Chanteuse de variétés populaire en France dans les années 1970 et 1980, elle rencontre le succès avec des chansons comme Le Portugais, O malhão malhão ou encore Tiroli-tirolà vendues à des centaines de milliers d'exemplaires, essentiellement en France[1],[2]. Elle connaît également le succès grâce à son récit autobiographique, La Valise en carton, sorti en 1984, vendu à plus d'un million d'exemplaires[3], puis adapté au théâtre et à la télévision[4].
Biographie
Débuts et succès (années 1970 et 1980)
Teolinda Joaquina de Sousa Lança naît à Beringel, dans le District de l'Alentejo, au Portugal, dans une famille pauvre de huit enfants. À vingt ans, elle accouche d'un garçon, João[5]. Elle quitte, l'année suivante, avec son fils, son pays natal pour la France en immigrée clandestine et s'installe à Paris en 1973. Vivant de petits boulots, notamment comme femme de chambre, elle chante dans le bistro Chez Louisette, à Saint-Ouen en reprenant Gigi L’Amoroso de Dalida. Elle s'acharne à présenter des maquettes de chansons avant de trouver enfin un producteur.
Elle connaît un premier succès avec la chanson Le Portugais en 1978, classée no 10 en France[6], qui s'écoule à plus de 250 000 exemplaires[7]. D'autres succès s'enchaînent alors : O malhão malhão (1982), Uma moça chorava, Tiroli-tirola (son plus gros succès, avec plus de 500 000 ventes[8]), Un enfant peut faire chanter le monde, Toi mon amour caché, Chuvinha, etc.
Le , elle chante à l'Olympia de Paris, elle ne devait donner à l'origine que deux concerts mais, du fait du succès de ces dates jouées à guichets fermés, elle se produit durant quinze soirées d'affilée sur cette scène mythique ; un double album live sort par la suite. Charles Aznavour, Jean Ferrat lui écrivent des chansons.
En 1984, Linda de Suza obtient un succès littéraire inattendu avec son autobiographie, La Valise en carton, qui se vend à sa sortie à plus de 700 000 exemplaires[9], jusqu'à dépasser le million d'exemplaires[3],[10] ; elle y raconte son passé difficile et douloureux, comment elle est devenue la chanteuse que le public a connue en 1978. Le livre qui fait l'objet d'une comédie musicale en 1986, est également adapté en 1988[11] à la télévision, dans une série de six épisodes du même titre diffusée pour la première fois sur Antenne 2, pour laquelle la chanteuse enregistre la chanson du générique, Ça ne s'oublie pas (sortie chez CBS, après sa rupture de contrat avec son ancienne maison de disques, Carrère, en 1987).
Elle publie également quelques romans (notamment Je vide ma valise, qui retrace l'échec de la comédie musicale).
En 1991, elle sort son album Simplement vivre comprenant des collaborations avec Jean-Marie Moreau ou encore Pierre Delanoé qui ne rencontre pas son public[12], même si elle continue à cette période de proposer des concerts à succès[13].
Elle quitte la scène au milieu des années 1990[14] après l'édition de deux nouvelles compilations.
Après des années 2000 plus difficiles, elle revient dans les médias à l'occasion de la parution d'une compilation de ses titres, en 2013 et 2015 dans l'émission Les Années bonheur, puis dans l'émission Village Départ, ainsi qu'à la foire du Trône notamment.
En , Linda de Suza sort l'album Carte postale du Portugal aux côtés de Pedro Alves et Mara Pedro[16]. Cet album fera ensuite l'objet de plusieurs concerts proposés en 2020 (son dernier sera le à Dijon) où elle est accompagnée notamment par Stéphane Escoms à l'accordéon et par Olivier Beche à la basse [17],[18].
Vie privée
Linda de Suza a un fils, João Lança, qui vit à Lisbonne et mène une carrière artistique dans la chanson[19].
En 1981, elle rencontre Raymond Robinet[20], un éclairagiste qui devient son compagnon et son manager[21] et gère « toutes les questions financières »[22]. En , elle porte plainte contre Robinet et Claude Bécue, son ancien secrétaire particulier[21] pour usurpation d’identité et détournement de fonds, six comptes bancaires ayant été ouverts à son nom avec l'ancien numéro de son titre de séjour, modifié depuis 1979. Robinet se défend : « Ce n'est pas moi qui l'ai escroquée. Linda faisait confiance à n'importe qui et une petite bande en a profité. Carrère (son producteur) s'est copieusement servi. Deux autres gars avaient accès à son fric, Bécue et Pascal Auriat ». Auriat, son directeur artistique, et Bécue sont morts au moment de la plainte. Son ancien imprésario, Jacques Marouani, déclare : « En tant qu’étrangère, Linda De Suza n’avait pas les mêmes droits »[22].
Mort
Linda de Suza meurt le à l'âge de 74 ans, à l’hôpital de Gisors, où elle avait été transférée « pour insuffisance respiratoire et positive au Covid-19 »[23],[24]. Selon le magazine portugais Flash!, elle avait été hospitalisée en dans un état critique, après avoir déjà contracté la maladie à coronavirus en 2020. Elle souffrait de problèmes psychologiques très graves et refusait de s’alimenter[25].
Le président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, lui rend hommage en indiquant dans un communiqué : « Linda de Suza reste dans notre mémoire comme un exemple de détermination et de loyauté. Elle était une icône française de l'immigration portugaise et, par conséquent, une « icône du Portugal »[26] ». En France, l'Élysée évoque dans un communiqué « une chanteuse au carrefour de deux cultures »[27].
↑ a et bOlivier Bessard-Banquy, La Vie du livre contemporain : étude sur l'édition littéraire, 1975-2005, Presses universitaires de Bordeaux, (ISBN978-2-86781-551-5, lire en ligne)
↑Jean-Claude Klein, « Trois ouvrages : Jacques Brel, Michael Jackson, Linda de Suza », Vibrations. Musiques, médias, société, vol. 1, no 1, , p. 178–178 (lire en ligne, consulté le )