaient bien fouillé cette région, mais ils avaient oublié sur la concession d’Hardinghen un lambeau houiller de quelques hectares. M. Ludovic Breton, géologue distingué, habitant le pays et le connaissant bien, n’ignorait pas certainement cette particularité : c’est là qu’il a installé sa première et unique fosse qu’il a nommée La Glaneuse, nom assez original en la circonstance et indiquant bien qu’il n’entend ici que recueillir ce qui reste d’une récolte déjà faite.
Cette exploitation, qui date du 22 août 1888, comprend deux puits : l’un pour l’extraction, l’autre pour l’aérage et la circulation des ouvriers. Le fonçage a été commencé le 4 septembre, et comme il n’y avait dans le pays que des manœuvres et des maçons, tous les boisages ont été supprimés et on a maçonné mètre par mètre, au fur et à mesure de l’approfondissement. Deux mois après l’ouverture des travaux, le puits d’extraction atteignait le terrain houiller à 54,20 mètres de profondeur et six mètres plus bas une veine de houille de 60 centimètres d’épaisseur. Un accrochage au niveau d’exploitation est maintenant ouvert à 42 mètres de profondeur. Le puits d’aérage est rectangulaire, le puits d’extraction est carré. Les dépenses sont aussi restreintes que possible. Les frais d’administration et de direction s’élèvent à 0,22 franc par jour, les indemnités d’occupation à 0,28 franc, les frais d’extraction à 0,85 franc ; le matériel roulant est loué à la Compagnie du chemin de fer sous-marin. Le charbon extrait est vendu soit en gros aux usines de la région, soit en détail dans les rues de Calais et communes environnantes. En résumé, M. Breton est entré en extraction n’ayant pas dépensé 5 000 francs, ce qui représente à peine deux jours de perte de la Compagnie défunte. La production de 1889 a été de 1 154 tonnes ; celle de 1890 parait devoir atteindre 5 000 tonnes. L’étendue qui reste à exploiter est de deux à trois hectares seulement pour chaque veine et la valeur du charbon à extraire par la fosse la Glaneuse est de deux à trois millions de francs. Cette exploitation d’une mine de houille par le propriétaire, mineur et ingénieur en même temps, est, croyons-nous, unique en son genre en France. Elle nous a paru intéressante à signaler[12]. »
La fosse Glaneuse no 1 est mise en chômage le , après avoir fourni 23 000 tonnes de charbon[13].
Exploitation des mines de Gouy-Servins et Fresnicourt
Ludovic Breton initie des prospections géologiques dès 1896 et devient mandataire de la société de recherches de Fresnicourt[14] qu'il a constitué avec d'ancien administrateurs de la Compagnie de Blanzy. L'une des premières pétitions soumises par Ludovic Breton au nom de la société de recherches de Fresnicourt date du , après sa découverte de « terrain bouiller à Fresnicourt, au sud de la concession de Nœux ». « M. Ludovic Breton y voit la chute de la falaise d'un fjord qu'il baptise de son propre nom. (...). On peut voir que la profondeur du fjord Ludovic Breton, de 1 800 mètres environ sur la concession d'Ablain-Saint-Nazaire, n'a plus que 1 500 mètres de profondeur sur la concession de Fresnicourt, remontant ainsi de trente mètres par kilomètre vers l'ouest[15] ». D'autres demandes sont effectuées notamment le [14], qui doivent subir la concurrence des demandes d'autres sociétés, telles que la Compagnie des mines de Béthune, pour obtenir l'une des six concessions prévues dans la zone houillère qu'il a découverte. Il obtient la concession des mines de houille de Fresnicourt le et la concession de Gouy-Servins le [16], après avis favorable du ministre des travaux publics Armand Gauthier le , face aux grandes sociétés métallurgiques formant le consortium de Longwy[17].
