Véritable succès d'édition, il dépasse rapidement les 500 000 exemplaires[réf. nécessaire].
Résumé
L'ouvrage décrit la vie d'une famille pauvre de paysans bigoudens (celle de l'auteur) du village de Pouldreuzic peu après la Première Guerre mondiale, mettant l'accent sur les codes très stricts qui rythmaient leur vie, notamment concernant la pratique religieuse qui constituait le ciment de la société paysanne, malgré le développement des écoles communales « rouges » (républicaines) et de la langue française, lesquels s'accompagneront de bouleversements irréversibles.
Critiques
Il fut l'objet d'une polémique avec Xavier Grall qui, dans Le Cheval couché, accusera Hélias de donner une image trop passéiste et localisée de la Bretagne : « Je ne suis pas cet écrivain cantonal, cet Hélias qui n'a jamais ouvert la bouche que pour la Bigoudénie »[2]. Il lui reproche aussi, après l'avoir vu dans un épisode de l'émission de télévision Apostrophes, de n'avoir pas été un militant breton : « Et Jakez Hélias (...) ne leva pas le petit doigt pour placer le débat dans le vif du sujet, celui des autonomies culturelles »[3]. Grall qualifie Hélias de « bretonnant passionné » et de « médiocre Breton »[4]. Il lui reproche de se réfugier dans « le conte, cette valeur refuge » et de se résigner à la mort de la langue bretonne : « Il arrive à glorifier le folklore comme étant quelque chose d'intemporel, d'éternel et dans le même temps il gémit sur l'extinction progressive, à ses yeux inéluctables, de ce qui est le fondement même d'une civilisation : sa langue »[5]. Voulant vérifier la qualité du breton d'Hélias, Grall laisse ensuite la parole au poète bretonnant Kouliz Kedez, qui dénonce violemment « la truculence facile », « l'ethnologie d'épicier » d'Hélias, l'accuse de « tutoyer, rudoyer avec des façons de soue (...) un goémonier ». Puis, cultivant l'invective, il traite sa cible de « birbe méprisant », de « baderne suborneuse », de « cracheur d'hospice qui fait les poches des pensionnaires avant de dégoiser »[6].
L'essayiste Pascal Rannou a affirmé que Grall n'avait probablement lu du Cheval d'orgueil, dont il ne cite pas la moindre ligne dans son pamphlet, que la table des matières et la conclusion : « Tout porte à croire qu'il s'est contenté de lire des interviews de l'auteur conspué, et de l'écouter lors d'émissions radiophoniques ou télévisées »[7].
C'est également en réaction à la lecture du Cheval d'orgueil que Jean Rohou écrira Fils de ploucs. Dès l'incipit de son livre, Rohou rappelle avoir écrit à ses parents : « J'ai arrêté la lecture du Cheval d'orgueil. Je trouve que c'est faux : beaucoup trop idéalisé »[8]. Il critique ensuite fréquemment Hélias, coupable à ses yeux de falsifier le passé, et ce en des termes très cinglants : « Ces travestissements malhonnêtes ne sont pas le meilleur service à rendre à des gens estimables pour de toutes autres raisons. Flatteurs tant qu’ils sont portés par la mode, ils sombrent ensuite dans le ridicule (…). Sous-titré « Mémoires », Le Cheval d’orgueil se présente comme un authentique document sociologique. En fait, la réalité y est enjolivée par un habile conteur, digne héritier de ses grands-pères (…). Mais c’est bien une reconstruction idéalisée, et parfois du folklore nostalgique pour Marie-Antoinette de résidence secondaire. Même si Hélias a bénéficié d’une enfance merveilleuse, dans une famille exceptionnelle, son témoignage n’est pas généralisable »[9]. Rohou ironise encore sur « les admirables grands-pères d’Hélias, deux hommes du peuple revus et corrigés par leur brillant petit-fils »[10]. Il le qualifie d'« as dans l’art de positiver »[11]. Mais jamais Rohou ne prouve qu'Hélias enjolive la réalité : il se contente de l'affirmer et de se moquer de lui. Il le qualifie de « frère ennemi » dans une émission animée par Jean Lebrun[12], alors qu'il précise n'avoir rencontré qu'une fois Hélias, lors d'un examen de breton, et l'avoir « trouvé dédaigneux »[13]. Rohou rappelle qu' Hélias a été un « champion du breton » qui a « continu(é), à l’école normale de Quimper, à former des générations d’instituteurs destinés à remplacer cette langue par le français »[14]. Grall l’avait déjà dit[15].
L'ouvrage aurait été traduit en 18 langues[réf. nécessaire] ; en fait, Mannaig Thomas, dans sa thèse P.-J. Hélias et Le Cheval d'orgueil : Le regard d’un enfant, l’œil d’un peintre, révèle qu’il n’a connu que deux traductions : en anglais et en galicien[16].
Pierre-Jakez Hélias et Le Cheval d'orgueil, par Thierry Glon, in La Littérature bretonne de langue française, collectif, Yoran Embanner, 2020, p. 311-315.