Lolicon

Lolicon (ロリコン, Rorikon?), parfois romanisé Rorikon ou Lolikon est un terme wasei-eigo (mot formé au Japon à partir de l'anglais) reprenant la contraction de Lolita Complex (de Lolita, le roman de Vladimir Nabokov), un terme qui désigne l'attirance pour les jeunes adolescentes qui n'ont pas encore achevé leur puberté (les lolitas), voire l'attirance pour les fillettes qui ne l'ont pas encore atteinte.

Histoire

Origines

Lolicon est une référence au livre Lolita de Vladimir Nabokov dans lequel un homme adulte devient obsédé sexuellement par une fille de douze ans[1]. Le terme « Lolita complex » a d'abord été utilisé au début des années 1970 avec la traduction de The Lolita Complex de Russell Trainer et a pu être entré dans la nomenclature japonaise à ce moment-là[2]. Shinji Wada a utilisé ce nom pour son œuvre de 1974 Stumbling upon a Cabbage Field (キャベツ畑でつまずいて, Kyabetsu-batake de Tsumazuite?), une parodie manga d'Alice au pays des merveilles[3]. Le raccourcissement du terme « lolicon » est venu plus tard[2].

Le tout premier anime hentai produit au Japon était un lolicon[4].

Aspects juridiques

Ceux-ci sont légaux au Japon tant qu'ils n'impliquent pas de vrais modèles dans le processus créatif[5] ; alors que dans la majorité des autres pays ils sont interdits (voir ci-dessous). En effet, le lolicon est fréquemment rapporté à la pédophilie. Ses défenseurs clament qu'un matériel fictionnel n'affecte pas les enfants, et que les lolicons peuvent aider à soulager la tension sexuelle des pédophiles ; ses opposants disent qu'au contraire la vision d'un tel matériel les encourage à considérer les enfants comme des objets sexuels, et que son autorisation risquerait de banaliser la pédopornographie non fictionnelle[6]. Cependant pour certains spécialistes ces accusations ne sont pas fondées[7], et au Japon, pays où est produite et consommée la grande majorité des lolicons, il n'est pas prouvé que cela ait pour conséquence une recrudescence des agressions envers les fillettes et les préadolescentes (dont la fréquence est là-bas en fait bien inférieure à la plupart des autres pays)[8]. Les lolicons sont un sujet fréquent d'étude universitaire sur la sexualité au Japon[9].

Les statistiques montrent une forte corrélation entre la grande vogue de matériel pornographique au Japon depuis les années 1970 et une baisse importante des agressions sexuelles, en particulier d'enfants et les cas de viol non-impulsif. Ceci appuie la théorie affirmant que la grande disponibilité de matériel sexuellement explicite diminue en fait le taux de crimes sexuels[10].

Le lolicon dans les législations nationales

Le statut légal des dessins pornographiques représentant des mineurs (en), en particulier la pédopornographie virtuelle, varie d'un pays à l'autre.

La Cour suprême des États-Unis a décidé en 2002 que le « Child Pornography Prevention Act » de 1996, qui prohibait la pédopornographie virtuelle était inconstitutionnel[11] car il interdisait « des productions qui ne provoquent ni crimes ni victimes. La pédopornographie virtuelle n'est pas « intrinsèquement liée » à l'abus sexuel des enfants ». Le PROTECT Act de 2003 (Amber Alert Law)[12], promulgué par George W. Bush le , criminalise la pédopornographie virtuelle. En décembre 2005, Dwight Whorley fut condamné à ce sujet (mais il possédait aussi de la pédopornographie photographique)[13]. La Cour Suprême ne s'est pas encore prononcée sur cette loi.

L'Afrique du Sud a précisé en (« Films and Publications Amendment Bill ») qu'en pédopornographie la virtualité n'était pas un facteur de distinction avec la pédopornographie en général[réf. nécessaire].

De même, l'article 163.1 du code criminel canadien interdit « toute représentation photographique, filmée, vidéo ou autre, réalisée ou non par des moyens mécaniques ou électroniques »[14]. Un Américain a été condamné à 30 jours de prison pour avoir fait passer du lolicon des États-Unis au Canada en [15].

