Leo von König (en) (), Adolf Propp (d), Erich Wolfsfeld (d), Elisabeth Birnbaum (d)
Personnes liées
Elisabeth Birnbaum (d) (parenté et mentorat), Erich Wolfsfeld (d) (mentorat), Traute Rose (d) (partenaire), Walter Lindenthal (d) (ami proche), Margarete Jaraczewsky (d) (ami proche)
Lotte Laserstein, née le à Preuβisch Holland, une petite ville de l’Est de la Prusse (aujourd’hui cette ville fait partie de la Pologne[1] et s’appelle Pasłęk) et morte le à Kalmar en Suède, est une peintre et portraitisteallemande et suédoise.
Biographie
Lotte Laserstein naît le à Preuβisch Holland dans une famille juive assimilée[1],[2]. Son père, Hugo, est pharmacien et sa mère, Meta, pianiste, professeur de piano et peintre sur porcelaine. En 1902, son père décède et la famille déménage à Danzig, où Lotte va vivre avec sa mère et sa sœur, Käte (1900-1965), chez sa grand-mère et sa tante, l’artiste peintre Elsa Birnbaum. C’est grâce à sa tante que Lotte Laserstein découvre la peinture. En effet, Elsa Birnbaum a sa propre école d’art et Lotte assiste à ses cours dès 1908[3],[4].
En 1912, la famille déménage à Berlin où Lotte Laserstein passe son baccalauréat en 1918. Après des études de philosophie et d’histoire de l’art, elle entre en 1921 à l’Académie des arts de Berlin, qui avait ouvert ses portes aux femmes depuis peu. Elle suit les cours auprès d’Erich Wolfsfeld[5],[6]. Elle finit ses études en deux ans. Elle fait la connaissance de Traute Rose qui devient son modèle favori, capable de garder de longues poses. Traute Rose est son amie pendant près de cinquante ans et figure dans de nombreux tableaux[4],[6].
En 1922, la famille perd une grande partie de sa fortune en raison de la crise économique. Afin de subvenir à ses besoins, Lotte occupe un travail d’illustratrice[4].
En 1927, elle a son propre atelier à Berlin-Wilmersdorf et y ouvre aussi une école privée d’art[2].
Entre 1928 et 1931, Lotte Laserstein participe à 22 expositions et s’inscrit à de nombreux concours. En 1929, elle devient membre de l’association des femmes artistes berlinoises[3].
Sa carrière est très prometteuse, mais prend fin en 1933 quand les lois anti-juivesnazies lui interdisent d'exposer et d'enseigner[6]. Elle est bannie de toute vie publique et écartée de la scène artistique. Son école d’art est fermée et on lui interdit d’organiser des expositions publiques[3],[2].
Lotte Laserstein émigre en Suède pour fuir le nazisme. En 1937, à l'invitation de la galerie suédoise, Galleri Modern, à Stockholm, elle quitte l'Allemagne avec toute une série de tableaux[7]. Six mois plus tard, elle épouse, par un mariage de convenance, le marchand juif Sven Jakob Markus, pour obtenir la nationalité suédoise[6]. Elle tente en vain de faire sortir d’Allemagne sa mère, sa sœur et l’amie de celle-ci. Sa mère meurt en 1943 au camp de concentration de Ravensbrück, sa sœur Käthe survit à la Shoah en se cachant à Berlin[3]. Elle rejoint également la Suède où les deux sœurs vivent ensemble jusqu'à ce que Käthe Laserstein retourne en Allemagne en 1954[8].
Pour survivre, Lotte Laserstein peint surtout des portraits à la commande, mais aussi des paysages. Elle connaît un succès important en Suède[6] mais elle souffre des conditions matérielles et psychologiques de l'exil et son œuvre ne retrouve pas l'éclat des années berlinoises. En 1952, Lotte Laserstein reçoit une commande pour réaliser un portrait du gouverneur de Kalmar et de sa femme, Ruben et Helga Wagnsson. Une fois le portrait terminé, elle commence à faire la navette entre Stockholm et Kalmar car elle se sent plus à l'aise dans la petite ville de Kalmar. Elle devient résidente permanente de Kalmar en 1957. Elle continue à peindre des portraits mais réalise également des natures mortes de fleurs et de paysages[7].
