Le Couronnement d'épines est un tableau réalisé vers les années 1530 par un suiveur du peintrenéerlandaisJérôme Bosch. Il est exposé au Monastère Saint-Laurent de L'Escurial, en Espagne.
Peint à l'huile sur un panneau de chêne de la Baltique, le tableau mesure 157 cm de haut sur 194 cm de large[1].
Il représente, à mi-corps, le Christ aux prises avec trois bourreaux et deux autres hommes. Celui de gauche, représenté de profil, qui tient un sceptre orné d'une effigie de Moïse, pourrait être identifié à Caïphe. Ce dernier et les bourreaux obéissant à ses ordres présentent des physionomies caricaturales qui contrastent avec les traits fins et la calme expression de leur victime.
La scène occupe un tondo doré inscrit dans le format rectangulaire du panneau, ce qui ménage quatre écoinçons. Traités en grisaille, ceux-ci figurent des anges terrassant des démons monstrueux.
Historique et attribution
Le roi Philippe II, qui fut le plus important collectionneur d’œuvres de Bosch, a déposé Le Couronnement d'épines à L'Escurial à la fin du XVIe siècle, comme l'atteste un inventaire de 1593. Ce tableau aurait auparavant appartenu à Fernand de Tolède, ancien vice-roi de Catalogne, qui avait combattu dans les Pays-Bas espagnols sous les ordres de son père naturel, le duc d'Albe[1].
Longtemps attribué à Bosch lui-même, le Couronnement d'épines de L'Escurial a cependant été réalisé plusieurs années après la mort (en 1516) du maître de Bois-le-Duc, comme l'ont démontré en 2001 les résultats d'une analyse dendrochronologique. Il daterait ainsi des années 1530 (après 1533) et serait une copie de l'atelier de Bosch d'après un original perdu[1] ou, plus vraisemblablement, la réalisation d'un suiveur anversois. Frédéric Elsig note d'ailleurs que certains effets de transparence rappellent les débuts de Marinus van Reymerswale, un disciple de Quentin Metsys actif à Anvers[2].
Semblable par sa composition générale et certains détails, mais différent par son style, le Couronnement d'épines avec un donateur du musée royal des beaux-arts d'Anvers, a lui-même fait l'objet d'une dizaine de dérivations. L'une d'elles est conservée de manière fragmentaire avec la Tête d'un arbalétrier (après 1549) du musée du Prado. Une autre, réalisée après 1551, appartient au Philadelphia Museum of Art. Malgré un écart de qualité évident, la composition et les visages des bourreaux sont comparables à ceux du Couronnement d'épines de Londres.
Considérée par Ludwig Baldass et Charles de Tolnay comme la copie d'un original perdu de Bosch, la version anversoise serait, selon Frédéric Elsig, un « pastiche archaïsant » réalisé à Anvers dans les années 1540[4]. En se fondant sur la proximité stylistique de la figure du donateur avec les tableaux de Jan van Scorel, le catalogue en ligne du musée émet quant à lui l'hypothèse d'une copie partielle réalisée dans les années 1520-1530 à Utrecht[5].
↑Matthijs Ilsink, Jos Koldeweij et Charles de Mooij, Jérôme Bosch - Visions de génie (catalogue de l'exposition du Noordbrabants Museum de Bois-le-Duc), Bruxelles, Fonds Mercator, 2016, p. 64-67.