Souvent assimilé au mouvement French touch puisqu'il s'est fait connaître du grand public à la même époque, Laurent Garnier se défend d'avoir contribué à l'émergence de cette scène qui n'est pour lui « qu'une simple étiquette apposée sur les productions Disco/House filtrée françaises de la fin des années 90 ».
Biographie
Laurent Garnier est né le à Boulogne-sur-Seine, dans une famille dont le père est forain[2] et la mère coiffeuse[3]. Très jeune, il se rend compte que la musique fait et fera partie intégrante de sa vie. Il s'enferme dans sa chambre, transformée en véritable discothèque grâce à un ami de son père[3], plusieurs heures par jour. Derrière ses platines, il s'imagine faire danser les foules et anime les soirées familiales dès qu'il en a l'occasion. Il fait ses premiers mix en 1982 sur la radio libre Radio Teenager tous les vendredis durant 4 heures, depuis Le Pecq[4].
Mais c'est lorsqu'il déménage à Londres pour devenir valet de pied de l'ambassadeur de France[5] après être sorti premier de l'école hôtelière que tout s'enclenche.
Il découvre les nuits anglaises et s'installe à Manchester[3]. Il franchit les portes du club Haçienda dans cette même ville[5] ne tardant pas à jouer sous le pseudonyme de DJ Pedro les premiers disques house venant de Détroit et du label Underground Resistance[3]. En Angleterre encore, il découvre les rave parties et essaie d'amener ce courant musical britannique sur la scène française. Privilégiant l'aspect musical comme vecteur d'organisation de ces fêtes, il s'éloigne de ce mouvement « lorsque la drogue d'abord, puis l'argent deviennent les raisons majeures de l'organisation de ces rassemblements. » Après son service militaire en France, il part pour New York[3].
De retour à Paris vers la fin des années 1980, la scène « house » française est encore inexistante[3] ; il joue à La Locomotive aux côtés d'Erik Rug, endroit où il joue aussi du rock[6]. Au départ dans ce club, la techno est mal vue que ce soit par les clients ou par les propriétaires[7]. Mais les soirées « H3O » du mercredi, organisées par Rug et Garnier vont insérer le new beat belge, les différents courants de la house américaine, le tout ponctué de rap[8]. Le duo exige d'avoir leurs noms sur les flyers, « ce qui ne se faisait pas encore » précise Rug[8].
Au-delà de La Loco, il joue au Palace le dimanche après-midi avec Philippe Corti comme directeur artistique. Il fait, à la même période que David Guetta, des soirées rap et house au Rex Club, club dont il deviendra un DJ régulier. Il joue aussi à la Luna (Paris 11e) parfois accompagné de son copain DJ Deep, à l'éphémère Boy, au Queen, au Studio Circus à Cannes, à l'An-Fer à Dijon où il a une résidence durant cinq années[9],[10], imposant dans tous ces lieux, techno et house[3]. Dans les années 1990, il anime « Paradise Garage », une émission tous les jeudis sur Radio Nova[10]. En janvier 1992, Libération et le label Fnac Music Dance Division organise une rave à La Défense : Laurent Garnier est l'un des DJ présents, devant un public de 4 000 personnes[11]. Il a contribué à changer l'image de la techno et de la house, qui est plus que du simple bruit, notamment auprès du public français, grâce à sa présence sur MaXXimum, Radio Nova, Fun Radio ou Radio FG.
Après avoir créé son labelF Communications avec Éric Morand[12], il sort en 1994 son premier album, vendu alors à plus de 70 000 exemplaires, puis un second trois ans plus tard, aux sonorités variées et plus éloignées de la techno[3]. Il produit, en 1995, Ludovic Navarre St Germain et l'album Boulevard. Laurent Garnier devient le premier gagnant des Victoires de la musique dans la catégorie Musique électronique ou Dance, ainsi baptisée à l'époque en février 1998[3].