Après la Deuxième Guerre mondiale, la mode est à l'abstrait et malgré une petite percée dans les pays anglo-saxons au début des années 1990, elle reste relativement inconnue hors de Suède[9],[8].
En 1977, elle obtient le prix de la culture de la ville de Kalmar[3].
Après la guerre, l’artiste voyage beaucoup en Europe, parfois accompagnée par la peintre Elsa Celsing (1880-1974), qu’elle admire. Elle poursuit sa carrière artistique, tout en demeurant relativement méconnue hors de Suède, et s’éteint en 1993.
Lotte Laserstein meurt à l’âge de 94 ans le à Kalmar en Suède. Elle est enterrée au cimetière Räpplinge à Öland[7].
Œuvres
Lotte Laserstein peut être considérée comme une femme indépendante ne voulant pas suivre le destin classique des femmes de l’époque. Il lui était important de réussir sa vie avec son art et d’être reconnue en tant qu’artiste peintre. De nombreux autoportraits la montrent devant son chevalet, pinceau et palette de peinture à la main, habillée d’une blouse blanche.
Elle a réussi à vivre de son art d’une part en créant sa propre école, d’autre part en vendant ses tableaux. Elle a participé à de nombreux concours et ses œuvres ont été choisies pour illustrer des articles dans des revues féminines comme son tableau Russisches Mädchen mit Puderdose paru dans la revue Die Woche du ou encore son tableau Die Tennisspielerin (1929) paru dans la revue Der Bazaar en 1930[10].
Lotte Laserstein s’est appliquée à représenter une nouvelle image de la femme. Cheveux courts, pantalon souple, la femme est libérée du corset du 19e siècle, elle fait du sport et elle fume. Son modèle préféré est son amie Traute Rose qu’on voit sur la plupart de ses tableaux[11].
Mais son œuvre la plus connue est le tableau Abend über Potsdam. L’ambiance y est mélancolique, les personnages assis à table ne discutent pas, ils sont pensifs et tristes, ils pressentent peut-être que la crise et la guerre changeront leur vie[12].
Depuis le début des années 2000, grâce aux travaux de l’historienne de l’art Anna-Carola Krausse, qui lui consacre des écrits et des expositions, Lotte Laserstein bénéficie d’un regain d’intérêt[6].
Expositions
1985 : German Art in the 20th Century, Royal Academy of Arts, Londres
(de) Anna-Carola Krausse, Lotte Laserstein. Meine einzige Wirklichkeit, Deutscher Kunstverlag, 2018 (ISBN978-3422074545)
(de) Anna-Carola Krauße, Lotte Laserstein, Leben und Werk, Berlin, Dietrich Reimer, 2006 (ISBN978-3496013471)
(de) Elke-Vera Kotowski, Lotte Laserstein: Die Porträtistin der Neuen Sachlichkeit (Jüdische Miniaturen, 286), Hentrich und Hentrich Verlag Berlin, 2022 (ISBN978-3955654948)
(de) Alexander Eiling (éd.), Elena Schroll (éd.), Lotte Laserstein: Von Angesicht zu Angesicht, Prestel, 2018 (ISBN978-3791358031)
(en) Caroline Stroude, Lotte Laserstein, Paintings And Drawings From Germany and Sweden, 1920-1970, Agnew & Belgrave Gallery, 1987
↑ abcdef et g(de) Das Verborgene Museum Berlin, « Lotte Laserstein », sur Das verborgene Museum (consulté le ).
↑ ab et cCaroline Stroude et Adrian Stroude, « Lotte Laserstein and the German Naturalist Tradition », Woman's Art Journal, vol. 9, no 1, , p. 35–38 (ISSN0270-7993, DOI10.2307/1358361, lire en ligne, consulté le ).
↑(de) Annelie Lütgens, « Lotte Laserstein. Von Angesicht zu Angesicht », Museumsjournal Berlin Potsdam, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Lotte Laserstein », sur germanexpressionismleicester.org, (consulté le ).
↑ a et b(de) Schwarz, Mareike, Rezeption der Künstlerin Lotte Laserstein 1928-2017, Munich, Studienabschlussarbeiten. Ludwig Maximilian Universität, , 63 p., p. 27