Cadette de quatre enfants, Lillian Helena Smith naît en 1887 à London, en Ontario, dans une maison où la musique et les livres occupent une place de choix[1]. Avant même d’être en mesure de déchiffrer l’alphabet, l’enfant s’émerveille devant la beauté des livres de son père[2]. Rapidement, Smith devient une grande lectrice et les livres ses plus fidèles compagnons[3].
En 1910, Smith est hgparmi les quelques femmes à obtenir un diplôme de l’Université de Victoria[4], l’une des écoles fédérées de l’Université de Toronto. Toujours indécise quant à son avenir professionnel, elle découvre dans un magazine l’existence d’une formation alliant son intérêt à travailler avec les enfants et sa passion pour les livres[5]. La bibliothèque publique Carnegie de Pittsburgh en Pennsylvanie offre, en effet, depuis peu un programme permettant de devenir bibliothécaire pour enfants[4]. Cette même année, Smith se classe parmi les 25 étudiants admis[6]. Il s’agit de la seule canadienne du groupe[7].
En 1911, Smith entame sa carrière en tant que bibliothécaire pour enfants à la Bibliothèque publique de New York[1]. Sa rencontre avec Anne Carroll Moore, bibliothécaire à la tête du département pour enfants, est marquante et signe le début d’une longue association[6],[1]. En peu de temps, les qualités professionnelles de Smith sont reconnues[6]. Trois semaines après son entrée en poste à la salle centrale pour enfants, elle obtient un nouveau défi, soit la responsabilité du département pour enfants de la bibliothèque Washington Heights[1], l’une des succursales de la Bibliothèque publique de New York.
Au printemps 1912, George Locke, bibliothécaire en chef de la Bibliothèque publique de Toronto, cherche une personne apte à organiser le département pour enfants de son institution[6]. Lillian H. Smith lui paraît la candidate idéale pour accomplir cette tâche[8]. En acceptant ce mandat, Smith devient, à l’automne 1912, la première bibliothécaire pour enfants diplômée de l’Empire britannique[1]. Elle œuvre pour la Bibliothèque publique de Toronto jusqu’à sa retraite en 1952[1].
Au cours de sa carrière, Smith conçoit, entre autres, des lignes directrices relatives à l'inclusion de la littérature jeunesse dans les bibliothèques de Toronto[9]. En 1930, elle établit un système de classification des livres pour enfants, davantage adapté aux collections qui leur sont destinées[10]. Son organisation, basée sur de vastes sujets significatifs pour les enfants[10], associe une lettre de l’alphabet à une grande catégorie d’ouvrages. Les livres illustrés sont, par exemple, associés à la lettre X, les contes à la lettre A et les biographies à la lettre F[11]. Ce système de classification connaît un vif succès[10]. Il reste utilisé dans les bibliothèques de Toronto jusqu'à la fin des années 1970[12], remplacé par la suite par le système de classification Dewey[10].
Au fil des ans, Smith se concentre sur la création de programmes et de bibliothèques pour les enfants. À la fin de sa carrière en 1952, elle avait obtenu l'ouverture de nombreux espaces pour enfants dans les bibliothèques et les écoles de Toronto, ainsi qu'une bibliothèque à l'Hospital for Sick Children[13].
Outre sa carrière de bibliothécaire, Smith travaille également comme enseignante et écrivaine[9]. En 1953, elle publie l’essai The Unrelectant Years : A Critical Approach to Children’s Literature[14], dans lequel elle brosse un large portrait de la littérature jeunesse, en plus de souligner l’importance des livres dans le développement des enfants[15]. Bien accueilli[16], ce livre devient un texte phare pour les bibliothécaires pour enfants de l’époque[15]. Ce livre comble un certain vide, les ouvrages critiques abordant la littérature pour enfants étant jusqu’alors peu nombreux[17]. L’ouvrage est également traduit en japonais et en italien[15].
En 1962, Lillian H. Smith reçoit le prix Clarence Day remis par l’American Library Association[18]. Cette distinction vise à souligner son remarquable travail faisant la promotion de l’amour des livres et de la lecture[15]. Elle est la première Canadienne et la première bibliothécaire pour enfants à obtenir cette récompense[19].
Smith décède le 5 janvier 1983 à Toronto[20]. En 1995, la Bibliothèque publique de Toronto ouvre une succursale particulièrement dédiée à la littérature jeunesse, à laquelle elle donne le nom de Lillian H. Smith[21].
