Le Marchand de Venise (William Shakespeare's, The Merchant of Venice) est un film américano-italo-anglo-luxembourgeois de Michael Radford sorti en 2004, et une adaptation de la pièce éponyme de William Shakespeare écrite entre 1596 et 1598. Le film suit la vie des quatre personnages principaux au travers de leurs dessins propres et de leurs interactions. Si le film est fidèle au texte original, l'antisémitisme de l'époque de Shakespeare a toutefois été atténué pour être compris des spectateurs ne connaissant pas le contexte historique du Marchand de Venise.
Cette nouvelle version, sortie en 2004 au Royaume-Uni, est destinée à une diffusion cinématographique. Elle suit de près le texte originel qui n'a que peu été remanié par le réalisateur Michael Radford[Note 1].
Synopsis
La scène se déroule dans la capitale de la république de Venise ; Venise et à Belmonte Calabro, où réside Portia. Le personnage de Bassanio, doit, afin de demander sa main, passer une épreuve imposée par le défunt père de Portia et réunir 3 000 ducats pour financer son voyage. Il demande à son ami, le marchand Antonio de les lui prêter. Cependant, comme tous les navires de ce dernier sont en mer, Antonio emprunte la somme à un usurier juif, Shylock en échange d'un contrat particulier. Shylock, qui déteste Antonio (qui prête sans usure à ses amis et le malmène constamment) lui impose une condition : en cas de défaut de paiement, Shylock sera libre de prélever une livre de chair sur Antonio. Antonio signe et la quête de Bassanio débute. Le film débute avec un texte et un montage de la façon dont la communauté juive est maltraitée par la population chrétienne de Venise. L'un des derniers plans du film attire également l'attention sur le fait que, comme n'étant plus juif, Shylock est chassé par sa propre communauté et n'est plus autorisé à vivre dans le ghetto de Venise.
Fiche technique
Titre original : William Shakespeare's, The Merchant of Venice
Production : Cary Brokaw, Michael Cowan, Jason Piette, Barry Navidi, Luciano Martino
Sociétés de production : Avenue Pictures Productions (États-Unis), Immagine e Cinema (Italie), Film Fund Luxembourg, Movision (Royaume-Uni), Navidi-Wilde Productions (Royaume-Uni), Spice Factory (Royaume-Uni), UK Film Council (Royaume-Uni), 39 McLaren St. Sydney (États-Unis), Rough Diamond Productions (États-Unis), Dania Film (Italie), Istituto Luce (Italie), Delux Productions (Luxembourg),
David Harewood : Prince du Maroc, prétendant à la main de Portia
Le personnage de Shylock et l'antisémitisme européen au XVIe siècle
Shylock dans le film
Interprété par Al Pacino, le juifShylock apparaît comme le personnage principal du film, tout comme dans la pièce, il conserve le caractère antipathique et l'esprit de vengeance légitime envers ceux qui l'ont molesté toute sa vie au sein de la société vénitienne[2].; cependant le film ne montre pas seulement Shylock comme un scélérat, mais en partie aussi comme une victime[3].
Il se trouve, à la fin du film, obligé de se convertir au christianisme, ruiné et chassé par la communauté juive de Venise. Accablé par la fuite de sa fille avec un chrétien, son désir de vengeance inassouvi, ayant perdu tous ses biens qui constituaient son outil de travail ; Shylock est le seul personnage dont les desseins n'ont pas été atteints.
Shakespeare a mis l'un de ses discours les plus éloquents dans la bouche de Shylock :
« Un Juif n'a-t-il pas des yeux ? Un Juif n'a-t-il pas des mains, des organes, des dimensions, des sens, de l'affection, de la passion ; nourri avec la même nourriture, blessé par les mêmes armes, exposé aux mêmes maladies, soigné de la même façon, dans la chaleur et le froid du même hiver et du même été que les Chrétiens ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourons-nous pas ? Et si vous nous bafouez, ne nous vengerons-nous pas ? »
Pendant les années 1600 à Venise et dans certaines autres cités, les juifs devaient porter un chapeau rouge en public afin de s'assurer que l'on puisse les identifier facilement. S'ils ne respectaient pas cette règle, ils risquaient la peine de mort.
La société vénitienne et ses rapports avec les juifs est dépeinte dans le film au travers de diverses catégories de personnes :
le peuple vénitien qui méprise les juifs, le pouvoir qui les laisse vaquer à leurs activités financières, et les religieux qui veulent les châtier pour prêter à usure.
L'antisémitisme en Angleterre
La société anglaise de l'époque d'Élisabeth Ire d'Angleterre a été décrite comme antisémite[4]. Les juifs d'Angleterre avaient été expulsés dès le Moyen Âge et n'ont été autorisés à revenir que par l'abolition d'un décret de 1290 par Oliver Cromwell, et ce, seulement en 1656, mais subissaient encore les moqueries et l'antipathie des sociétés auxquelles ils étaient confrontés. Les juifs ont souvent été présentés à l'époque de Shakespeare, comme hideux, au nez crochu, usuriers cupides et pactisant avec le malin[5].
Sur l'agrégateur américain Rotten Tomatoes, le film récolte 71 % d'opinions favorables pour 127 critiques[7]. Sur Metacritic, il obtient une note moyenne de 63⁄100 pour 35 critiques[6].
↑Michael Radford a en effet estimé que le personnage de Shylock, le juif constituait le premier héros tragique de Shakespeare.
↑Dans le texte original : Hath not a Jew eyes? Hath not a Jew hands, organs dimensions, senses, affections, passions; fed with the same food, hurt with the same weapons, subject to the same diseases, heal'd by the same means, warm'd and cool'd by the same winter and summer as a Christian is? If you prick us, do we not bleed? If you tickle us, do we not laugh? If you poison us, do we not die? And if you wrong us, shall we not revenge?