↑Philippe Gallois, L'histoire du tunnel : les grandes étapes du lien fixe de transmanche, Wissant, Syndicat d'initiative de Wissant Site des Deux caps et CETE Nord-Picardie, (BNF35725901)
↑Laurent Bonnaud, Le modèle ferroviaire à l'épreuve : les sociétés du tunnel sous la Manche 1872-1900 : Railway Management and Its Organisational Structure : Its Impact on and Diffusion Into the General Economy, Universidad de Sevilla, (ISBN84-472-0450-2 et 9788447204502, lire en ligne), p. 71-72
↑ ab et cInformation issue de l'Étude sur le mode de formation de la houille du bassin franco-belge (théorie nouvelle), par Ludovic Breton, reprise dans l'annuaire de l'Association des anciens élèves de l'Institut industriel du Nord, édition de 1892, qui inclut une notice biographique de Ludovic-Joseph Breton (BNF32695987)
↑ a et bPierre Duffaut et Patrick Margron, Le Tunnel sous la Manche : géologie et géotechnique : actes des journées d'études organisées par l'École nationale des ponts et chaussées, Paris, 31 mai-1er juin 1989, Paris, Presses de l'École nationale des ponts et chaussées, , 326 p. (ISBN2-85978-137-4 et 9782859781378, lire en ligne)
↑Laurent Bonnaud, Le tunnel sous la Manche : deux siècles de passions, Paris, Hachette, , 389 p. (ISBN2-01-235094-1)
↑Lyne Cohen-Solal et Bernard Sasso, Histoire du tunnel sous la Manche : chronique d'une passion franco-anglaise, Paris, Lieu Commun, , 231 p. (ISBN2-86705-188-6 et 978-2867051883)
↑Albert Olry, Topographie souterraine du bassin houiller du Boulonnais ou bassin d'Hardinghem : Études des gîtes minéraux de la France, publiées sous les auspices de M. le Ministre des travaux publics par le Service des topographies souterraines, Paris, Impr. nationale, (BNF31036334), iii, 15, 45.
↑ a et bEugène Breton, M. Ludovic Breton, demandeur en concession de mines de houille dans le Pas-de-Calais et comme mandataire de la Société de recherches de Fresnicourt, Calais, Imp. J. Peumery, , 24 p. (lire en ligne)
↑Comptes-rendus mensuels des réunions de la Société de l'industrie minérale - Les méandres du fjord Ludovic Breton sur les concessions de Fresnicourt - 1915
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Étude géologique du terrain houiller de Dourges, par Ludovic Breton ; Lille : impr. de L. Danel, 1873 (BNF30159488)
Étude stratigraphique du terrain houiller d'Auchy-au-Bois : théorie sur le prolongement au sud de la zone houillère du Pas-de-Calais, et comparaison des terrains houillers d'Auchy-au-Bois et du Boulonnais, par Ludovic Breton, Lille, impr. de Danel, (BNF30159489, lire en ligne)
Étude sur le mode de formation de la houille du bassin franco-belge (théorie nouvelle), par Ludovic Breton, Paris, Savy, (BNF30159490, lire en ligne)
Ludovic Breton, Paul Gaillet et Ernest Bosker, Phosphates dans la Somme : Travaux des membres de l'association amicale des anciens élèves de l'Institut du Nord : Année 1887 - Tome X : Bulletin n3, vol. 3, t. X, Lille, Imprimerie L. Dane, coll. « Institut industriel du Nord », , 160 p. : Ill., couv. ill. ; 26 cm (présentation en ligne)
Étude sur l'étage carbonifère du Bas Boulonnais, par Ludovic Breton ; Bulletin de la Société de l'industrie minérale (SIM) ; 3e série, tome V ; 1891
La Houille en Lorraine, en Champagne et en Picardie, par M. Ludovic Breton ; Calais, impr. de J. Peumery, 1903 (BNF31870868)
Seconde vue du bassin houiller du Pas-de-Calais, du Nord et de la Belgique, par Ludovic Breton ; Saint-Etienne : impr. J. Thomas, 1906-1907; Extrait des «Comptes rendus mensuels de la Société de l'industrie minérale», - (BNF35399745)
César-Élie Gruyelle, 1832-1895. (Signé : Ludovic Breton.) ; Lille : impr. de L. Danel, 1895 (BNF30159487)
Jean-Joseph Promper, un des premiers directeurs de mines du début du bassin du Pas-de-Calais, par Ludovic Breton ; Paris : Impr. de J. Royer, 1910 (BNF31870869).
Ludovic Breton, Les principaux événements de ma vie agrémentés d'anecdotes et l'art de savoir rester jeune, Lille, Imprimerie Jules Royer, coll. « BML Magasin 2 Cote: 119648 », 1912-1914, 4 vol. ; 8° (présentation en ligne)
Mémoires de la Société des sciences, de l'agriculture et des arts de Lille, Lille, (lire en ligne), p. 735