Entre fiction et histoire, le scénario distille une théorie machiavélique du pouvoir religieux.
Description
Synopsis
Rome, deuxième moitié du XVIIIe siècle. Le cardinal Trebaldi est l'héritier de l'une des neuf familles qui depuis la chute de l'Empire romain décident en secret du sort de l'Europe en s'appuyant pour cela sur l'Église et sur son Pape. Armando Catalano, dit Le Scorpion, est trafiquant de reliques saintes. Il est le fils d'une hérétique brûlée vive pour avoir détourné du droit chemin un homme d'église et porte la « marque du diable », une tache de naissance en forme de scorpion. Le cardinal, dont il défie l'autorité, confie alors à Méjaï, une jeune gitane spécialisée dans les philtres, la mission de l'empoisonner. Mais sa mission échoue et le destin la rapproche d'Armando.
Les aventures du Scorpion le mèneront à la recherche du trésor des Templiers et à la découverte de son passé.
Personnages
Armando Catalano alias Le Scorpion, un trafiquant de reliques et excellent escrimeur
Méjaï, une jeune gitane versée dans les poisons
Le Cardinal Cosimo Trebaldi, un homme d'église impitoyable et torturé
Aristote Weindorf alias Le Hussard, le fidèle compagnon du Scorpion
Rochnan, l'âme damnée du Cardinal
Ferron et Fenice, deux aventuriers chasseurs de trésors
Nelio Trebaldi, le jeune frère du Cardinal à la sexualité ambigüe
Ansea Latal, héritière d'une des Neuf familles gouvernantes
Marie-Ange de Sarlat, Ambassadrice (avec son frère) du roi de France auprès du pape
Orazio Trebaldi, père de Cosimo et Nelio et patriarche de la famille.
Aurelio Latal, patriarche de la famille Latal
Les neuf familles
Une « alliance » de neuf familles créée au temps de la République romaine.
Les Trebaldi
Les Latal
Les De Vaulnay
Les Guarini
Les Delamorley
Les Cavalieri
Analyse
Auteurs
Forts de leur collaboration en 1995 pour le western L'Étoile du désert sorti en aux éditions Dargaud[1], Desberg et Marini décident, dans le courant de cette même année, de créer ensemble une série « de cape et d'épée ». Partant d'abord sur une adaptation des Trois Mousquetaires d'Alexandre Dumas, ils prennent finalement la décision d'innover un peu plus. Inspiré par Zorro et Scaramouche, Marini dessine un personnage d'escrimeur qu'il nomme le Scorpion et prépare des nombreux d'illustrations des personnages et des lieux. Il rassemble tout dans un portfolio, une sorte de charte graphique illustré, pour montrer à Desberg comment il imagine le Scorpion. Ensemble ils inventent une trame pour en faire une longue série populaire. Desberg commence dès lors l'écriture du premier album, que Marini suit de près en rajoutant aussi ses idées. Le dessinateur Marini, très occupé sur d'autres séries, repousse de quelques mois la réalisation du tome 1, qu'il commencera finalement en 1997[2],[3].
En 2019, à l'occasion de la sortie du tome 12, Enrico Marini annonce que cet album, qui termine l’intrigue liée aux neuf familles et résout la quête identitaire du Scorpion et l’héritage des Trebaldi, sera le dernier qu'il dessinera. Stephen Desberg poursuit la série seul au scénario, le dessin et les couleurs étant assurés par Luigi Critone, choisi comme successeur par Marini lui-même[4]. La reprise de Luigi Critone est appréciée par Didier Pasamonik qui
salue le « trait sublime de Luigi Critone qui succède à Enrico Marini sur cette saga, avec un brio incomparable »[5].
Inspirations
Les deux auteurs (et particulièrement Marini) sont tous deux fans de films de cape et d'épée, tels Scaramouche, avec entre autres des acteurs comme Jean Marais. Ils assument totalement les nombreuses références faites à ce genre multi-disciplinaire auquel ils ont donc voulu rendre hommage par cette série. De ce fait ils disent avoir préalablement re-visionné ensemble lesdits films pour poser l'univers de la série[6],[3]. Dans ces références, s'il ne fallait en retenir qu'une, les auteurs citent le plus souvent que le nom du héros, Armando Catalano, est en fait celui de l'acteur choisi par Walt Disney pour incarner Don Diego de la Vega dans la série Zorro des studios Disney, diffusée entre 1957 et 1961, mais aussi et plus simplement que les caractéristiques principales de ce personnage enlevé, bien adroit avec son arme, séducteur, etc., font de lui un personnage très « romanesque », typique du genre[6]. En ce qui concerne plus particulièrement le scénario Desberg déclare avoir « lu des récits sur l’histoire des papes, sur l’organisation du Vatican, des éléments souvent très sibyllins ». Quant aux dessins, outre les films évoqués plus haut, l'inspiration vint « des gravures de l’époque – Michel-Ange pour les uniformes des Gardes suisses – et de tableaux ». On sait aussi que les auteurs ont préalablement rencontré un vieux maître d’armes français, ayant notamment doublé Jean Marais et Alain Delon dans La Tulipe noire, qui les a renseignés non seulement sur l’escrime, mais aussi sur les codes d’honneur en vigueur à l'époque. En bref, ces recherches leurs apportèrent certains points de repère. Mais, d'après eux, dans le fond, leur but est de divertir les gens. « Ne pas les abreuver d’histoire » - ils ne voulaient pas d’une « BD purement historique » - mais leur « donner du rêve »[3].
Bien que l'histoire soit censée se dérouler à la veille des révolutions en Europe, le personnage paraît paradoxalement en retrait par rapport à ces événements, ce qui participe aussi à la relativisation de cette période de l'Histoire engagée par les deux auteurs. Le Scorpion garde en effet un esprit libre et critique face à absolument toute autorité[6]. Cela est à mettre en relation avec les ouvrages d'inspiration sartrienne, prônant l'idée de l'engagement personnel pour ne pas accepter le creusement des inégalités de richesse ― en effet d'après l'auteur : « C’est avant tout de l’aventure, qui aurait certes pu se passer à cette époque-là, mais qui a surtout des résonances actuelles. Le conservatisme pur et dur. »[3],[6].
En ce qui concerne le dessin, le style est considéré comme plutôt réaliste. Pour les couleurs, la technique utilisée est la méthode des couleurs directes, c'est-à-dire que le dessinateur peint lui-même ses propres dessins en temps réel à l'aquarelle[6].
Postérité
Succès
Début 2011, la série s'était déjà vendue à plus d'un million et demi d'exemplaires, tous pays confondus[6]. Malgré le fait que le t. 11, paru en 2014, ne marque pas la fin de la série (dont la narration est laissée en suspens à la fin du tome) et après un hiatus de cinq ans le douzième tome a été mis en vente le . Il semble s'agir de l'ultime album de la série, l'auteur n'ayant pas apposé au bas de la dernière page la mention, "fin de l'épisode." Le cas échéant le scénario se dénoue par une interrogation et tourne le dos aux Happy End des histoires de cape et d'épée.
Autres
La série pourrait éventuellement faire l'objet d'une adaptation cinématographique ; le projet serait en discussion[6].
L'histoire du Scorpion est évoquée au début du neuvième tome de la série IR$, du même scénariste, lors de la visite d'un château en Palestine.