Louise Augustine Gleizes, généralement évoquée par son prénom Augustine, née Louise Augustine Bouvier le dans le 9e arrondissement de Paris et morte le à Rennes, est une domestique française.
Louise Augustine Bouvier naît en 1861, au 56, rue de Dunkerque à Paris, au domicile maternel. Elle est la fille naturelle de Clarisse Joséphine Bouvier, une domestique de 27 ans[1]. Six semaines après sa naissance, sa mère épouse François Gleizes, un valet de chambre de 32 ans, légitimant ainsi sa fille qui prend le nom de Gleizes[2]. Les époux Gleizes sont tous deux domestiques dans une grande maison.
Louise Augustine passe son enfance dans un internat religieux[3]. Elle commence, elle aussi, à travailler comme domestique à l'âge de 13 ans dans la même maison que ses parents[4],[3],[5]. La même année, elle est violée sous la menace d'un rasoir par son patron, qui avait déjà auparavant agressé sexuellement sa mère. Les fortes crises d'hystérie qu'elle ressent à la suite de ces événements sont généralement associées à cette agression sexuelle[3] et provoquent, le , son internement à l'hôpital de la Salpêtrière à l'âge de 14 ans[4],[5].
Durant ses années à la Salpêtrière, le neurologue Jean-Martin Charcot se trouve fasciné par la puissance des crises d'hystérie de la jeune fille. Il décide alors d'en faire sa patiente attitrée et commence à organiser des réunions mondaines convoquant journalistes, médecins et politiciens afin d'observer la puissance de l'hystérie[3]. Le neurologiste se sert aussi d'Augustine afin de tester ses nouvelles techniques d'hypnose. La jeune fille y étant très réactive, Charcot la fait entrer en transe et les spectateurs étaient autorisés à venir la manipuler[3]. Pour la première fois, des photographes pénètrent au sein de l'hôpital afin d'immortaliser les impressionnantes contorsions de la patiente[4],[6]. Les photos prises d'Augustine sont par la suite utilisées par Charcot pour exposer l'hystérie comme une véritable maladie[7],[8],[9].
Quand Augustine refuse de participer aux expériences, elle est mise à l'isolement. Elle finit par s'évader de l'hôpital en 1880 habillée en homme[10].
En 1895, alors sans profession et domiciliée à Clichy, elle épouse à Saint-Denis Alphonse Ferrand, rentier[11]. Ce dernier, né à Dol-de-Bretagne en 1855, devenu médecin comme ses deux frères[12], s'est établi à Paris[13]. Il meurt, toujours marié, en 1903 à Paramé[14],[Note 1]. On perd la trace de Louise Gleizes après cette date.
Veuve et « propriétaire », elle meurt à Rennes le , à la clinique Saint-Yves[15],[16].
↑Sur son acte de décès, il est dit « époux de Louise Glaize » (sic).
Références
↑Acte de naissance no 835, , Paris 9e, Archives de Paris (avec mention marginale de reconnaissance) [lire en ligne] (vue 12/31)
↑Acte de mariage no 552, , Paris 9e, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 23/31)
↑ abcd et eLuc Perino, Patients zéro : Histoires inversées de la médecine, Paris, La découverte, , 207 p. (ISBN978-2-348-05864-6), Chapitre 4 : Les trois héroïnes de l'hystérie
↑ ab et cEntertainment, « Medical history's mystery woman finds her voice », Smh.com.au, (lire en ligne, consulté le )
↑ a et bOlivier Walusinski, MD, Jacques Poirier, Hubért Duchy, « Film Review, 'Augustine' », European Neurology, (consulté le )