En 1851, à l'âge de 11 ans, il est témoin de l'exhumation de la cage de Marie-Josephte Corriveau (1733-1763), communément nommée « La Corriveau », découverte par hasard dans une fosse du cimetière de Saint-Joseph-de la-Pointe-Lévy situé du côté nord de l'église Saint-Joseph (ce qui correspond actuellement au stationnement de l'église et de l'école primaire du même nom dans le secteur Lauzon à Lévis). Il raconte ce fait macabre qui a marqué son enfance dans deux ouvrages sur La Corriveau. Le premier intitulé Dans la cage de la Corriveau, publié en 1888, puis dans un second ouvrage intitulé Une relique, publié en 1898, qui raconte en détail les faits entourant cette découverte. Le Journal de Québec et The Morning Chronicle and Commercial and Shipping Gazette mentionnent dans les éditions des 13 et que la découverte a eu lieu dans la semaine précédente. Or, selon les informations, la cage a été trouvée entre le 5 et le . C'est-à-dire 88 ans après la pendaison[2],[3].
En 1864, il ouvre un cabinet d'avocat, après plusieurs essais infructueux de se faire engager à Lévis, ville où il fonde aussi deux journaux : Le Drapeau de ;Lévis et La Tribune de Lévis[4].
En 1866, après avoir fait faillite, Fréchette s'exile à Chicago et il y demeure jusqu'en 1871[5]. Durant son exil, il se fait employer au Illinois Central Railway, mais il exerce aussi le journalisme. C'est au cours de cette période qu'il écrit son poème La Voix d'un exilé. Un certain nombre des pièces de théâtre qu'il a écrites ont été perdues lors du Grand incendie de Chicago de 1871[5].
Le , Fréchette, alors âgé de 36 ans, épouse Emma Beaudry, fille d'un riche marchand de Montréal. Ils ont cinq enfants. Il s'installe à Montréal et peut se consacrer à l'écriture, grâce aussi à un héritage légué par sa tante[5].
En 1877, il publie à Montréal, son second recueil de poésie intitulé Pêle-mêle. En 1880, il est le premier Canadien-français à remporter le prix Montyon de l'Académie française pour son recueil de poèmes intitulé Les Fleurs boréales. Il a la chance de rencontrer son idole, Victor Hugo, qui lui accorde une entrevue. Malheureusement, il est victime d'une campagne de dénigrement de la part de ses ennemis qui l’accablent de critiques sous l’accusation de plagiat. Cette campagne croît sans cesse au fil des ans. Toutefois, un ami, Henri Roullaud n'hésite pas à le défendre des accusations de plagiat portées contre lui par William Chapman (voir Roullaud 1893a et 1893b). Henri Roullaud et Louis Fréchette partageaient cet amour profond pour la langue française[5].
En 1884, Fréchette devient pour une brève période rédacteur en chef de La Patrie. Il fait paraître dans les pages de ce journal, mais aussi dans d'autres périodiques et des almanachs, un grand nombre de contes et légendes qui seront ultérieurement repris en volumes, ainsi que des articles polémiques. Il quitte le journal d'Honoré Beaugrand pour protester contre l’opposition du propriétaire à certains chefs libéraux, dont Honoré Mercier. Il s’installe à Nicolet et se retire de la vie publique.
Au début de 1887, Fréchette caresse l'espoir vite déçu d'obtenir le poste de chargé d'affaires du Québec à Paris. Devant cet échec, il quitte le Canada avec sa famille et s'expatrie en France. C'est son ami Louis Herbette, conseiller d'État, avec qui il entretiendra une correspondance jusqu’à la fin de sa vie, qui l'introduit alors dans les milieux littéraires de Nantes. Adine Riom accueille Louis Fréchette, sa femme et ses trois jeunes enfants dans sa maison de famille du Pellerin en [6]. C'est là qu'il met la dernière main à son ouvrage le plus ambitieux. Le manuscrit s'appelle encore Les épopées nationales, mais deviendra La Légende d'un peuple, une référence implicite à Hugo pour cet ouvrage en vers destiné à célébrer les exploits des héros de l'histoire canadienne depuis Jacques Cartier jusqu'à Louis Riel[5].
Louis Fréchette participe occasionnellement à des campagnes électorales. Il continue à travailler et publie encore plusieurs œuvres polémiques, ainsi que de savoureux portraits satiriques sous le titre Originaux et Détraqués (1892).
En 1899, il fait paraître en anglais d'abord (Christmas in French Canada), puis dans le texte original en français le recueil La Noël au Canada qui regroupe plusieurs de ses meilleurs contes. Parmi eux, on retrouve quelques-uns des contes de la série mettant en scène Jos Violon, un conteur qui a bercé l'enfance et la jeunesse de Fréchette, et que ce dernier entend rappeler à sa mémoire au crépuscule de sa vie, parvenant à lui rendre sa verve et son bagout inimitables.
De 1907 à 1908, Fréchette se met en pension, avec son épouse Emma Beaudry, à la maison des Sourdes Muettes, rue Saint-Denis à Montréal.
Le soir du , en revenant d'une visite chez son ami le sénateur Laurent-Olivier David, il est foudroyé par une attaque d'apoplexie sur le seuil de la maison des Sourdes Muettes. Il meurt le , à l'âge de 68 ans, d'une agonie qui dure vingt-quatre heures. Le son corps est inhumé au cimetière Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal.