Un nouvel album sort en février 2000, puis un quatrième « un peu particulier » en 2007, puis un aux sonorités jazzy et variées deux ans après[3]. En 2009, il entame une tournée mondiale qui présente son nouvel album Tales Of A Kleptomaniac. Le , il conclut sa tournée Tales Of A Kleptomaniac avec un concert à la Salle Pleyel ; il s'agit du premier concert de musique électronique dans cet antre de la musique classique[3].
Points marquants de sa carrière
Le , il clôt la première Techno Parade place de la Nation avec un set retransmis sur M6.
Afin selon lui de promouvoir la diversité musicale, il propose sa radio sur le Web : Pedro's Broadcasting Basement, où se côtoient des styles musicaux différents[13].
Son ouvrage Électrochoc paru en 2003 est consacré à la scène électronique. Scène qu'il a vue éclore à la fin des années 1980 et dont il fut l'un des acteurs durant la décennie 90. Avec comme ambition de faire connaître le mouvement auprès du public durant ces années-là, il sillonnera l'Europe, le monde, les clubs et les rave parties (dont il a connu l'avènement puis la disparition). L'ouvrage se vend rapidement après sa sortie à 10 000 exemplaires[6].
Son label F Communications a suspendu ses activités en 2008. Il se met cette même année à tourner en tant que DJ.
En 2010, il tourne un film / fiction (dont il compose aussi la BO) tiré de son livre Électrochoc où le personnage principal s'avère être un DJ.
Entretemps, il participe au Festival des Nuits Sonores de Lyon avec un mix de quatre heures sous son nouveau projet live LBS (Live Booth Sessions), trio composé de Laurent Garnier, Benjamin Rippert et Stéphane Dri alias Scan X (les trois initiales formant également l'acronyme LBS).
Pour l'année de la Russie en France, il compose la musique du ballet Suivront mille ans de calme, créé par Angelin Preljocaj en collaboration avec les danseurs du théâtre du Bolchoï.
Depuis le , Laurent Garnier est de retour avec une émission de radio It is what it is, coproduction des Radios francophones publiques. Cette émission est diffusée en France sur la radio Mouv' chaque samedi de 20 à 21 h, elle est également reprise en Belgique sur Pure FM, en Suisse sur Couleur 3 ainsi qu'au Mali sur la chaîne 2, programme de l’ORTM à destination des jeunes basé à Bamako. L'émission It is what it is du a clos la saison 5 radiophoniques. Après deux ans d'absence, une sixième saison de six épisodes de l'émission It is what it is a débuté sur la webradio Radio Meuh en tous les premiers dimanches du mois (18 h) et s'est clos en . La saison 7 devait reprendre à la rentrée 2016 toujours sur Radio Meuh.
En , Laurent Garnier entame la 6e édition de radio It is what it is sur Radio Meuh (webradio). Ce même mois de novembre sort l'album d'Abd al MalikScarification en collaboration avec Laurent Garnier[15].
Le , il est fait chevalier de la Légion d'honneur et devient ainsi le premier DJ à recevoir cette décoration[16],[17].
En , Laurent Garnier s'engage publiquement dans la lutte contre le sida, aux côtés de l'association Solidarité Sida[19].
En 2020, pour célébrer les 25 ans du label F Communications, cinq vagues d'éditions limitées de morceaux remasterisés paraissent tout au long de l'année. Avec notamment Laurent Garnier, Scan X, Mr Oizo et St Germain[20].
↑ a et bJean-Paul Deniaud et Smaël Bouaici, « 30 ans de house en France : l'histoire jamais racontée », Trax, no 198, décembre 2016-janvier 2017, p. 54-63 (ISSN1284-862X)
↑Florianne Segalowitch, « Limiñanas/Laurent Garnier, l’association la plus décoiffante de la rentrée », Les Inrockuptibles, (lire en ligne, consulté le ).