Sixième enfant et cinquième fille du duc d'Orléans, la princesse est par sa mère une petite-fille du roi Louis XIV. Louise-Élisabeth d'Orléans naît le à Versailles pendant la Guerre de succession d'Espagne qui accule le royaume à la ruine. L'hiver de cette année 1709 est particulièrement rigoureux et provoque un grand nombre de victimes. La princesse est ondoyée le jour de sa naissance dans la chambre de la duchesse d'Orléans par l'abbé de Tressan, premier aumônier du Duc d'Orléans, en présence de Claude Huchon, curé de l'église Notre-Dame de Versailles, la paroisse du château de Versailles[1].
Il n'est question à la cour que du mariage du duc de Berry Charles de France (1686-1714), petit-fils du roi. La guerre empêchant une alliance avec une cour étrangère, c'est parmi les princesses de son sang que le roi doit trouver une épouse pour son petit-fils. Les Orléans sont de nouveau les rivaux des Bourbon-Condé mais c'est une Orléans, la sœur aînée de Louise-Élisabeth qui est choisie.
Louise-Élisabeth d'Orléans reçut une éducation peu soignée, le duc et la duchesse d'Orléans s'occupant peu de leurs enfants. Le duc se devait d'être à la guerre ou se consacrait avec ses amis à la débauche et aux arts d'agrément. La duchesse, égocentrique, ne bougeait pas de son canapé. La grand-mère de la princesse, la fameuse Palatine, toujours humiliée par le mariage de son fils, recluse dans ses appartements, se consacrait à sa correspondance et à ses chiens.
Louise-Elisabeth était traditionnellement appelée à épouser un obscur prince allemand ou italien ou à devenir abbesse d'un chapitre de dames nobles. Mais son destin fut tout différent.
Depuis 1715, son père exerce la régence durant la minorité de Louis XV. La guerre oppose la France et les puissances de la Quadruple-Alliance à l'Espagne. Mais en 1720, convaincu de la nécessité de faire la paix, Philippe V d'Espagne propose des mariages : sa fille Marie-Anne-Victoire d'Espagne, âgée de trois ans épouserait Louis XV, et son fils aîné Louis, prince des Asturies, épouserait une fille du Régent. Mais à cette date, toutes les filles aînées du duc d'Orléans sont mariées. Il ne reste que Mademoiselle de Montpensier (Louise-Élisabeth), dix ans et ses sœurs, Mademoiselle de Beaujolais, cinq ans et Mademoiselle de Chartres, quatre ans.
Il est décidé que Mademoiselle de Montpensier épouserait l'héritier du trône espagnol et que Mademoiselle de Beaujolais serait fiancée à l'infant Charles, troisième fils du roi d'Espagne, mais issu de son second mariage avec l'ambitieuse princesse de Parme Élisabeth Farnèse.
Le mariage est célébré le . Louise-Élisabeth vient d'avoir 12 ans et son mari, 14. On surveille Élisabeth, on l'espionne, on la soupçonne de tous les maux. La princesse des Asturies se renferme sur elle-même. Elle se venge en faisant mille espiègleries et caprices, se moque de ses dames de compagnie et, dit-on, les entraîne à des « jeux contre nature »[3].
Le , Philippe V abdique en faveur de son fils aîné, qui devient le roi Louis Ier. Élisabeth devient donc reine à quatorze ans, mais le couple immature ne s'entend pas. Après sept mois de règne, Louis meurt sans enfant le suivant et Philippe V reprend sa couronne. Le régent de France est mort l'année précédente et son cousin et rival le duc de Bourbon est aux commandes de l'État. Il n'a que faire d'une reine veuve de la maison d'Orléans.
Retour en France
Louise-Élisabeth, veuve à quinze ans, est tenue sous surveillance étroite, dans le plus grand dénuement, d'autant que la France rompt les fiançailles du jeune Louis XV et renvoie l'infante Marie-Anne-Victoire. Le , Louise-Élisabeth quitte l'Espagne et regagne discrètement Paris où elle arrive le . Elle s'installe d'abord au château de Vincennes puis au palais du Luxembourg, où elle vit dans la piété.
Comte de Pimodan, Louise-Élisabeth d'Orléans, reine d'Espagne, 1709-1742, Plon, 1928, 393 p.
Mémoires de Louis de Rouvroy, duc de Saint-Simon, tome VIII, édition de la Pléiade : année 1722, page 318 et suivantes notamment. Voir aussi les pages de la même année concernant le mariage.
Nathanaël Payen, « L'échange des princesses française et espagnole en 1722 et 1725 », dans Marie-Bernadette Dufourcet-Hakim et Josette Pontet (coord.), Guerre et paix: les enjeux de la frontière franco-espagnole (XVIe-début XIXe siècle), Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, (ISBN979-10-300-0082-5), p. 257–278.
↑Supplément au grand dictionnaire historique, généalogique, géographie de Louis Moreri pour servir à la dernière édition de 1732 et aux précédentes, tome second, Paris, 1749, p.220.
↑Philippe de Montjouvent, Éphéméride de la Maison de France, Charenton, Éditions du Chaney, 1999, p. 188.