Parus en feuilleton dans Le Monde illustré de mai à , ses Mémoires intimes, édités en volume par Georges A. Klinck en 1961, dans la collection «Nénuphar» des éditions Fides, inaugure un regain d'intérêt pour l'œuvre de Fréchette. Cette œuvre compte plus de 400 poèmes, pour un total de près de 10 000 vers[7]. Plutôt que sa poésie et son théâtre, admirés au XIXe siècle, il est aujourd'hui apprécié pour « ses contes et ses polémiques qui maintiennent son œuvre vivante »[8]. En attestent les éditions successives de ses Mémoires intimes et celles d'Originaux et Détraqués, des Contes de Jos Violon et de ses pamphlets.
Feuilles volantes, Québec, C. Darveau, 1890, 228 p.
Le Niagara
Le poème Papineau (1893)
Contes et nouvelles
L'Iroquoise du lac Saint-Pierre, Québec, Éditeur non-identifié, 1861, 7 p.
Originaux et Détraqués: douze types québécois, Montréal, L. Patenaude, 1892, 361 p.
Le Rêve d'Alphonse, (1898)
La Noël au Canada, Toronto, G.N. Morang, 1900, 288 p.
Contes canadiens(avec Paul Stevens et Benjamin Sulte), Montréal, Libraire Beauchemin, 1919, 95 p.
Les Lutins(suivi de Paul Stevens,Fortune Bellehumeur), Montréal, Beauchemin, 1919, 90 p.
Contes d'autrefois, Montréal, Beauchemin, 1946 (posthume), 274 p.
Les Contes de Jos Violon, Montréal, L'Aurore, 1974 (posthume), 143 p. - réédition sous le titre Contes de Jos Violon, Montréal, Guérin, 1999.
Masques et Fantômes, et autres contes épars Montréal, Fides, 1976 (posthume), 370 p. (ISBN0775506265) - anthologie posthume réunissant tous les contes de Fréchette, hormis ceux de La Noël au Canada.
Noël d'autrefois, Montréal, F.L. de Martigny, 1980, 94 p. - anthologie posthume de dix contes de Fréchette et d'un signé Françoise.
Félix Poutré, Montréal, Beauchemin, 1861, 47 p. - réédition sous le titre Félix Poutré, Montréal, Leméac, 1974, 139 p.
Le Retour de l'exilé, Montréal, Chapleau & Lavigne, 1880, 72 p. - réédition sous le titre Le retour de l'exilé, Montréal, Leméac, 1974, 115 p.
Papineau, Montréal, Chapleau & Lavigne, 1880, 100 p. - réédition sous le titre Papineau, Ottawa, Leméac, 159 p.
Veronica, Montréal, Leméac, 1974 (posthume), 135 p. - première lecture au Château de Ramezay en 1899, jouée en 1903)
Pamphlets
À propos d'éducation : lettre à M. l'abbé Baillargé du Collège de Joliette, Montréal, Cie d'imprimerie Desaulniers, 1893, 91 p.
Scènes de mœurs électorales, Montréal, Beauchemin, 1919, 91 p.
Satires et Polémiques, tome 1, Montréal, Presse de l'Université de Montréal, 1993 (ISBN9782760626270) - anthologie posthume des écrits polémiques de Fréchette
Satires et Polémiques, tome 2, Montréal, Presse de l'Université de Montréal, 1993 (ISBN9782760626263) - anthologie posthume des écrits polémiques de Fréchette
Chroniques historiques
Le Drapeau fantôme, Montréal, Typographie de La Patrie, 1884, 12 p.
Chénier, Montréal, Éditeur non-identifié, 1885, 8 p.
Petite histoire des rois de France, Montréal, Typographie de La Patrie, 1885, 125 p.
Mémoires
Mémoires intimes, Montréal, Fides, 1961 (posthume), 200 p.
La maison natale de Louis Fréchette, construite entre 1837 et 1841, est le lieu de naissance du poète à Lévis et reconnue lieu historique du Canada.
Dans le cadre du 175e anniversaire de la naissance de Louis Fréchette, la restauration de la maison était entièrement effectué[11] de 2013 à 2014 pour plus de 1 Million Dollars[12].
↑« Reliques », Le Journal de Québec, , p. 2 (lire en ligne)
↑Louis Fréchette a toujours mentionné qu'il fut témoin de la découverte de l'exosquelette à l'âge de dix ans ; ce qui correspond à l'année 1849. Cependant, on peut conclure qu'il a retenu ce souvenir de jeunesse de manière approximative pour son ouvrage Une relique. Il avait alors 59 ans et son souvenir datait de 47 ans. On peut ainsi dire qu'il fut témoin de la découverte à l'âge de 11 ans.
↑En remerciement de l'accueil reçu au Pellerin, Louis Frechette dédiera à son hôtesse un long poème consacré à ce charmant petit port des bords de Loire. Ce texte paraît en 1891 au Québec dans le recueil Feuilles volantes et en France dans la Revue des provinces de l'Ouest (août 1891), l'adresse y est plus complète : « À Mme Adine Riom, de Nantes, en souvenir d'une charmante hospitalité ». En 1889, une petite fille naît chez le couple Fréchette, on la prénomme Pauline Adine.
↑Jacques Blais, Répertoire analytique et bibliographique des poèmes de Louis Fréchette, Québec, Codicille éditeur, , 331 p. (ISBN9782924446003), p.5
HAYNE, David M., « La légende d'un peuple, recueil de poèmes de Louis Fréchette », dans Maurice Lemire [dir.], Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec. Tome 1 : Des origines à 1900,Montréal, Fides, 1980.
HAYNE, David M., « Pêle-mêle, fantaisies et souvenirs poétiques de Louis Fréchette », dans Maurice Lemire [dir.], Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec. Tome1 : Des origines à 1900, Montréal, Fides, 1980.