Lone Wolf and Cub(子連れ狼, Kozure Ōkami?, littéralement « le loup accompagné de son petit ») est un gekigamanga historique (jidai mono) écrit par Kazuo Koike et dessiné par Goseki Kojima. Il fait la chronique de la vie de Ogami Ittō, l'exécuteur du shogun. Il est prépublié entre 1970 et 1976 dans le magazine Weekly Manga Action de l'éditeur Futabasha et comporte vingt-huit tomes. La version française est publiée en intégralité par Panini Comics[1].
Le manga est adapté à de nombreuses reprises en films, pièces de théâtres et série télévisée. L'ambiance et le découpage de ce manga ont eu une forte influence, aussi bien sur les mangaka japonais que sur les auteurs occidentaux (l'exemple le plus évident est Frank Miller, qui a dessiné des couvertures pour la série).
Intrigue
L'histoire se déroule durant le XVIIe siècle au Japon, pendant la période Edo. Le Japon est encore une société féodale, divisé en han (fiefs) et dirigé d'une main de fer par le shogunat du clan Tokugawa. Ce pouvoir central très hiérarchisé exerce son contrôle sur tous les han du Japon par plusieurs biais :
le clan Yagyū, qui détient le poste prestigieux de maître d'armes de la maison Tokugawa mais aussi un clan d'assassins, très influent et puissant. Ce clan possède une face publique, le Yagyū Omote, et une face cachée, le Yagyū Ura. Il existe aussi des sous-clans ayant des fonctions bien spécifiques. Le chef incontesté de la clique des Ura Yagyū est Yagyū Retsudō ;
le clan Kurokuwa, un clan de ninjas, épiant les Hans pour le compte du shogun, les infiltrant pour étouffer dans l'œuf les rébellions contre le pouvoir central d'Edo ;
le kogi kaishakunin, un titre signifiant à peu près « assistant chargé de mission ». C'est un samouraï portant les armoiries du shogunat (Aoi Go-Mon), chargé de l'exécution des daimyos (seigneurs des han) contestataires — plus exactement c'est lui qui est chargé de donner le coup de grâce une fois que le daimyo s'est fait seppuku, ce qu'il fait en lieu et place du shogun (raison pour laquelle il porte ses armoiries, afin de symboliser le fait que c'est par la main du shogun que l'exécuté est condamné à mort, mais aussi qu'il se voit accorder la miséricorde d'une décapitation rapide et d'une mort digne).
Ogami Ittō est le kogi kaishakunin du shogun, et jouit alors d'une réputation considérable. Cependant, le clan Yagyū parvient à massacrer son clan, exception faite de son fils Daigoro, et à le discréditer. Forcé de pratiquer le suicide rituel (seppuku), Ogami choisit de ne pas se soumettre, et s'engage dans la voie du meifumado (voie des démons et des assassins, samouraï dès lors hors-la-loi) afin de venger son clan, sa femme et son honneur. Il emmène avec lui dans sa quête son très jeune fils qui sera le témoin des innombrables massacres qui jalonneront leur longue vengeance envers les Yagyū.
Personnages principaux
Clan Ogami
Ogami Ittō : Il était le kogi kaishakunin du shogun, jusqu'à ce que le clan Yagyū, avide de pouvoir, complote contre lui. Ce complot le destitua de son titre. Ses armes fétiches sont un dotanuki, sabre de combat plus court et plus lourd que le katana classique, et des naginatas dissimulées dans l'armature de la charrette dans laquelle il transporte son fils.
Sous le pseudonyme de "Kozure Okami", le loup accompagné de son petit (remarque : Ogami Itto peut aussi être lut "Loup armé d'un seul sabre"[réf. nécessaire]), il va louer ses services d'assassin pour l'énorme somme de 500 Ryō le meurtre (indépendamment du nombre de personnes à tuer). Sa maîtrise de la koryu de kenjutsu, école de sabre, Suiō-ryu (style de la mouette sur l'eau) et sa volonté inébranlable lui permettent de mener à bien toutes ses missions et de pouvoir défier le pouvoir des Yagyu. Ittō a d'ailleurs plusieurs bottes secrètes dans sa manche, parmi lesquelles "Namikiri-no-tachi" (l'épée trancheuse de vagues) et "Kabutowari" (frappe fendeuse de heaume). Il y a alors parallèlement une opposition entre koryu, Yagyu ayant leur propre art du sabre : Yagyū Shinkage-ryū et Yagyu Shingan-ryū.