En France, le fait, en vue de sa diffusion (dans tous les cas s'agissant de mineurs de quinze ans), de fixer, d'enregistrer ou de transmettre « l'image ou la représentation d'un mineur lorsque cette image ou cette représentation présente un caractère pornographique » est interdite à la production et punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Le simple fait de consulter, d'acquérir ou de détenir une telle image est punie deux ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende[16]. L'ajout en 1998 dans cet article du terme représentation permet de condamner sans ambiguïté l'image d'un mineur en général, y compris une œuvre figurative d'imagination[17], non plus seulement l'image d'une personne mineure existante (par exemple un dessin fait d'après modèle réel). Des personnes ont été condamnées pour détention ou diffusion de lolicon, voir par exemple la jurisprudence du 12 septembre 2007 (pourvoi n° 06-86763[18]) (« l'objet du délit, qui, auparavant, était défini comme l'image d'un mineur, [...] est étendu à toute représentation d'un mineur ; qu'il peut donc s'agir d'images non réelles représentant un mineur imaginaire [...] », extrait de la jurisprudence).

En 1994 au Royaume-Uni, le Criminal Justice and Public Order Act introduisit une définition légale d'une « pseudo-photographie indécente d'un enfant », interdite tout comme les vraies. Cependant la loi n'inclut pas les productions artistiques où les reproductions ne tendent pas à une mimèsis parfaite, comme dans les mangas[réf. nécessaire].

Aux Pays-Bas, le 1er octobre 2002, une loi caractérisant la « pédopornographie virtuelle » comme illégale fut introduite[19]. Cependant la loi ne concerne que les « représentations réalistes d'un mineur dans des positions sexuellement explicites[20] ».

En Allemagne, toute pornographie est interdite lorsqu'elle concerne « l'abus sexuel d'enfants, qu'il soit réel ou présenté de manière réaliste »[21].

Notes et références

  1. Kinsella, 305.
  2. a et b Galbraith, Patrick W. (Foreword by Schodt, Frederik L. and Photography by Katsuhide, Asuki), The Otaku Encyclopedia: An Insider's guide to the subculture of Cool Japan, Tokyo, Japan, Kodansha International, (ISBN 978-4-7700-3101-3), p. 128–129
  3. Shinji Wada, "Kyabetsu-batake de Tsumazuite" in Bessatsu Margaret, June, 1974, p.121
  4. Lolita anime : Yuki no kurenai keshō ~ shōjo bara kei ~. Premier anime hentai, réalisé en 1984.
  5. Tim Richardson, « La pédopornographie interdite au Japon ». The Register,
  6. Bush signe le « Protect Act » : President's Remarks Upon Signing of S. 151, the Protect Act (30 avril 2003). Récupéré le 28 janvier 2006.
  7. The Early Window Liebert, R. M., Neale, J. M., & Davison, E. S. (ISBN 0-08-017091-9)
  8. Pornographie, viol et crimes sexuels au Japon International Journal of Law and Psychiatry 22(1) : 1-22. 1999.
  9. Sharon Kinsella, Adult Manga: Culture and Power in Contemporary Japanese Society. (ISBN 0-8248-2318-4)
  10. Pornography, Rape and Sex Crimes in Japan International Journal of Law and Psychiatry 22(1) : 1-22. 1999.
  11. Ashcroft v. Free Speech Coalition
  12. Bush signe le Protect Act
  13. Le premier homme à tomber sous le coup des nouvelles lois anti pédopornographie
  14. L'article 163.1
  15. CBC News, 4 avril 2006
  16. article 227-23 du Code pénal
  17. Lefranc 2008, p. 827
  18. Cour de Cassation, Chambre criminelle, du 12 septembre 2007, no 06-86.763, Inédit
  19. Justitie (1er octobre 2002).
  20. Draft Convention on Cyber-crime (25 avril 2000).
  21. Section 184 (4) (à jour en avril 2006).

Annexes

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Bibliographie

  • (en) « "Virtual Child" Pornography on the Internet: A "Virtual" Victim? », Duke Law & Technology Review,‎ (lire en ligne)
  • (en) « Does comic relief hurt kids ? », Japan Times,‎ (lire en ligne)