↑ abcde et f(en) Adele M. Fasick, « Lillian H. Smith », Sous la direction de Marilyn Miller, Pioneers and Leaders in Library Services to Youth: A Biographical Dictionary, Westport, Libraries Unlimited, 2003, p. 226.
↑(en) Sydell Waxman (ill. Patty Gallinger Liz Milkau), Believing in Books: The Story of Lillian Smith, Toronto, Napoleon Publishing, coll. « Stories of Canada », 2002, p. 6.
↑(en) Adele M. Fasick (dir.), Margaret Johnston (dir.) et Ruth Osler (dir.), Lands of Pleasure: Essays on Lillian H. Smith and the Development of Chlidren's Libraries, Metuchen, The Scarecrow Press, 1990, p. 3.
↑ a et b(en) Sydell Waxman (ill. Patty Gallinger Liz Milkau), Believing in Books: The Story of Lillian Smith, Toronto, Napoleon Publishing, coll. « Stories of Canada », 2002, p. 10.
↑(en) Sydell Waxman (ill. Patty Gallinger Liz Milkau), Believing in Books: The Story of Lillian Smith, Toronto, Napoleon Publishing, coll. « Stories of Canada », 2002, p. 10-11.
↑ abc et d(en) Adele M. Fasick (dir.), Margaret Johnston (dir.) et Ruth Osler (dir.), Lands of Pleasure: Essays on Lillian H. Smith and the Development of Children's Libraries, Metuchen, The Scarecrow Press, 1990, p. 4.
↑(en) Sydell Waxman (ill. Patty Gallinger Liz Milkau), Believing in Books: The Story of Lillian Smith, Toronto, Napoleon Publishing, coll. « Stories of Canada », 2002, p. 11.
↑(en) Adele M. Fasick (dir.), Margaret Johnston (dir.) et Ruth Osler (dir.), Lands of Pleasure: Essays on Lillian H. Smith and the Development of Children's Libraries, Metuchen, The Scarecrow Press, 1990, p. 5.
↑ a et b(en) O'Reilly, Gillian, « Lillian H. Smith: libraries and the joy of stories », Canadian Children's Book News, vol. 35, no 1, , p. 16
↑ abc et d(en) Adele M. Fasick « Lillian H. Smith », Sous la direction de Marilyn Miller, Pioneers and Leaders in Library Services to Youth: A Biographical Dictionary, Westport, Libraries Unlimited, 2003, p. 227.
↑(en) Sydell Waxman (ill. Patty Gallinger Liz Milkau), Believing in Books: The Story of Lillian Smith, Toronto, Napoleon Publishing, coll. « Stories of Canada », 2002, p. 34
↑(en) Heras, Theo, « Lillian's Legacy », Horn Book Magazine, , p. 630–31
↑(en) Marilyn Lea Miller, Pioneers and Leaders in Library Services to Youth : A Biographical Dictionary, Libraries Unlimited, , 267 p. (ISBN978-1-59158-028-7, lire en ligne), p. 226
↑(en) Lillian Smith, The Unreluctant Years: A Critical Approach to Children's Literature, Chicago, American Library Association, 1991, p. IV.
↑ abc et d(en) Adele M. Fasick, « Lillian H. Smith », Sous la direction de Marilyn Miller, Pioneers and Leaders in Library Services to Youth: A Biographical Dictionary, Wesport, Libraries Unlimited, 2003, p. 228.
↑(en) Lorne Bruce, Free Books for All: the Public Library Movement in Ontario, 1850-1930, Toronto, Dundurn Press, 1994, p. 225.
↑(en) Margaret Hayes, « Review of The Unreluctant Years: A Critical Approach to Children's Literature, by L.H. Smith », The Library Quarterly, vol. 24, no3, 1954, p. 267.
↑(en) Toronto Public Library, A chronicle of Boys and Girl House and a selected list of recent additions to the Osborne collection of early children's book 1542-1910 and the Lillian H. Smith Collection 1911-1953, Toronto, 1964, p. 3.
↑(en) Adele M. Fasick (dir.), Margaret Johnston (dir.) et Ruth Osler (dir.), Lands of Pleasure: Essays on Lillian H. Smith and the Development of Children's Libraries, Metuchen, The Scarecrow Press, 1990, p. 11.
↑(en) Lands of Pleasure : Essays on Lillian H. Smith and the Development of Children's Libraries, Scarecrow Press, , 176 p. (ISBN978-0-8108-2266-5, lire en ligne), p. 11