En 1854, il acquiert un terrain, et il crée les ateliers Gargan dans un champ du village de La Villette, intégré à Paris en 1860. Son entreprise construit des locomotives (machines à vapeur) et des voitures. Il obtient alors sa première commande de la compagnie du chemin de fer d'Orsay, soit quatre tenders et des wagons, pour les compagnies du Nord et Est.
En 1859[2], Louis-Xavier Gargan élabore le plan du premier wagon-citerne, qui permet d'approvisionner en eau potable le chantier du canal de Suez, entrepris par Ferdinand de Lesseps. Il est construit un an plus tard. Le jury de l'exposition universelle de 1860 à Paris lui décerne une médaille d'or pour cette invention.
Vers 1860-1861, il acquiert un second terrain sur la route du Raincy à Livry (Montée du Temple et boulevard de la République) et il y fait bâtir une maison d'habitation, puis peu après, sur d'autres parcelles, il fait édifier une seconde usine et une scierie.
Alors installé dans la ville de Livry, Gargan met en œuvre peu à peu la révolution industrielle. La scierie mécanique permet de transformer les nombreuses forêts environnantes en autant de couvertures de wagons. Ceux-ci permettent à l'industriel de concrétiser, en 1875, un projet au long cours : la liaison ferroviaire entre Aulnay et Bondy, dotant ainsi le quartier d'une nouvelle gare, appelée Gargan. Cette ligne nouvelle permet l'acheminement des grumes vers son usine de la Villette à Paris.
Bientôt un double village se construit : d'un côté, le jeune Livry et de l'autre, le quartier que les habitants nomment Gargan.
En 1868, il réussit à obtenir un accord de principe pour établir une voie ferrée afin de relier les ateliers de la Villette à ceux de Livry. Un an plus tard, un incendie détruit une partie des ateliers. À peine reconstruits, la guerre franco-allemande éclate. Les machines sont détruites et les stocks pillés. Retranché à la Villette, il est élu maire adjoint de l'arrondissement et organise la défense dans son quartier.
À la fin de la guerre, il fait reconstruire l'usine et fournit ainsi du travail aux Livryens. Il réactive peu après le projet de la ligne de chemin de fer entre Bondy et Aulnay-sous-Bois, inauguré le .
Parallèlement, les ateliers de Paris connaissent la faillite, et les ateliers de Livry ont été incendiés. Gargan doit vendre les terrains de Livry. En 1884, ses biens sont adjugés par le tribunal civil de la Seine à Charles-Édouard Brochot, agent de change de Paris. Il se retire alors dans son pays natal, dans la « Maison du Gouverneur ». La faillite de la ligne, dont il était le principal actionnaire, le plonge dans la misère. Il est alors obligé d'accepter la charge d'administrateur d'un asile d'aliénés à Prémontré, près de Coucy.
Le , la commune de Livry prend le nom de Livry-Gargan, du fait de l'importance prise par le quartier dit « Gargan » créé par des lotissements installés autour des usines de Louis-Xavier Gargan. Cette décision des autorités n'était pas partagée par la majorité des habitants qui préféraient « Livry-Sévigné », la Marquise de Sévigné étant également une personne marquante de la commune. Néanmoins c'est le nom de l'industriel qui restera lié à l'ancienne dénomination de la ville[4].
↑Patrick Cognasson, Gare de l'Est: porte ouverte sur l'Europe, Vie du rail & des transports, 1994 p. 73 extrait (consulté le 20 novembre 2013).
↑Office national de la propriété industrielle, « 233354 : Brevet d'invention de 15 ans au sieur Gargan à Paris », dans Description des machines et procédés pour lesquels des brevets d'invention ont été pris sous le régime de la loi du 5 juillet 1844, volume 72, 1871 p. 155 intégral (consulté le 20 novembre 2013).
D. Midol, La vie d'un ouvrier, Gargan (Louis-Xavier), 1816-1886, chevalier de la Légion d'honneur, Société historique du Raincy et environs, Raincy, 1925, 50 pages
Gérard Géraud, Michel Mérille, La Ligne de M. Gargan. L’histoire ferroviaire de l’Est parisien, éditions Amarco, Les Pavillons-sous-Bois, 2004 (ISBN2-950957-18-8), 351 pages : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.