On trouve communément les linaigrettes dans les endroits humides dans les tourbières en terrain siliceux. Certaines espèces, comme E. latifolium se rencontrent dans les marais alcalins (terrains calcaires). Leur aire de répartition va des régions arctiques jusqu'aux régions tempérées, où elles sont surtout présentes en montagne. Autrefois répandues en plaine, elles y sont désormais rares du fait de la disparition de leur milieu.
Dans certaines régions, on a pu se servir de leurs soies comme du coton (elle était par exemple systématiquement cueillie dans les Monts d'Arrée pendant la Première Guerre mondiale pour remplacer le coton). Les soies que l'on observe appartiennent aux graines (des akènes). La dispersion des graines se fait par le vent : ce sont des plantes anémochores.
Linaigrettes en fruit dans le marais du Mougau (en Commana).
Utilisation
Par les Inuits
Au Québec, la linaigrette à anthères courtes, la linaigrette à belle crinière et la linaigrette de Scheuchzer poussent au Nunavik. La linaigrette rousse, la linaigrette à feuilles étroites et la linaigrette dense poussent au Nunavik, en Gaspésie et à l'île d'Anticosti. Les Inuits du Nunavik nomment les linaigrettes suputaujaq ou suputik en inuktitut. Le mot signifie souffler, d'après supuurtuk, ou souffle, d'après supuuq, en référence aux soies portées par le vent à l'automne. Ce moment marque également celui de l'année où l'épaisseur de la peau de caribou est parfaite pour fabriquer des kamiit. Les soies de linaigrettes pouvaient servir à partir un feu, comme mèche de quilliq, soit une lampe en stéatite, ou comme matériau de rembourrage. Les Inuits attribuaient des propriétés médicinales aux soies et à la tige des linaigrettes. Les soies étaient utilisées pour panser le nombril du nouveau-né et l'huile de la tige pour traiter les verrues[1],[2].
↑(fr + en + ike) Alain Cuerrier et les aînés de Kangiqsujuaq., Le savoir botanique des Inuits de Kangiqsujuaq, Nunavik, Inukjuak, Avataq Cultural Institute, , 88 p. (ISBN978-2-921644-81-5 et 2-921644-81-9, OCLC825098385, lire en ligne), p. 48-49