Ogami Daigoro : Le fils de Ogami Ittō, âgé d'un an seulement au début de l'histoire. Malgré son très jeune âge, le narrateur prend régulièrement des mesures extrêmes pour montrer sa résolution précoce, et à quel point il est un digne fils d'une famille de guerriers héréditaires (Buke) : dès un an, il s'engage avec son paternel sur Meifumadō, la voie de la damnation qui conduit au tribunal du Grand Roi Yanluowang.
Clan Yagyu
Yagyū Retsudō : Présenté comme le quatrième fils (fictif) de Yagyū Munenori, les trois autres (Mitsuyoshi, Tomonori et Munefuyu) étant décédés (ou du moins absent de l'histoire), il s'est retrouvé à la fois le chef des Ura-Yagyū et le membre le plus proéminent de Omote-Yagyū, ce qui en fait un membre très influent de la cour du Shōgun. Âgé de plus de 60 ans, il est l'un des meilleurs sabreurs de son temps, mais sa soif de pouvoir lui fait trahir le Bushido, la Voie des samouraïs, à plusieurs reprises, tandis qu'il recourt à des stratagèmes et des circonvolutions variées pour se débarrasser de Ogami Ittō. En outre, il ne se bat jamais ou presque de façon équitable, raison pour laquelle il lui envoie des hordes d'ennemis, pour ne serait-ce que blesser légèrement Ittō, endommager le fil de sa lame ou lui faire gaspiller des balles, avant de l'engager en personne en combat singulier. Malgré cela, Retsudō n'est pas un personnage complètement maléfique, et ses motifs, ainsi que ses bons côtés, sont dévoilés dans la seconde moitié de l'œuvre et vers la fin.
Ses fils : Yagyū Hyogo, Yagyū Kurando, Yagyū Gunbei et sa fille Yagyū Kaori sans oublier son fils illégitime Yagyū Hyoei. À la tête de leurs troupes d'élite, ils seront chacun envoyés combattre Ittō, qui va les pourfendre les uns après les autres.
Manga
Lone Wolf and Cub est publié du au dans le Weekly Manga Action de l'éditeur Futabasha. L'éditeur publie les chapitres au format tankōbon en 28 volumes de 1972 à 1976, puis en édition wideban en 14 volumes, puis une nouvelle édition tankōbon de 28 volumes, puis une édition bunkoban de 28 volumes, puis une édition Deluxe de 20 volumes et une édition aizōban de 20 volumes. Lorsque Lone Wolf and Cub est sorti pour la première fois au Japon en 1970, il est devenu extrêmement populaire pour son histoire puissante et épique de samouraïs et sa description brutale et horrible de la violence à l'époque des Tokugawa. En 2014, le manga s'était vendu à 8,3 millions d'exemplaires au Japon, et à 11,8 millions dans le monde[2].
Lone Wolf and Cub est très apprécié en raison de sa portée épique, de son exactitude historique détaillée, de ses illustrations magistrales et de son rappel nostalgique de l'éthique du bushido. De nombreuses planches de la série sont des représentations de la nature, de lieux historiques du Japon et d'activités traditionnelles. La série raconte le destin de Yamada Asaemon, le personnage principal de Samurai Executioner, également créé par Kazuo Koike et Gōseki Kojima[3],[4].
La série est transposée une première fois au cinéma en six films entre 1972 et 1974, avec Tomisaburo Wakayama dans le rôle d'Ogami Ittō. Kazuo Koike adapte lui-même son manga, exception faite du dernier épisode. Sorti d'abord aux États-Unis, Shogun Assassin est un remontage des deux premiers épisodes de la série, simplifiant l'intrigue et privilégiant l'action. Cette adaptation cinématographique fait partie des influences de Quentin Tarantino, dans Kill Bill 2, la mariée et sa fille regardent Shogun Assassin[5]. Une nouvelle adaptation voit le jour en 1993 avec Masakazu Tamura dans le rôle d'Ogami Ittō.
En 1987, l'entreprise Nichibutsu sort un beat'em up fondé sur la série. Le joueur dirige Ogami Ittō à travers une armée d'assassins tout en portant Daigoro sur son dos.
Prix et récompenses
2001 : Prix Eisner de la meilleure édition américaine d'une œuvre internationale
↑(en) Erin Whitney, « Here Are 31 Film References In ‘Kill Bill: Volume 2’ », HuffPost, (lire en ligne)
Annexes
Bibliographie
(en) Wendy Goldberg, « Lone Wolf and Cub », dans M. Keith Booker (dir.), Encyclopedia of Comic Books and Graphic Novels, Santa Barbara, Grenwood, , xxii-xix-763 (ISBN9780313357466), p. 367-368.
Paul Gravett (dir.), « De 1970 à 1989 : Lone Wolf and Cub », dans Les 1001 BD qu'il faut avoir lues dans sa vie, Flammarion, (ISBN2081277735), p. 317.