Il était une fois et autrefois, un bûcheron surnommé « l’intègre » qui donnait les premiers coups de hache à un magnifique chêne de la forêt lorsque la reine de celle-ci lui apparut afin qu’il épargne son arbre. En échange, elle exaucera trois vœux du bûcheron et de sa femme. Mais le couple dépense bêtement ses trois souhaits à cause d’un plat de choux et de saucisse. Leur rêve de toujours est d’avoir un enfant « même aussi petit qu’un pouce » qui profiterait de cette chambre garnie de jouets qu’ils ont aménagée en espérant en vain. La reine de la forêt, pas avare, leur réserve une surprise. Au petit matin, un minuscule garçon frappe à leur porte : c’est leur fils adoptif, Tom Pouce…
Le film fourmille d’idées et d’un foisonnement de couleurs chatoyantes dues au directeur français de la photo Georges Périnal. L’humour est omniprésent et les deux méchants n’effrayeront pas les tout-petits contrairement à beaucoup de contes de fée qui leur sont souvent déconseillés à cause de représentations terrifiantes du mal. Les scènes de batailles entre méchants et gentils sont hilarantes grâce aux ingénieux bruitages sans doute puisés dans les comics des années 1950 : les « boiiiiinnnggg », « wizzzz », « vlooop » chers à Gainsbourg titillent le gros ventre et le postérieur du vilain Anthony (Peter Sellers, futur inspecteur Clouseau de La Panthère rose) comme les « splatch », « crack », « bang » qui estourbissent son acolyte Ivan (Terry-Thomas, futur « Big Moustache » de La Grande Vadrouille). Leur tandem rappelle celui de Laurel et Hardy. La musique et les chansons, omniprésentes sont étonnantes par leur diversité : valse, jazz voire mambo.
Mais la direction enchantée de George Pal est fortement amplifiée par les prouesses du héros, Tom Pouce, alias Russ Tamblyn (futur Riff, « chef des Jets », de West Side Story). Devenu roux pour la circonstance, Russ incarne un farfadet à la fois malicieux et naïf et c’est le vrai délice du film. Débutant au cinéma à 14 ans, il semble rompu à toutes les disciplines. La chorégraphie où il danse avec son double en papier est un grand moment d’anthologie du cinéma (ou de bonheur). Chanteur, danseur, acrobate, on s’attend à voir Russ s’envoler comme Peter Pan, mais il ne l’imitera pas. La magie opère grâce à son seul talent (sans trucage) ; il est un Tom Pouce poétique, pur esprit d’avant le numérique, tour à tour âme bondissante insufflant la vie à ses jouets ou enfant rêveur s’assoupissant au chant de « Vieil Endormi » (voix de Stan Freberg) qui, lui, malgré tous ses efforts, ne réussira pas à endormir le spectateur…
Vidéographie
2000 : Tom Thumb, DVD région 1, Warner Home Video.
↑Selon TCMdb, Jessie Matthews, artiste de music-hall faisant son retour à l'écran après quinze ans d'absence, serait l'interprète de la chanson tandis que IMDb indique qu'elle est doublée par Norma Zimmer.