Lazare de Schwendi est né en à Mittelbiberach en Souabe. Il était le fils illégitime de Ruhland de Schwendi et d'Appolonia Wenken, sa servante. Son père, mort en , fit un testament instituant la ville de Memmingen exécutrice testamentaire et tutrice de son fils.
Après des études dans les universités de Strasbourg et de Bâle, il entra au service de Charles Quint en 1546.
Il s’illustra au combat, en particulier en 1552 lors de l'annexion par le roi de France Henri II de la ville de Metz. En 1553, avec Charles de Tisnacq, il se rendit à une conférence de la ligue d'Eger qui devait se tenir à Zeitz, mais la conférence fut ajournée[1]. En 1556, il fut nommé par Philippe II d’Espagne gouverneur de Philippeville en Belgique, où il entra en janvier, à la tête d’un régiment de lansquenets allemands. L'évènement est rappelé par une inscription dans l'église[2].
Malgré cette intense activité militaire, il fut chargé de nombreuses missions diplomatiques à Prague, en Bavière, à Bruxelles (en tant qu’ambassadeur impérial).
Marié en 1552 à Anne Boecklin de Boecklingsau, il eut un fils, Jean-Guillaume de Schwendi, en 1557 ; celui-ci fut baron de Hohenlandsberg et mourut en . À la suite de la mort de sa femme, le , Schwendi se remaria, en , à Éléonore de Zimmern (1554-1606).
Entre 1564 et 1568, il est au service de l'empereur Maximilien II en tant que colonel de toutes les troupes allemandes à cheval et à pied et est envoyé en Hongrie pour combattre les Turcs ; le , il prend d’assaut la forteresse de Tokaj : il aurait rapporté de son voyage le savoir-faire viticole de cette région du nord-est de la Hongrie et serait donc à l'origine du tokay d'Alsace[5] : il s’agit d’une légende, puisque le tokay d’Alsace (le pinot gris) ne correspond nullement aux cépages qui donnent le vin doux de tokay[6] et que, d’autre part, le pinot gris était connu en Alsace depuis le Moyen Âge.
À partir de 1568, il réduisit ses activités diplomatiques pour se consacrer à la gestion de ses domaines[7] ; en effet, il avait acquis de nombreuses propriétés de deux côtés du Rhin : en 1560, la seigneurie de Burkheim (commune de Vogtsburg im Kaiserstuhl, aujourd’hui en Bade-Wurtemberg) ; en , la ville et le château de Triberg en Forêt-Noire).
Mais c’est surtout en Alsace qu’il marqua son empreinte : il se rendit propriétaire, le , de la seigneurie de Hohenlandsberg avec la ville de Kientzheim et son château[8], les villages de Sigolsheim, d’Ingersheim, de Katzenthal et de Logelheim, ainsi qu’une partie des localités de Niedermorschwihr, de Wintzenheim, d’Ammerschwihr et de Turckheim. C’est dans sa résidence de Kientzheim qu’il vivait le plus volontiers. En 1572, il devint seigneur de Kirchhoffen — commune d'Ehrenkirchen en pays de Bade, et, l’année suivante, prévôt impérial de Kaysersberg.
Il mourut le à Kirchhoffen et, selon son vœu, fut inhumé dans l’église de Kientzheim ; sa pierre tombale, en grès rose, représentant en haut-relief en chevalier, est toujours visible ; elle est classée à l’inventaire des monuments historiques.
Frédéric Auguste Bartholdi réalisa en 1898 une statue de Schwendi brandissant un plant de vigne ; elle surplombe la fontaine, au milieu de la place de l'Ancienne douane de Colmar.
Écrits
Ouvrages
Mein Lazarus vonn Schwendis, etc. Warhaffter und unwidersprechlicher Bericht, was ich, die niderwerffung und fengknuß, weyland Sebastian Vogelsperger belangend, gehandelt und gethon habe, Augsburg, 1548
(avec Joannes Stadius, Gemma Frisius et Ogier Ghislain de Busbecq) Ephemerides novae, auctae et repurgatae Joannis Stadii Leonnouthensis mathematici. Secundum Antverpiae longitudinem. Ab anno 1554 usque ad annum 1600, Cologne, Héritiers d'Arnold Birckmann, 1570
Kriegs Discurs : von Bestellung dess gantzen Kriegswesens, vnd von den Kriegsämptern : vermehrt und verbessert mit nützlichen, aus vieler kriegenden Potentaten und Republiquen Kriegs-Rechten, auch aus bewehrten Authoribus, extrahirten Annotationibus […] ; Darbey zu Ende […] der neue Käyserliche und ein Churfl. Sächs. Articulsbrieff annectirt / durch […] Christophorum Lobrinum, Dresde, Martin Gabriel Hübner, 1605, 1676 (OCLC800895054)
Ein schöne Ermahnung unnd Warnung, deß stengen, vielversuchten und streitbaren Helden und Kriegßobersten, Herrn Lazari von Schwendy , an die frommen Teutschen, unlangst vor seinem Todt gemacht.
Eugène Papirer, Kientzheim en Haute-Alsace : la ville de Lazare de Schwendi — Publié par la ville de Kientzheim.
Compléments
Mémoire
Fédération des villes de Lazare de Schwendi
La Fédération des villes de Lazare de Schwendi[10] a vu le jour en 1986 à l’initiative des quelques communes françaises qui faisaient partie des seigneuries de de Schwendi. Les membres sont :
↑« Lazarus de Schwendi, chevalier et conseiller de sa majesté impériale, premier gouverneur de cette ville et commandant en garnison de troupes allemandes, a fait poser cette pierre pour perpétuer la mémoire de ce fait ».
↑Pour commémorer sa victoire, Philippe II, qui avait succédé à son père en 1558, fit bâtir l’Escurial.
↑Pierre Deslais, L'Alsace, géographie curieuse et insolite, Rennes, Éditions Ouest France, , 116 p. (ISBN978-2-7373-6364-1), p. 80.
↑Les cépages blancs du Tokaji sont le Furmint, le Hárslevelü (« feuille de tilleul » en hongrois), le Sárgamuskotály (muscat blanc à petits grains) et le Zéta (autrefois connu sous le nom d'Oremus).
↑Le premier château (inférieur) de Kientzheim a été construit par Jean Ier de Lupfen avant 1436 (date de sa mort). Lorsque Lazare de Schwendi devint propriétaire de la seigneurie de Hohlandsbourg, il fit partiellement reconstruire et agrandir le château entre 1563 et 1583. Les dépendances dans la cour remontent probablement à la même époque. Il agrandit sa propriété par celle, contiguë, des chevaliers de Saint-Jean de Colmar et y fit prolonger le mur d'enceinte crénelé qui subsiste dans la grand-rue. Le château resta dans la descendance directe, puis indirecte, des Schwendi jusqu'en 1770.