Lisa Steele naît en 1947 au Missouri et immigre au Canada en 1968. Elle étudie la littérature anglaise à l'Université du Missouri[2]. En 1980, elle commence à enseigner à l'Université de l'École d'art et de design de l'Ontario et s'implique dans la création de ce qui deviendra Vtape en 1983[3]. En 2001, elle devient professeure au département d'arts visuels de l'Université de Toronto[4]. En 2009, Lisa Steele et Kim Tomczak reçoivent un doctorat honorifique de l'Université de la Colombie-Britannique[5].
Carrière
Lisa Steele est une pionnière de l'art vidéo au Canada depuis le début des années 1970[6]. Son travail a été exposé à l'international, à la Biennale de Venise (1980), à la Kunsthalle de Bâle, au Museum of Modern Art (New York), à la Galerie Nationale du Canada, à l'Institut d'Art Contemporain (Boston), au 49e Parallel Videoseries, à la Galerie d'Art de Vancouver et au Long Beach Museum. Avec Kim Tomczak, elle cofonde Vtape à Toronto, une institution nationale d'information et de distribution de la vidéo indépendante Elle est l'une des fondatrice et éditrice du périodique FUSE Magazine.
Début de carrière
Birthday Suit – with scars and defects (1974)
L'œuvre la plus connue du début de sa carrière est Birthday Suit – with scars and defects (1974). Dans cette vidéo en noir et blanc de treize minutes, Steele se présente nue devant la caméra. L'œuvre vidéo est considérée typique des pratiques de vidéo émergente, c'est-à-dire un plan fixe avec une prise unique[7]. Steele allume la caméra, va jusqu'au bout de la pièce et enlève ses vêtements. Ensuite, elle s'approche de la caméra et commence à examiner les différentes cicatrices accumulées au cours de sa vie. Selon le critique Dot Tuer, le travail représente une offrande au regard technologique qui minimise la représentation du corps en tant que sujet de genre[8] et, comme le souligne Catherine Russell, historienne de l'art en cinéma, l’œuvre est une contre-image à la critique émergente du corps féminin dans le cinéma narratif[7].
Steele décrit son œuvre ainsi : « À l’occasion de mon 27e anniversaire, j’ai décidé de faire une cassette relatant mon passage dans le temps. J'ai toujours été maladroite, à trébucher et tomber avec une régularité alarmante. Cette bande accepte l'étendue des conséquences[9]. »
Birthday Suit - with scars and defects a été incluse dans une exposition itinérante importante en 1989-1990 intitulée Rebel Girls: A Survey of Canadian Feminist Videotapes 1974-1988.
A Very Personal Story (1974)
A Very Personal Story (1974) est un film vidéo qui constitue une métaphore d'une expérience vécue par Steele, à l'âge de 15 ans, où elle fait la découverte du cadavre de sa mère[10].
The Ballad of Dan Peoples (1976)
The Ballad of Dan Peoples (1976) est une bande vidéo dans laquelle Steele, assise sur un tabouret, tient la photo d'un vieil homme. Elle raconte ensuite les histoires de l'enfance rurale de son grand-père en empruntant sa voix, prenant en compte les caractéristiques et la personnalité du vieil homme. À travers les souvenirs et l'identité de son grand-père, l'artiste révèle une partie de sa propre identité. Le générique de fin témoigne du déménagement récent de l'homme dans un foyer pour personnes âgées. Ces éléments révèlent les conditions familiales et autoréflexives qui ont inspiré l'œuvre[11],[12].
Steele et Tomczak
Depuis 1983, Steele travaille exclusivement en collaboration avec Kim Tomczak[13],[14]. Leur travail individuel et collaboratif a fait l’objet d’une grande exposition-sondage au Musée des beaux-arts de l'Ontario en 1989-1990. En 1993, Steele et Tomczak reçoivent deux prix : le prix Bell Canada pour l'excellence dans le domaine de l'art vidéo canadien et un prix Toronto Arts Award (le prix Peter Herndorf Media Arts). En 1996, leur travail The Blood Records: written and annotated, a été présenté en première mondiale au Museum of Modern Art de New York. Leur travail d'installation We're Getting Younger All the Time a été installé dans plusieurs endroits en Angleterre, à Venise et au Centre d'art contemporain de Basse-Normandie en . En 2005, Steele et Tomczak remportent le Prix du Gouverneur général en arts visuels et en arts médiatiques[15]. En 2016, Wanda Nanibush, conservatrice au Musée des beaux arts de l'Ontario, souligne la contribution importante et continue de Steele à la scène des nouveaux médias à Toronto[16].
↑(en) « Lisa Steele », sur University of Toronto - John H. Daniels Faculty, (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
Ardenne, Paul. Lisa Steele, Kim Tomczak: Before I Wake.Paris: Centre culturel canadien, 2003.
Ferguson, Bruce. Canada Video: Colin Campbell, Pierre Falardeau/Julien Poulin, General Idea, Tom Sherman, Lisa Steele. Ottawa: The Gallery for the Corporation of National Museums of Canada, 1980.
Gale, Peggy and Lisa Steele, eds. Video re/View: The (best) Source Book for Critical Writings on Canadian Artists' Video. Toronto: Art Metropole, 1996.
Monk, Philip. 4 hours and 38 minutes: Videotapes by Lisa Steele and Kim Tomczak. Toronto: Art Gallery of Ontario, 1989.
(en) Catherine Russell, « The Lisa Steele Tapes: Investigation and Vision », dans William Beard et Jerry White (dir.), North of Everything: English-Canadian Cinema Since 1980, Edmonton, University of Alberta, (ISBN0-88864-390-X).
Steele, Lisa and Kim Tomczak. The Blood Records: written and annotated. Oakville: Oakville Galleries, 1999.
Steele, Lisa. "A Capital Idea: Gendering in the Mass Media." Women Against Censorship. Varda Burstyn. ed. Toronto: Douglas & McIntyre, 1985. (ISBN0-88894-455-1)
(en) Dot Tuer, « Perspectives of the Body in Canadian Video Art », C Magazine, , p. 29-37 (ISSN1193-8625, lire en ligne [PDF]).