Lorenzo Mattotti, désireux dès le collège d'étudier l'art et d'être dessinateur avec son ami Fabrizio Ostani, doit cependant à cause de sa formation secondaire scientifique étudier l'architecture[3], ce qu'il fait à Venise avant de s'orienter vers le graphisme[4]. Durant ses études, il essaie de se faire publier ses bandes dessinées réalisées avec Ostani (qui prend le pseudonyme de Jerry Kramsky), mais ses tentatives d'intégrer Undercomix de Franco Bonvicini, Linus ou le Corriere dei Piccoli échouent, bien qu'il se soit rapproché de l'agence Quipos de Renato Calligaro, où il avait pu rencontrer Alberto Breccia[5], Altan, Carlos Sampayo, etc[3].
En 1975, il publie ses premières bandes dessinées dans le fanzine français Biblipop puis dans la revue Circus. En 1976, il dessine un chapitre du recueil collectif Casanova. L'année suivante paraît son premier album, Alice Brum-Brum[Note 1], adaptation très libre et fantaisiste d’Alice au pays des merveilles[6], aux éditions Mondograf. À partir de 1978, il commence à s'intéresser au réel avec Tran Tram Rock[Note 1] puis avec Incidenti (Incidents). En 1980, il fonde avec d'autres auteurs le collectif d'artistes « Valvoline » qui vise à renouveler l'esthétique et la linguistique de la bande dessinée. Si, dans un premier temps, ses bandes dessinées étaient marquées par les influences de l'underground américain, il évolue à partir de 1982, avec Il Signor Spartaco (Le Signor Spartaco), vers un univers très pictural basé sur l'utilisation d'huile et de pastels.
Il publie à partir de 1984 dans Alter AlterFuochi (Feux), « long récit salué par la critique comme l'un des chefs-d'œuvre du 9e art » qui permet à la critique de voir en lui « l'un des dessinateurs les plus marquants de la nouvelle génération italienne[7] ». Il crée encore quelques bandes dessinées jusqu'au début des années 1990, même si à cette date il se consacre de plus en plus à son travail d'illustrateur, initié en 1984 dans Vanity[Note 2], et qui fait l'objet de nombreux recueils.
Mattotti réside à Paris[2] depuis 1998 et ses livres sont traduits à l'international. Depuis 1977, une quarantaine d'expositions lui ont été consacrées dans des galeries privées.
Intéressé par l'aspect artistique de la bande dessinée, et par une certaine forme de radicalité accentuée par sa participation à Valvoline, Mattotti a toujours voulu faire des « histoires bizarres[11] ». Ses œuvres tirent généralement plutôt leur origine du contrôle de « l'irrationnel du dessin[11] » que de la « logique de l'écriture[11] » afin de créer l'histoire à partir de l'image sans virer dans l'illustration pure. Cela lui a parfois valu d'être rejeté du champ de la bande dessinée par certains critiques, ce qui est « absurde », car Mattotti vient clairement de la bande dessinée[12].
Illustrateur
Les illustrations de Mattotti, le plus souvent des pastels, empruntent à tous les courants artistiques des XIXe et XXe siècles[13]. Cependant, si ses dessins perdent l'exubérance de ses bandes dessinées, ils se caractérisent tous par une « élégance qui fait le fond de toute sa production parce qu'elle est aussi et d'abord la caractéristique de son rapport à l'existence[14] ».
En 2005, dans le cadre de la collection "Comix" diffusée sur Arte, un documentaire lui est consacré "Le triomphe de la couleur" (26 min) (réa : Ludovic Cantais)
Peur(s) du noir, scénario et dessin d'un court-métrage de ce film d'animation réalisé par six dessinateurs.