Le Repas (film, 1951)

Le Repas
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Affiche japonaise du film
Titre original めし
Meshi
Réalisation Mikio Naruse
Scénario Yasunari Kawabata
Toshirō Ide
Sumie Tanaka
Fumiko Hayashi (roman)
Acteurs principaux
Sociétés de production Tōhō
Pays de production Drapeau du Japon Japon
Genre Comédie dramatique
Durée 97 min
Sortie 1951

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Repas (めし, Meshi?) (littéralement : « Le plat » ou « La nourriture ») est un film japonais réalisé par Mikio Naruse sorti en 1951.

Le film est l'adaptation de l'ultime roman, éponyme et inachevé, de Fumiko Hayashi (1903-1951). Le film inscrit en exergue un passage du roman de Fumiko Hayashi : « Ces actes splendidement pitoyables des hommes perdus dans l'immensité infinie de l'univers, je les aime irrésistiblement. » [1]

Synopsis

Dans un quartier ordinaire de Nishinari-ku au sud d'Osaka, Michiyo, l'épouse d'un agent de change, est déprimée : la monotonie s'est installée dans son couple, et son mari est indifférent ou apathique. Pourtant, elle l'avait épousé par amour, cinq ans plus tôt, contre la volonté de ses propres parents. Bientôt, une nièce, Satoko, qui fuit sa famille afin d'éviter un mariage non consenti, s'installe chez eux, et les rapports entre Michiyo et son mari se compliquent d'autant. Michiyo quitte donc Osaka pour aller se reposer chez sa mère à Tokyo et méditer sur la situation de son couple. Après quelques jours, elle croise son mari, désemparé, qui est à Tokyo pour affaires, alors qu'il sort de bains publics. Elle est touchée par son désarroi et son manque de caractère, et elle décide de se réconcilier avec lui pour affronter les vicissitudes de l'existence.

Fiche technique

Tournage du film (1951).

Distribution

Scène du film avec Setsuko Hara et Ken Uehara.

Commentaire

« L'histoire de la relation entre Naruse et l'écrivaine Fumiko Hayashi est à elle seule tout un roman », écrit Jean Narboni, auteur d'un ouvrage consacré au cinéaste nippon (J. Narboni, Mikio Naruse. Les temps incertains, Cahiers du cinéma/auteurs, 2006)[4].

« Il est peu d'exemples de cinéaste ayant adapté six livres d'un auteur d'importance, en commençant de surcroît par son dernier roman, inachevé, pour finir par le récit de jeunesse qui l'avait rendue célèbre trente ans plus tôt (Chronique de mon vagabondage (Hōrōki), réalisé en 1962). Il est également étonnant que, vivant dans le même pays et rigoureusement contemporains, ils ne se soient jamais rencontrés et peut-être jamais vus (...) », constate-t-il[4].

En effet, Mikio Naruse a toujours manifesté son admiration pour l'œuvre de Fumiko Hayashi et exprimé les affinités qu'il ressentait avec les milieux qu'elle décrivait : en particulier des couples ou des familles situés au bas de l'échelle sociale ou appartenant à la petite bourgeoisie salariée, minés par les contraintes sociales et la monotonie des tâches quotidiennes. En outre, Naruse s'est surtout intéressé à des personnages de femmes que leur fonction (hôtesses ou geishas) ou leur destin (amoureuses déçues, épouses lassées par la vie de couple ou les difficultés de l'existence) « exposent aux souffrances de la servitude, de la trahison ou de l'abandon, mais que l'endurance empêche de sombrer. » (Jean Narboni, op. cité) Michiyo, incarnée par Setsuko Hara dans Le Repas, est un portrait de femme conforme à cette description. « Sans doute l'enfance pauvre, l'impossibilité de poursuivre des études, l'obligation de gagner sa vie très jeune et l'acharnement au travail ont-ils également joué dans le sentiment de proximité que Naruse éprouvait avec la romancière », ajoute Jean Narboni[4].

« Une telle proximité de destin, des préoccupations artistiques et existentielles communes (...) auraient dû normalement entraîner, de la part d'un cinéaste connu pour son obstination, une collaboration avec la romancière ou, à tout le moins, un recours régulier et soutenu à son œuvre », fait remarquer Jean Narboni. Or, paradoxalement, il y eut entre les deux artistes des rendez-vous manqués et de longues absences. Et « la genèse même du Repas ajoute au trouble » (J. Narboni). D'une œuvre qui inaugure un cycle de cinq films en cinq ans (1951-1955), tirés des romans de Fumiko Hayashi, on aurait pu penser qu'il fût longuement mûri et impatiemment désiré. Tout au contraire, Naruse n'était, à l'origine, nullement prévu pour diriger le film. Il le dut à un concours de circonstances puisque son collègue Yasuki Chiba, tombé malade, lui confia le projet. Yasuki Chiba adaptera, pour sa part, un autre roman de Fumiko Hayashi La Ville basse en 1957[4].

À propos du Repas, Jacques Lourcelles souligne que le dépouillement du style chez Naruse n'aboutit pas, comme chez Yasujiro Ozu, auquel il est souvent comparé, à un sentiment de plénitude. « L'hésitation et la perplexité restent le lot essentiel des personnages. (...) Le film est comme le graphique de ces incertitudes, à peine formulées », nous dit Jacques Lourcelles (Dictionnaire du cinéma, Bouquins/Robert Laffont).

Mikio Naruse considère Le repas comme le premier volet, avec Un couple et Épouse, d'une trilogie sur la période dangereuse du mariage[5].

Distinctions

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Récompenses

Notes et références

  1. Jean Narboni, Mikio Naruse, les temps incertains, Cahiers du Cinéma, , 288 p. (ISBN 978-2-8664-2283-7), p. 201
  2. a et b (ja) Le Repas sur la Japanese Movie Database
  3. « Les films japonais sortis en France en salle », sur www.denkikan.fr (version du sur Internet Archive)
  4. a b c et d Jean Narboni, Mikio Naruse, les temps incertains, Cahiers du Cinéma, , 288 p. (ISBN 978-2-8664-2283-7), p. 111-116
  5. Audie E. Bock, Mikio Naruse, un maître du cinéma japonais : introduction à l’œuvre et filmographie commentée, Édition du Festival international du film de Locarno, , 270 p., p. 168
  6. (ja) « 1951年 第2回 ブルーリボン賞 », sur allcinema.net (consulté le ).
  7. (ja) « Mainichi Film Awards - 6th (1951年) », sur mainichi.jp (consulté le )

Liens externes